vendredi 11 octobre.
Départ vers huit heures, direction Temet. Sable sans difficulté, toujours plat. Arrêt à la
pointe Berliet, aussi impressionnante qu'un œuf sur le plat ! Arrêt plus loin pour chiner les
cailloux : belles pointes de flèches et jolis bifaces en jaspe vert. Peu avant l'Adrar Bous,
belle poterie presque intacte. piquenique dans l'Adrar bous, dans une zone de grands acacias,
avec de belles ombres.
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Temet
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Arrivée dans la passe de Temet vers 15h 30. Jacques Christian Pascal et Yves partent faire
l'ascension de la grande dune Nord. Emotion, car Yves sort d'une intervention sur les coronaires après un léger problème, et
tout le monde lui déconseille cet effort sous cette chaleur.
Il insiste. Je reste à l'ombre avec les autres. On essaie de cacher le bivouac un peu plus loin dans la passe. Les
quatrequatreux du groupe se défient sur les dunes alentour. Ciel étoilé après les passages nuageux de l'après-midi.
samedi 12 octobre
Debout 6 h 20 comme d'habitude. Lever du soleil, belles lumières. Départ de Temet dans le but de
trouver la piste indiquée par Warta pour rejoindre Iférouane. Je pars plein Ouest contre le
Gréboun, pensant d'après la vue d'en haut des dunes que le corridor se prolongeait au Sud.
Les traces (maigres) nous conduisent dans un premier oued superbe dans les falaises et se terminent en cul-de-sac dans un canyon
vers le puits de Tchi-n-Acheroua. On recule et Christian découvre l'absence du bouchon de
réservoir d'eau. Difficile cette fois de parler de vol. Il nous explique que le matin, pour tirer de l'eau, il ouvre ce bouchon
pour faciliter l'écoulement. Il jure ses grands dieux qu'il pense tout le temps à le refermer avant de partir. Il fait de même
pour le gasoil...
On fait systématiquement toutes les passes, en vain. Impossible de continuer. Comme le temps passe, et que le rendez-vous est
pour ce soir à Iférouane, on décide de faire le grand tour par le nord vers
Tin-Galène: 270 km ! Piste repérée sur la carte IGN de 40 ans mais difficile à trouver.
Elles se perd souvent. La piste indiquée par Warta part de Temet au Sud-Est
DANS LE SABLE, et contourne la grande dune Sud PAR L'EST avant de rejoindre les cailloux, Je
l'apprendrai de Warta le lendemain.
C'est galère. Je pars à fond les ballons car on est en retard. Yves vient me dire que ça va trop vite, et qu'on devrait ménager
les voitures. J'essaie simplement de minimiser le temps de fréquentation de la zone de
Tin Galène que Warta nous a déconseillée. piquenique pour calmer le jeu. On lâche quelques
traces au Sud, puis elles deviennent trop tentantes, et je fini par en prendre une en dehors de mon projet.
On se retrouve dans un dédale magnifique, mais angoissant pour l'ouvreur, car nous sommes hors-pistes sans horizon dans des
vallées rocheuses sans traces... Après 40km d'errances et quelques acrobaties, je retrouve mon tracé sur la vielle piste IGN,
mais elle est très peu fréquentée. Je la perds plusieurs fois. Elle se forme enfin, mais à partir de là, elle fonce sur
Arlit.
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Stop. Un petit coup d'OziExplorer, et nous revoilà hors trace, plein Est, dans un oued montant, avec une crête devant nous.
Raymond crève et toute la caravane s'arrête. Inquiet sur la suite et le timing, je saute la crête en solo et redescends de
l'autre côté à la recherche de l'ancienne piste. Il me faut plusieurs kilomètres pour tomber sur une trace minable, mais bien
orientée.
À défaut de mieux, on s'en contentera. Je remonte chercher les autres qui commencent à se demander si on va y arriver. À 7h du
soir, on est à 40km d'Iférouane, plus de visibilité, plus de traces non plus. On bivouaque.
Impossible de trouver des traces la nuit. C'est fâcheux car Warta nous attend et va s'inquiéter. Je suis perturbé par ce
contre-temps. Je ne peux pas téléphoner, car il doit être à Iférouane sans moyen de le
contacter.
dimanche 13 octobre.
Iférouane
Départ pour Iférouane. Beaux paysages de montagne, rochers ronds, herbes vert fluo. La piste
s'étoffe un peu, toujours dans la bonne direction. Je reprends du poil de la bête. Petit campement avec des ânes et une famille
avec la mère et cinq enfants. C'est notre première rencontre depuis Djanet, à 700km. Photos.
