Tour du Ténéré - Automne 2002 - Kaouar - 5 / 6
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Agadem
 
dimanche 3 novembre
On remonte un peu au Nord, et on visite le fort d'Agadem. L'eau n'est qu'à quelques dizaines de cm. La montagne est belle, et la plaine ressemble à une sebkra. On remonte lentement vers le Nord et on trouve 1 ou 2 familles installées vers un puits.
le bivouac d'Agadem la falaise est aménagée plaine Ouest
le fort Français d'Agadem
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le bédouin en détresse, selon Saint-Christian
Beaucoup de méfiance réciproque, mais le commerce reprend le dessus. Les femmes nous sortent quelques pacotilles.
On sort du massif d'Agadem et on se trouve en plein sable, assez roulant au début.

Puis les choses se gâtent, et en contournant de grandes cuvettes, Warta se plante, et Pascal en tentant de l'aider tombe en panne. Voyant le spectacle, j'ai évité ce trou et j'attends en haut de la dune en surveillant le fond du trou aux jumelles. Warta sort le premier, mais Pascal ne bouge pas et lève le capot. Je redescends à contre cœur. Le Land tourne très bien au ralenti mais cale dès la moindre accélération.
Raymond découvre qu'une Durit d'air du turbo se comprime dès la montée en régime. Démontage fébrile. Cette Durit est gainée de l'intérieur, et la gaine s'est décollée. Grosse discussion. On arrache la gaine, on la jette, on remonte le tout, et Pascal repart du premier coup. Le garage en France le consolera (?) en lui disant que la panne est connue...

Arrivée à Dibella. C'est l'heure du piquenique. Warta nous trouve une très belle ombre et on s'installe. Christian, très ému, nous dit qu'il a l'impression d'avoir vu à l'entrée de l'oasis un type seul qui le regardait éperdument. Il est sûr qu'il s'agit d'un naufragé qui a besoin de secours, et il fait campagne pour monter une expé. Je ne mords pas à cet hameçon et le laisse faire.

Pascal qui est moins insensible accepte, et les 2 Lands partent en sauvetage. Ils reviennent avec le sourire : en suivant les traces jusqu'à l'endroit fatidique, ils ont sauté la dune, et sont tombé quasiment dans le puits, entouré d'une caravane de 100 bêtes, dont les chameliers prenaient leurs ablutions. Surprise des 2 bords, rigolades, et recul immédiat à cause des chameaux qui ne riaient pas du tout. Ce sauvetage a été longuement commenté.
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le sauveur des bédouins les palmiers Doums de Dibella
Repas sous les palmiers doums, avec des noix de palme fraîchement tombées partout. Balades à pied pendant la sieste. Au départ, on discute d'un tas de poubelles fraîches qui ont manifestement été posées là par des européens immondes. On ramasse tout dans un grand sac que Warta range dans son auto.

Pour sortir de l'oasis, il faut escalader une dune au nord-est. On découvre dans la montée qui se fait plein pot, plusieurs caravanes montantes et descendante. Le spectacle est extraordinaire, on s'arrête en pleine pente pour ne pas effrayer les bêtes et faire des photos. C'est le début d'un chapelet quasi ininterrompu de caravanes de 20 à 50 bêtes, dont la plupart descendent au Sud. Ibrahim remonte les traces par simplification. C'est magnifique, il y en a dans toutes les situations.

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Elles sont distantes de la durée qu'il faut pour abreuver à chaque puits. Les caméscopes et appareils photos ne savent plus où donner du chameau. La lumière se réchauffe de plus en plus, et le spectacle devient grandiose. À l'heure de la halte, nos guides avisent un petit massif noir qui émerge de cet océan de dunes : Ehi Hourta. Le coin est étroit, mais splendide, et j'assiste au coucher de l'astre depuis le sommet de ce frêle esquif.
retour des courses à la superette Ehi Hourta en vue bivouac intime bel instant sur mon frèle esquif
Horreur, je vois d'en haut Araly qui creuse le sable et cache le sac poubelle de Dibella...

lundi 4 novembre
Départ tranquille. Les caravanes sont toujours là. On en découvre même une en fin de bivouac depuis le sommet d'une dune. Re-splendide. Arrivée à Zoo Baba. Tout le monde s'est préparé pour cette rencontre, car nous avons des amis dans cette oasis depuis notre dernier passage en 2001.
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L'instit de Zoo Baba dans sa classe
Séquence émotion lors de la visite de l'école. L'instit et sa femme sont toujours là, et toujours sympas. Séances photos et distribution de cadeaux.

