Libye :
Gilf el-Kebir
Soudan :
Sélima -
Île d'Abri -
Old Dongola -
Djebel Barkal -
4ème Cataracte -
Khartoum
Ethiopie :
Gondar
lac Tana
Lalibela
Pays Afar
lac Hashengue
Addis-Abeba
Harar
lac Ziway
Key Afer
Omo River
Kenya :
Samburu NP -
Massaï Marra -
Mombasa
jeudi 27 novembre
Je suis de mauvaise humeur. Marylène qui a vécu la même nuit est toute gaîte. Je ne sais pas ce qu'il faudrait pour l'abattre
!
Direction de
Key Afer où il y a un grand marché. Rendez-vous des ethnies du coin.
Dans cette région de nombreuses ethnies vivent en marge de la civilisation.
Nomades ou semi nomades. Hamers, Banas, Karos, etc.... Ils ont des langages propres mais se comprennent entre eux. Beaucoup ont
des Kalachnikov qu'ils échangent aux rebelles du Sud Soudan voisin contre du bétail.
Déjà, le long de la piste, on voit des hommes et des femmes étonnants, jupes en peau de chèvre ou de vache, torse nu,
colliers...
⏯️
⏯️
On sent une recherche de l'esthétique : cheveux enduits de beurre et de terre, colliers de verroterie, le torse barré d'une
large écharpe faite de coquillages, cheveux rasés avec des dessins géométriques pour les hommes et de des tresses pour les
femmes. Bracelets et boucles d'oreilles, scarifications sur le torse.
On a du mal à reconnaître les ethnies, mais Shoah n'hésite pas une seconde ! (sa mère est du coin).
Normalement il faut donner un birr pour la photo, mais plusieurs femmes isolées sont tellement surprises qu'elle ne demande rien
très effrayées par leur image dans l'écran ! Petit cadeau quand même (savonnettes, bonbons...)
Les outils sont quasi préhistoriques.
Le marché de
Key Afer est incroyable. Toutes ces ethnies sont là pour faire leur business, assis le long de
la rue, ou sur la place. Forte animation. Ça circule. On ne fait pas vraiment attention à nous.
Normalement il faudrait donner quelque chose pour les photos mais ils sont trop occupés à discuter, à faire des transactions. Je
filme sans problème. Des hommes magnifiques couverts de bijoux bleus, rouges. Grandes boucles d'oreilles. Les femmes sont
incroyables.
C'est indescriptible, et il faut le voir pour le croire. Un autre monde, une autre planète.
On quitte
Key Afer direction
Jinka. Tout au long de la piste, toujours ces
hommes et ces femmes, avec leurs troupeaux, leurs charges... Je rêve.
A
Jinka (environ 45 km), on retrouve la civilisation. Un village coquet avec Banque, garage,
camping, hôtels, restaurants...
On n'y va (au restau) viande grillée, pain. On est quatre voitures, les autres ont préféré piqueniquer et, Christian en profite
pour faire redresser sa barre de direction.
On part en direction du
parc Mago, point d'accès obligatoire pour visiter les Mursis. Piste très défoncée, malgré le
passage de la niveleuse au début. Végétation luxuriante, grands arbres. Entrée dans le parc (payante) car des militaires sont
là. On va se poser dans un camp site près de la
rivière Neri, affluent de l'
Omo.
⏯️
⏯️
Quelques-uns se baignent (dont moi), l'eau est marron comme d'hab, mais elle coule bien. Un peu d'appréhension au
début, car on ne sait rien des crocos : ceux de l'
Omo River juste à côté sont des carnassiers
réputés ... C'est génial car il fait très très chaud.
Le camp est gardé par des hommes en armes. On sympathise et l'un d'eux se découvre dans le moniteur du caméscope ...
Petit tour dans le parc pour voir des animaux, singes, genre d'antilope à long cou et à petite tête, oiseaux. En fait pas
grand-chose, mais belle ambiance savane au soleil couchant. On se fait bouffer par des mouches genre taons (Tsé Tsé ?) ...