Iférouane, très beau village en terre ocre, belle architecture, portes bleues. Très propre. On
arrive avant midi et on laisse nos passeports au poste de police. Plein de gamins cadeaux cadeaux, mais très sympas. Un gars
nous emmène au camping où nous attend Warta. Grande joie de se revoir.
Grand bonheur, il n'était pas inquiet étant lui-même malade (fièvre). Nous faisons connaissance d'Araly, l'assistant infatigable
de Warta. Le camping est aussi un jardin, avec une irrigation par pompe. On peut se baigner dans un bassin étroit mais
délicieux. L'eau est fraîche, le gars très sympa. bien. Repas sous les arbres du camping. Thé à la menthe. On va voir les
artisans qui nous attendent de pied ferme. Achats en euros.
On arrondit. Petits cadeaux. Un gamin me suit toujours, très cool. Vers 17h, bière fraîche à l'hôtel Telit. Puis gasoil dans un entrepôt. Remplissage à la pompe manuelle dans un bidon de 20l. et transvasé dans les réservoirs !
Bonjour les dégâts ! Puis on fait de l'eau à l'hôtel. Nuée de gamins : c'est l'émeute quand je retourne l'écran du caméscope et
qu'ils se voient !
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Des gars essayent toujours de nous vendre des souvenirs. Jacques achète une grande croix
d'Agadez, plus un couteau cadeau. Les 2 partenaires sont ravis de leur affaire !
Retour au camping. Une chèvre cuite sur le la broche accompagnée d'un couscous. Les tables sont installées. Malheureusement, la
chèvre ne plait pas à tout le monde, Michèle trouve dommage de tuer ces pauvres petites bêtes, et Raymond et Yves ne la trouve
pas assez cuite. C'est le premier flop de Warta ?
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Christian, surexcité, a trouvé cet après-midi un chasse-touriste qui lui propose de monter une soirée dansante rien que pour
nous. Quelle aubaine ! Rien ne peut le décourager, ni la méfiance de Warta, ni celle des autres. Il a besoin de notre accord
pour répartir les frais. On part donc dans le village pour des chants et des danses Touaregs.
Étonnant mais il fait très sombre et il y a beaucoup de poussière. Les hommes dansent et les femmes chantent accompagnées par le
tam-tam. Musique répétitive et un peu lancinante, mais très prenante.
Retour au camping. On dort sur le toit de la voiture. Nuit quasiment blanche. Moustiques, chèvres, ânes et match de foot dans le
quartier jusqu'à minuit !
lundi 14 octobre
Petit déjeuner. Les hommes se re-baignent dans le bassin d'irrigation. Départ. Warta et Araly, le jeune chauffeur, chargent 3
Touaregs qu'ils déposent dans la pampa vers Tadéïda dans l'oued Tadek. Très beaux paysages. Montagne, sable, puits et gravures rupestres à Tazerzeït.
3 femmes et leurs gamins nous proposent des bijoux. Elles vivent dans un dénuement complet. Leurs hommes partent plusieurs
jours. J'achète un petit collier en verroterie. Et je donne trois petits vêtements pour les enfants. Elles sont ravies. On fait
le coup de l'écran du caméscope. Beaucoup de succès.
Adrar Chiriet
piquenique sous un grand acacia à proximité de l'Adrar Chiriet. Warta et Araly restent dans leur
coin (tapis et matelas pour la sieste). Mais on a quand même droit au thé. Il y a plein de fourmis blanches chiantes. L'ombre
est royale mais quelques-uns s'ennuient et se racontent des histoires de Chamonix.
Yves vient me voir car il trouve qu'on perd du temps. Il a déjà vécu ça dans un voyage à
Tamanrasset et ne veux pas recommencer. Difficile de trouver la vitesse qui lui convient, hier
trop vite, aujourd'hui trop lent, je laisse pisser...
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On part en direction de Chiriet.
Christian a une grosse fuite de gasoil. Araly prend une douche au gasoil pour réparer. C'est son nouveau montage de réservoir
additionnel qui amorce un siphon, met son réservoir principal en charge jusqu'à péter la Durit de la goulotte. Il écoute cette
explication, mais incrédule il croit plutôt à quelque chose de surnaturel, plus en accord avec le décor.
Contournement de Chiriet par le sud-est. Belles dunes, petit cordon où Warta plante le Toy, à sa
plus grande honte. Manœuvre, plaques, tout le monde se déchaîne. Dans l'effort, je me prends une bonne rasade de pot
d'échappement qui me transforme en charbonnier : je quitte mes sandales pour trouver 2 traces de lanières blanches ...