Les filles acceptent toutes le marché cadeau contre photo. En fin de séance, il ne reste pas grand choix dans les habits que nous distribuons. Martine sort un anorak de sa mère en goretex d'un look extra à Zoo Baba.
Choupette de Zoo Baba Choupette de Zoo Baba Choupette de Zoo Baba Choupette de Zoo Baba
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La fille est ravie, mais toutes les précédentes reviennent furieuses car elles voulaient justement celui-là. Pas si simple !
Dès la sortie de l'oasis, on rentre un moment dans les cailloux, et on trouve des milliers de chameaux avec des chameliers et des chargements multicolores : c'est la saison du ravitaillement, et tout le Kaouar s'anime pour acheter les provisions.

Vers Zoo Karémi, on s'arrête pour voir ce défilé ininterrompu. J'ai un genou en terre pour photographier lorsqu'un chamelier passe avec un
les caravanes de Zoo Karémi les caravanes de Zoo Karémi les caravanes de Zoo Karémi
large sourire pendant qu'un coup de vent lui vole son chapeau pour me le donner. Je lui rends son bien et il me paie en sourire.
Il faut bien finir par sortir du massif car on ne peut pas y suivre les traces de caravanes. On rentre alors dans de grandes plaines de fech-fech où il faut bien lâcher les moteurs si on veut pouvoir s'échapper. Folles séquences de panaches blancs.

piquenique à midi en zone de montagne. Warta veut téléphoner à Raïcha, et je me la joue avec mon téléphone satellite sous mon grand chapeau Peul.

Bilma
 
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Arrivée à Bilma. Formalités. Warta me demande de l'accompagner chez les militaires. Salamalecs de tradition. Quand on s'est tous demandé des nouvelles de tous les neveux de nos arrières grand oncles, on entame le sujet. Lentement s'il vous plait. Après une demi-heure de discussion, Warta me demande de payer 5'000 CFA, ce que je fais sans problème.

La détente est immédiate, et les militaires me proposent de goûter le ragoût qu'il prépare. Je trempe un bout de pain dans la sauce et m'émerveille publiquement. La satisfaction est communicative, et je quitte nos hôtes dans la bonne humeur. Warta est gêné, car nous sommes partis sans reçu, et il est clair que nous venons de participer à un des rackets les plus célèbre du Sahara.

Je le console en lui disant que j'ai quand même eu un bout de pain mouillé de sauce, et que nous n'avons qu'à considérer que nous avons pris le menu à 5'000. Après tout, grâce à lui ça ne fait que 1.27€ par voitures et ce n'est pas trop grave, sauf que je dois régurgiter 5/6ème de mon menu pour les autres.

Départ à fond la caisse dans les rues de Bilma, et je me retrouve seul avec Christian, abandonné par les autres. Comme je sais qu'ils doivent passer par les salines de Kellala, j'y vais et tombe sur des contre-jours de soleil couchant hallucinants.

Il y a foule, mais pas nos copains. On remonte "en ville", et on se retrouve. Warta propose le bivouac à l'écart, et part plein Ouest, mais en zigzag pour tromper les Russes. Bivouac calme en lisière du Ténéré.
la caravane au bivouac de Kellala

 
mardi 5 novembre
la caravane au départ de Kellala
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Petit déj. au lever du soleil, interrompu par l'arrivée des caravanes qui partent pour le Ténéré. Je monte sur la dune en courant, et bouffe toute mes piles dans ce spectacle inoubliable. Nous sommes à distance, et pas un bruit n'accompagne ce glissement de milliers de chameaux entre les dunes.

On revient aux salines de Kellala pour une visite de détail. On voit entre autres une gamine de 12 13 ans qui nous présente avec une réelle fierté son travail de la saison, quelques dizaines de moules de sel, et qui se remet au travail aussitôt. Elle est sans doute l'esclave de quelque négociant, mais totalement soumise. Son beau visage reflète un mélange de lassitude et d'obstination à fendre le cœur.
Kellala, le centre de production la jolie esclave le futur filou en v'la un qui en a dans l'bonet ambiance caravane
bassins d'évaporation bassin d'évaporation stockage de sel pour ceux qui logent sur la mine
Départ pour Dirkou. Christian prend dans sa benne 3 stoppeurs ravis : des boubous blanc bleu rose volent au vent, et les Lands se photographient de profil.

Arrêt piquenique à Dirkou, devant la base militaire. Warta s'est mis en colère contre la "feuille de route" qu'ils essayent de lui vendre. Il a la sienne d'Agadez, et n'a pas besoin de celle de Dirkou pour voyager dans son propre pays, d'ailleurs voilà ce qu'il en fait de la feuille de Dirkou : il la déchire et la jette en plein vent en disant qu'elle aille se perdre dans le Ténéré.