Repas. Dodo. Demain on décolle à sept heures pour aller chez les Mursis (le matin, ils reçoivent les touristes et les birrs, à
midi ils se saoulent et le soir ils s'entretuent !).
vendredi 28 novembre
40 km de pistes défoncées étroites pour aller au
village Mursi. On met deux heures. Les Mursis : hallucinant. Les femmes ont un plateau (labret)
qui peut atteindre 15 cm de diamètre dans la lèvre inférieure. Certains ethnologues pensent qu'au départ c'était pour décourager
les razzias des esclavagistes. Maintenant seules les femmes de haute se caste ont le droit de les porter. Pour ma part je trouve
ça très laid, surtout quand elles ne portent pas le plateau,
leur lèvre pend mollement avec un gros trou. Comme elles s'arrachent deux incisives d'en bas pour éviter le frottement, le
résultat est assez terrific !
Les hommes sont couverts de scarifications et dessins géométriques blancs...
À notre arrivée, tout ce monde nous saute dessus en criant, en nous agrippant. Ils veulent nous vendre des objets (bijoux,
labrets en argile) et se faire prendre en photo contre monnaie trébuchante.
⏯️
⏯️
Impressionnant ! On ne reste pas longtemps, c'est hyper stressant. quatre heures de piste très mauvaise pour une demi-heure sur
place...
Enfin je les ai vus, ils existent vraiment.
En fait, Shoah nous explique que ce village étant le plus près d'
Adis, les agences y amènent les
touristes...
Pas fous les Mursis, mais avec l'argent récolté (on paie 30 birrs par voiture à l'entrée du village) ils achètent de la bière et
saoulent ... Merci à la civilisation...
Il y a d'autres villages Mursis plus loin, à 80 km environ, beaucoup plus sympas... Mais on n'a pas le temps...
Proverbe africain : tous les Européens ont une montre, mais ils n'ont jamais le temps !
Retour avec beaux plantages dans la boue. Les voitures sont recouvertes d'une super couche de latérite. piqueniques au camp site
et on part par une jolie petite piste au sud. Technique. Étroite. Les voitures sont toutes rayées.
On rentre dans le
pays des Karos, hommes : longs, minces, colliers de perles, bracelets de
cuivre autour des poignets et des biceps, femmes : jupe en peau, colliers, torse nu, cheveux passés à la terre rouge, un clou de
7 dans la lèvre inférieure.
Mon caméscope déconne. Tout ce que j'ai filmé dernièrement est raté. J'en pleurerais.
À l'est, au bord de
l'Omo à l'heure du bivouac, on décide de camper dans le coin. Shoah n'est pas chaud, on est trop
près du village. Il ne connaît personne dans le coin. Certains ont déjà tout déballé, donc on reste.
Des Karos (des hommes) viennent nous voir, superbe, avec Kalachnikov. Grosses discussions, ils veulent tous nous garder. On
laisse Shoah palabrer et finalement on en garde deux qu'il faudra payer 30 birrs demain.
L'un d'eux est grands et beau il s'appelle Badgé. Ils mangent avec nous (les trois Lands) et avalent tout ce qu'on lui donne,
des petits pois en passant par la compote etc. ... Sympa, bonne ambiance.
Un peu surréaliste avec ces gars en pagnes, torse nu, plein de bijoux et Kalachnikov (avec chargeurs pleins ...) qui se régalent
de nos conserves.
⏯️
⏯️
samedi 29 novembre
énorme orage cette nuit. Comme le bivouac est installé dans une cuvette en terre, ce matin c'est un bourbier.
On marche avec trois kilos de boue collée aux sandales. Toutes les affaires sont dégueulasses. Nous, on est sur le bord de la
cuvette, ça va, les voitures d'en bas son tankées. Ça zippe : plaques, cordes.
Des Karos du village voisin (probablement Korcho) sont là, peints en blanc, coiffe en plume, bijoux.
Badgé déjeune à la table de Christian et Marylène. Apparemment il aime les tartines ! Puthod, comme d'hab se lève en dernier.
Tout le monde s'extirpe de la boue pendant son petit déj' : il ne bouge pas un œil. Quand tout est fini, il s'aperçoit qu'il n'a
plus de batterie et réclame un Toy avec câbles pour démarrer : personne n'a très envie de retourner dans ce merdier.
⏯️
⏯️
La piste est un chantier. Gros passages de boue. Ça glisse. Les voitures partent dans tous les sens. Comme dans du beurre.
Puis piste un peu plus sèche. Très beau. Paysage de savane. Immenses termitières en forme de tronc, pachypodium en fleurs de la
taille d'arbrisseaux. Super ambiance.
Le but est d'aller voir les Galas, autre ethnie vers l'
Omo.
Super panneau sur l'
Omo, le long de la piste avec crocos et singes.
Arrivés au village de Kelem, cafouillages. Shoah nous gare dans la cour des flics.