Bivouac à Inifaye, en lisière Nord-Est de Chiriet. Je me serais
bien introduit dans le massif par les wadis que l'on voit s'enfoncer, mais Warta qui sort de son plantage refuse tout net.
3 grillons avaient pris pension dans nos affaires, sous les acacias d'Iférouane. Ils se
réveillent la nuit tombée pour un concert improvisé. Après une chasse mémorable, on en retrouve dans les sacs de vêtements, et
même dans la pharmacie.
Araly nous fait du pain frais pour le petit déj du lendemain.
mardi 15 octobre
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Direction les montagnes bleues. Tas de gros blocs de marbre blanc veiné de bleu. Je trouve 2
pierres qui ont dû être taillées.
Retour dans nos traces par Chiriet. On passe au puits de
Tchin Adegdeg asséché. Warta a des potes partout et ne manque pas une occasion d'échanger les
nouvelles. Direction du puits de Farès. Il y a de l'eau à 5m. On piquenique sous les acacias.
Grande toilette au puits avec douche dans l'abreuvoir. Je coupe les cheveux de Jacques sous l'œil effaré de Marylène qui compare
avec son apprentissage de coiffeuse !
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Balades superbes dans Ilakane. La trace sinue entre des dunes, des rochers et de petits acacias.
C'est magnifique. On longe l'embouchure de la vallée du Zagado. Arrivée à
Isaouane pour le bivouac, entouré de dunes. Christian décide de s'exercer à la conduite de son
nouveau Defender 130 dans les dunes, car il est néophyte sur Land.
Il s'encastre sur un sif pour 1/2h. En fait, ce soir-là il a plutôt appris le maniement de la pelle à sable que celui du Land...
Champagne de Raymond bien frais.
Arakao
mercredi 16 octobre
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Direction Arakao surnommé « la Pince de Crabe ». J'ai souhaité
visiter la partie Nord de la pince, que je ne connais pas, et Warta hésite pour le passage. Pascal le rejoint en tête, pendant
que Christian a des problèmes métaphysiques avec la boîte de transfert : il a besoin d'une révision sur la théorie des courtes
avant d'aborder la prochaine dune, car d'après ce qu'il dit, son Toy n'était pas comme ça (?).
Traversée de 2 cordons, puis arrivée à la partie nord de la Pince de Crabe. On visite le fond de
la pince, puisque j'ai dans mon GPS le point extrême de la visite de la partie Sud en 2000, mais ça ne raccorde pas, et de
beaucoup : la dune est immense et belle. Warta nous explique que c'est un départ de rando chamelières dans le massif du
Takolokouzet.
Léger retour arrière pour franchir assez facilement tout le pâté de dunes pour aller du côté sud. Araly conduit le Toy de Warta
: ça fume noir et la boîte de vitesses fait des siennes. Quelques plantages. piquenique à l'ombre. Tous les midis on a le thé.
Bonne ambiance. Calme.
Pas de stress. On a le temps. Ça change d'autres voyages où j'avais l'impression qu'on courrait après la montre. Le ciel se
voile, comme hier, il fait un peu moins chaud. Après-midi, arrivée aux gorges d'Agamgam, petit
canyon aux parois verticales. Cul-de-sac. (pas vrai !) Retour vers l'Arakao.
Belle lumière. On monte sur les hauteurs dans le sable à l'entrée de la pince. Jacques monte au sommet d'une grande dune au
coucher du soleil. 1er essai de son nouvel appareil photo numérique, retour avec 200 photos ... Christian et Pascal montent sur
une autre. On domine la vallée de la pince sud de l'Arakao. Acacias, montagnes noires mouchetées
ou zébrées de sable.
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Dans l'après-midi on a roulé dans de grandes étendues de sable bordées de montagnes noires. Très beau contraste. Parfois,
petites montagnes coniques noires et ocres magnifiques.
Warta nous trouve un somptueux bivouac en position dominante sur le cordon de la pince, au bord d'un entonnoir en lumière
rasante. La vue est splendide sur le Sud. Il fait bon : on dort dehors. Vers 2h 30, branlebas de combat, un fort vent se lève.
Je plie bagages, range le bivouac et me réfugie dans la voiture. Jacques fait de même, en descendant de son perchoir.
jeudi 17 octobre
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Ce matin, j'ai sommeil, très sommeil. Départ comme d'habitude vers 8h 15. On roule tranquille sur de grandes étendues ondulées.