Warta nous abandonne le temps de faire les "papiers" en ville chez quelqu'un d'autre.

Au milieu du casse-croûte, le planton de la base vient nous chasser. Nous sommes dans la zone de protection de la base, et si l'ennemi survient, nous serons en danger. On lui répond qu'on va faire attention aux ennemis, et qu'on dégagera sitôt le piquenique terminé. Il rentre en traînant les pieds.

Il revient peu après, et nous supplie de partir, car sinon, son chef le punira lui. On lui répond que notre guide est parti et qu'on n'ose pas bouger sans lui de peur de se perdre, et qu'on n'a pas d'autre rendez-vous... Il nous récite son couplet jusqu'à la fin du repas, nous le nôtre et on dégage. Nous ne sommes pas les bienvenus en pays Toubou avec nos guides Touaregs contestataires.
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sauterelles sèchées
Warta revient sur ces entrefaites, et nous dit que tout est arrangé. On rentre en ville pour ravitailler en gasoil chez le célèbre Jérôme. Pas de pompe, tout est en fût. Négociation âpre, finalisée par le thé de l'amitié (?).

Il n'y a qu'une pompe électrique, la mienne, et je fais donc 5 voitures pendant que 2 autres utilisent des pompeurs manuels en embuscade. Scandale au moment du départ, car le prix des pompeurs n'a pas été négocié avant, et maintenant c'est exorbitant. Départ houleux sous les injures... Ah quand une vache à lait ne donne pas son lait, elle ne vaut plus grand-chose.

Courses au marché. Fruits légumes et... œufs que je ramène fièrement devant Christian dont le plaisir est immense de m'avoir convaincu, lui qui achète des œufs sur ces marchés depuis qu'il est tout petit.
Marché de Dirkou le triomphe de Christian Marché de Dirkou
Taxi brousse
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Passage aux mares d'Arigui, belle étendue d'eau d'un hectare au milieu des palmiers et au pied du Kaouar. J'ai demandé à visiter Aney et Ibrahim nous engage dans une piste sablonneuse et encombrée de végétation.

On débouche d'un seul coup en plein village, et 200 gamins nous assaillent. La caravane se repositionne en tournant autour d'un monticule, et les gamins nous pourchassent en file indienne à cause des obstacles. Arrêt. Assaut général, mais dans la bonne humeur. Notre arrivée leur apporte plus qu'un bon western. Mais tout le monde ne participe pas de la même manière, et je voyais une gamine distante qui guignait de loin ce spectacle en souriant.
l'accueil d'Aney mamelon troglodyte vue d'en haut la pauvre gamine qui sera punie dans 5 minutes
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Son père surgit, et la tabasse de la plus vilaine façon. Elle part en hurlant, elle n'avait sans doute pas droit à ce spectacle impur... Ibrahim retrouve un de ses potes, et ils échangent longuement des souvenirs qui ressemblent à ceux de nos services militaires.

On s'extirpe difficilement de cette folie. et on se choisit un bivouac à l'écart. Warta lâche le volant, Araly lui tend le fauteuil, il s'allonge pendant que les 2 autres s'affairent. Ah, la douce condition de chef...


mercredi 6 novembre
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Arrivée sur Séguédine Salines de Séguédine
On s'est écarté un peu du massif, et on circule sans horizon en lisière du Ténéré. Le Pic Zoumri se profile de très loin, indiquant la proximité de Séguédine.

La ville apparaît dans une cuvette, vaste oasis au pied de la montagne. Visite des salines. qui semblent en moins bon état que celles de Kellala. Les gosses ne nous lâchent plus, mais conservent un peu de retenue. Traversée sur Chirfa.

Salines de Séguédine bivouac à 30km de Chirfa Réparation
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haute couture au Sahara
Le terrain est encombré d'affleurements rocheux qui nous obligent à de nombreux détours. Un peu de bois pétrifié. On croise 2 voitures de touristes, et une fille complètement allumée nous tient le discours sur les Touaregs et leur culture, sans se rendre compte qu'elle est chez les Toubous. Bivouac avant Chirfa. On se dissimule dans les rochers pour ne pas être en vue de l'armée qui surveille le coin.

Les fauteuils s'installent, mais pas pour Araly qui doit encore réparer une crevaison. Tous les occidentaux sont sidérés lorsqu'il sort une grosse aiguille et du fil, pour recoudre sa chambre à air. Nos Touaregs sont hilares et fiers de nous apprendre que c'est possible, et même bien plus solide !

jeudi 7 novembre
Arrivée à Chirfa marché de Chirfa tiens, Martine, tu me donnerais l'échelle ? Arche
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Arrivée à Chirfa. Visite à l'armée, Warta y laisse sans doute quelques plumes, mais n'en parle pas. J'ai le sentiment qu'il est perturbé par ma réflexion faite à Bilma sur le "menu à 5'000", et préfère assumer. La ville de Chirfa se présente comme celle de Séguédine, Oasis dans une cuvette au pied de la montagne.