Puthod, qui est à l'arrière depuis
Arba Minch et l'arrivée de Shoah prend conscience tardivement qu'il est chez les flics : horreur
! On va perdre 10 minutes. Il s'enfui sans réfléchir, et la plupart des collègues repartent ventre à terre sans s'inquiéter de
Pascal et Shoah en discussion avec les flics.
Ceux-ci se fâchent et veulent embarquer Shoah. Je sors comme un diable de ma boîte, fonce sur le flic qui a l'air d'un chef et
je prends avec énergie la défense de Shoah. Mon anglais est devenu fluent tout d'un coup. Tout s'arrange.
Il voulait voir nos passeports et n'ont pas apprécié le démarrage qui ressemblait à une fuite des voitures. Jacques propose de
laisser son passeport en gage et d'aller chercher les fuyards.
Belle engueulade avec ceux qui se sont barrés sans s'inquiéter de ceux qui restent... Puthod se fait traiter d'autruche qui met
la tête dans le sable pour ne pas voir les flics ... Au lieu de 10 minutes, on a perdu 2 heures et risqué le pire.
Finalement ça nous a refroidis, on ne va pas voir les Galas. On repart à l'Est vers
Turmi où il y a normalement un marché. En fait pas de marché. (Puthod se trompe, le beau marché
est à
Dimeka)
Belles pistes enfin roulantes. Toujours des gens superbes au bord de la route. Grosses averses. Les plaines ne se transforment
en lac.
Bivouac dans un coin sableux (pas de boue SVP) au pied d'une petite montagne. Un énorme orage dès 18 h 30.
Il fait chaud, on est enfermé dans la voiture en attendant que la pluie cesse. Impossible de préparer le repas et surtout je
voudrais bien laver les deux blocs de terre que j'ai à la place des pieds depuis ce matin.
Finalement je sors sous la pluie, me lave les pieds, me change, attrape un bout de pain, une boîte de maquereaux et une boîte de
fruits au sirop qu'on mange assis dans la voiture. Et dodo dans la voiture.
dimanche 30 novembre
Réveil au sec. Ouf ! Entouré de
Tsamaï (l'ethnie du coin). Hommes, femmes, enfants, colliers, coquillages, perles multicolores,
peau de chèvre autour des hanches... Et odeurs, odeurs.
⏯️
⏯️
Ils sont très proches de nous (les trois Lands encore !) Pendant le petit déjeuner. Marylène a des haut-le-cœur. Ça sent très
très fort...
Jacques fait des photos et essaie de négocier en offrant un échantillon de crème parfumée à une jeune fille qui a un sursaut de
dégoût en sentant l'odeur du produit ! Le choc des cultures !
Pendant plus d'une heure, on entend « OK Shuba » shuba étant vraisemblablement la bouteille en plastique dans le patois
local.
Départ pour
Konso, petites huttes pointues, belle lumière sur les montagnes et la vallée et la rivière.
J'achète des jouets aux gamins au bord de la route.
Les trois Lands traînent. On en profite pour payer Shoah avant d'arriver à
Konso. C'est plus discret. Un cadeau pour lui, stylos, blocs, T-shirt. Il nous promet d'aller
faire une formation de guider l'école à côté d'
Adis-Abeba avec l'argent qu'il a gagné...
Petite courses à
Konso. Adieux à Shoah. Puthod reprend la tête de la caravane et se trompe de piste pour
Yavello. demi-tour, 100 km de trop.
Le temps est couvert. Drôles de ruches, dans les arbres. Beaucoup de termitières. Femmes colorées. Gasoil pour certains à
Yavello. Jacques hésite, n'en prend pas, et regrette aussitôt !
On roule en direction de la frontière du
Kenya. Jacques roule en tête, se fait refuser 2 bivouacs à cause de l'heure précoce, passe
derrière, et on roule de nuit.
Bivouac pluvieux, averses, on mange dehors entre deux averses. Discussions avec le groupe sur le programme du lendemain. Monstre
engueulade avec tout le groupe quand Pascal remet sur le tapis l'histoire des flics avant-hier.
Jackie s'effondre en pleurs. Ça se calme mais Tony est un gros con. On dort dans la voiture.
lundi 1 décembre
Lever à l'aube. Humide. La frontière est à une centaine de kilomètres. Ambiance bretonne. On ne se croirait pas si près de
l'équateur. Brume, humidité, crachin.
Passage de la frontière simple et rapide à
Moyale.