Acacias et montagnes à l'horizon. Le soleil fait des spots à travers les nuages.
Panne de voiture pour Warta et Araly. L'embrayage a lâché. Araly essaye de réparer en vain. J'en profite pour m'allonger à
l'ombre de la voiture.
Yves commence à s'impatienter, il m'explique que "ces gars-là ont toujours du matériel pourri..." Je suis content pour lui, car
ça prouve qu'il a oublié sa panne de Mercédès d'il y a 4 ans et qu'on a flingué l'itinéraire pour le ramener au goudron ... Mais
en même temps, on sent bien qu'il n'apprécie pas ce type de voyage où on n'est pas chaque minute en train de faire gicler la
poussière. Michèle, depuis le début, est aussi joviale que 6 croque-morts en pleine cérémonie.
On repart au ralenti : Warta roule en seconde, sans s'arrêter. C'est un peu lénifiant. Puis on s'arrête. Warta monte dans la
voiture de Pascal : il a vu des véhicules dans le sable. Pas nous. On suit Araly. Warta et Pascal reviennent avec la pièce de
rechange. C'était deux Italiens avec des guides d'Agadez. Le système d'entraide et de
débrouillardise fait qu'à midi Araly a réparé la voiture pendant le casse-croûte, ce qui ne l'a pas empêché de nous servir le
thé !
Ce matin on est allé dans les gorges de Kogo. J'ai trouvé les aiguilles de porc-épic. Pendant le
piquenique, mécanique. Des gars sont venus discuter avec Warta. Je ne m'habitue pas à l'allure fière de ses Touaregs. Même très
pauvre, ils sont toujours magnifiques. Des gamins arrivent au moment où on quitte le piquenique, tous en bleu. Arrêt à
l'épicerie de Zagado. Petite paillote, produit divers, Christian s'achète un pantalon Touareg,
Michel une tunique et Araly, de la semoule pour le pain. C'est SuperZag, la supérette locale.
Le crayon de Martine a séché là !
On remonte l'oued Zagado. Une petite herbe fine et verte ondule au vent avec des reflets
d'argent à contrejour. Vers Anou Samed, on tombe sur un magasin de souvenirs qui vend toute la
pacotille habituelle : c'est le coup de fouet de la civilisation qui nous tombe dessus.
Heureusement, le sourire des vendeuses fait des ravages. Achats de petits objets en pierre tendre. Même Papé négocie. Les filles
sortent à la lumière de fin d'après-midi pour la qualité des photos. En face, un puits et son jardin sont animés par le chameau
qui tire le délou. Belle ambiance de soleil couchant.
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On remonte ensuite sur Tchintouloust, joli village en pisé avec portes et volets en bleu assez
clair. Les Lands sont à la traîne et je dois renifler les traces pour raccorder. Les Toys ne font pas de photos (quel rapport
avec la marque ?), et préfèrent les rétroviseurs clairs...
Christian adopte sa posture favorite de poids mort insensible aux difficultés du pistage. Recherche du bivouac dans des sortes
d'enclos naturels très bien décorés par la végétation. Warta nous installe dans une chambre bien belle et bien isolée, sorte de
bocage de l'Aïr.
Assodé
vendredi 18 octobre
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On arrive aux Ruines d'Assodé. Vaste champ de plusieurs hectares de cailloux rouges dans un
décor d'apocalypse. Tout est détruit. On devine des rues, et sur 500 ruines, il reste un seul fronton encore debout. Warta
s'installe sur un monticule pour nous faire un peu d'histoire. Le roi d'Assodé maria sa fille
vers l'an 1 600.
Il souhaita le faire avec un faste particulier et eu l'idée d'un sacrifice humain. Dieu n'a pas aimé et pour le punir, fit
mourir tous les convives. L'endroit devint maudit. Les occidentaux en mal de rationalité ont remplacé Dieu par la peste. Mais
une chose est sûre, il n'y a plus ici l'ombre d'un habitant.
On avance de 10km pour voir le puits d'Assodé. 2 belles Targuias sont à la corvée d'eau. Photos.
Les sourires s'élargissent de part et d'autre, mais on ne sait pas si c'est le plaisir des stars ou si elle ne se moquent pas un
peu de ces vers blancs en short si maladroits avec le délou. Warta et Araly qui parlent la langue nous disent qu'elles cherchent
des maris, car tous les hommes sont partis. Alors les vers blancs se déchaînent pour montrer qui leur force, qui leur
intelligence en tirant le délou.