C'est un carrefour important car les pistes de Madama, de Zouar de Djanet et de Bilma s'y croisent. Nous avions fui cette cité en 2000 avec la paranoïa de Puthod, mais tout est paisible, surtout accompagnés.

Visite du vieux fort colonial en ruine mais avec de beaux restes. Le Marché aux touristes s'improvise rapidement, une trentaine de vendeuses s'installent en rond avec leurs produits devant elles. Ambiance très sympa.

Visite à l'arche de Paolo. Il m'avait passé le point GPS de cette arche, qu'il tenait lui-même d'un notaire Lyonnais, lors de notre passage en 2000. J'ai demandé à Warta d'y passer car avec Puthod, il n'en était pas question. Ils se sont renseignés à Chirfa car ils n'avaient pas l'air de connaître. Évidement je n'avais pas le nom local.

Tout se passe bien, on y arrive facilement. Bel endroit. À la fin de la visite, Warta nous réunit discrètement et nous explique qu'une agression vient de se produire sur la piste de Chirfa à Djanet, et que nous ne pourrons pas visiter Er Roui et le Dissalak comme le programme le prévoyait.

Consternation, et début d'inquiétude pour le retour, car c'est par cette piste que nous devions rentrer. Les gens de Chirfa semblent bien connaître la bande qui a fait le coup et son lieu de retraite, et ce sont sûrement des potes du célèbre Youssouf qui nous a braqué en 2000.

Djado
 
Djado Djado Djado Araly dans Djado
Visite de Djado très paisible. Nous croisons un groupe de Français du 3ème âge, piloté par Michel Zalio, voyagiste et écrivain, que nous avons rencontré au salon du livre de montagne au Fayet quelques mois auparavant. Il présentait son beau livre Bivouac Africain. Nous nous reconnaissons. Il est accompagné par l'agence Adrar Madet.

Nous essayons de parler de l'agression, mais ils disent ne rien savoir, et écartent leurs (vieux) clients rapidement.
Djaba Djaba Djaba Djaba et au fond Ouarek
Djaba, cité hantée Djaba un brin de tendresse dans un monde un peu brut
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Visite calme et approfondie de Djaba, puis de Ouarek. Les FARS ont disparu. Visite de la petite arche, puis de la source d'Orida. Warta nous trouve un bivouac dans la plaine au-delà.
Arche entre Ouarek et Orida les 2 Orida, ancien camp des FARS
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Arche entre Ouarek et Orida les 2 Orida, ancien camp des FARS

vendredi 8 novembre
le bivouac Warta devant la au Sud-Ouest d'Orida
Arrivée à la Cathédrale, point extrême autorisé cette année. Ça sent la fin de voyage, et des prémices de nostalgie apparaissent. Il fait trop chaud, et mes projets de grande balade à pied fondent comme neige au soleil. Le retour est inéluctable et commence ici.

On repasse par Orida où Marylène fait un sérieux malaise. J'escalade quand même la belle montagne au dessus de la source. On repasse à Chirfa. Warta achète de grands colliers de dattes sèches, car dit-il, ce sont les meilleures du Sahara.
Cgristian grimpe aux murs Orida vu d'en haut un peu de ménage à Orida mise en scène de Ouarek
Warta nous conseille de redescendre à Agadez pour rentrer par In Guezzam et Tamanrasset. Nous choisissons le Ténéré en hors-piste jusqu'à Djanet, pensant que les bandits ne sont pas restés sur le lieu de leur méfait.

On souhaite faire ce parcours d'une seule traite et à vive allure. On vise donc le col des Chandeliers pour un dernier bivouac avec nos guides et amis.

La discussion se crispe sur les tarifs. Warta réclame une rallonge pour le retour, je suis obligé de lui ressortir nos faxes et de lui rappeler que le voyage vient d'être écourté, sans changement de prix. Je n'ai aucune marge de manœuvre car Yves et ses supporters sont absolument opposés à toute rallonge, trouvant déjà que ce voyage n'a pas tenu ses promesses, que c'était trop lent, que leurs Touaregs ne savent que faire la sieste etc...

Je compenserai le lendemain matin, à titre personnel et sous forme de pourboire, ce que j'ai refusé la veille. Tension dans l'équipe.
vers Orida Ibrahim Col des Chandeliers, la séparation
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