Tout le monde a du succès, ça doit être une vraie pénurie ! 1 femme plus âgée se sent délaissée et disserte sur la jeunesse
perdue, et la concurrence de ces jeunes trop belles... Je m'approche avec le pèloto et lui fait partager les délices de la prise
de vue. Elle retrouve instantanément les mêmes mimiques (universelles ?) de la fille flattée. Belle tranche de vie.
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convergence des caravaniers avant la grande traversée
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On repart. Très beau décor de montagne devant nous avec les 2 cornes orientales des
monts Adeket que l'on remarque à des km.
On croise une caravane en partance pour le sel de Bilma. Les bottes de foin sont magnifiques, on
les croirait faites à la pince à épiler. Warta échange les nouvelles.
On bifurque vers Kripkrip sur le versant Nord du Bagzane. Les
oasis deviennent plus florissantes, la piste est encombrée d'arbustes feuillus qui martyrisent nos antennes VHF. On tombe dans
un oued de sable bien bien mou et la cavalerie hurle sous l'effort : pas de pitié pour ceux qui sont pris, personne ne veut
s'arrêter. On se regroupe sur une sorte de moraine à la fin de l'oued, et le paysage luxuriant jusque-là devient subitement
lunaire.
Le temps d'une photo (ou deux...) et nous voilà largués par nos collègues Toys dont les rétros ont dû se dérégler dans la
"forêt" de
Kripkrip. La piste est en cailloux et on rate facilement l'embranchement sur la
guelta de Timia. Un peu plus haut, au moment de traverser le filet d'eau, j'en déduit que
personne n'est passé là récemment (bravo Sherlok) et que nous sommes en avant. Retour donc, et on finit par voir la voiture de
Raymond qui repartait nous chercher.
Timia
Arrivé à la guelta de Timia. Le coin est bien aménagé. La première cuvette est vaste et ronde.
Quel plaisir de voir tant d'eau en plein désert. Yves est déjà dans l'eau. On le rattrape et on traverse le premier bassin.
L'eau est sombre, mais évidemment très agréable. On rejoint un escarpement rocheux qu'il faut escalader en glissant, puis on
remonte un petit tobogan taillé dans le granit et poli par l'écoulement continu.
On arrive alors dans une vasque profonde et plus intime, taillée en conque dans la paroi. La cascade est là, tombant de 30m. Au
vu du granit poli qui nous entoure, on se dit que l'orage doit être dantesque dans ce coin, et que certains jours il doit y
avoir beaucoup d'eau. Des ados nous montrent les sauts de 10m. qu'ils font dans ce trou, sans toucher le fond. OK nous voilà en
train d'escalader pieds nus cette patinoire de granit verticale : le seul risque est de ne pas choisir le moment du plongeon,
mais c'est sans conséquences. Et au bout d'un moment, ça calme. Retour en douceur, planche réparatrice dans la grande vasque.
Séchage. Petit commerce avec des gamines qui vendent des souvenirs.
On repart, et en peu de temps on accède à la cuvette de Timia, tout en altitude. Tout est
splendide, le soleil couchant en rajoute. Le fort Massu surveille toute la cuvette.
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Warta nous installe chez un copain, dans un Jardin d'éden où tout pousse : Oranges, pamplemousses, vigne. On s'installe en rang
d'oignon dans une allée sous les arbres, on regroupe les tables, et on attaque l'apéro. Un gars nous montre un four à pain
rustique, et nous propose d'en cuire pour nous. OK, ça va améliorer le petit déj.
La juxtaposition des tables met en évidence la disparité alimentaire de chacun. Yves, dont la cuisinière est fatiguée, mange une
petite boite, Raymond s'adonne aux pâtes natures sans sel, alors que d'autres s'empiffrent avec des bocaux, du fromage et des
fruits...
La nuit sera plus agitée : Chaque arbre produit ses fruits, mais ajoute une dose égale de moustiques, c'est donc calfeutré à
l'intérieur qu'il faut chercher le sommeil, et ce n'est pas évident par ces températures.
samedi 19 octobre
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Petit déj. d'enfer ! Le message est passé, une armée de vendeurs s'est aligné à la sortie des jardins. Nous allons les voir par
politesse, car il est difficile d'acheter plusieurs fois par jour les mêmes bibelots surchargés et souvent bâclés qu'on nous
propose. Ils sont patients et philosophes, ce qui réduit bien notre peine, et la leur. On prend les voitures pour aller au
village. On passe à côté de plusieurs puits cimentés et fermés, équipés d'une roue de char à manivelle. Tous sont uniformes,
mêmes dimensions, mêmes agencements, peints en jaune et vert.
Visite du village, Warta, pas fou, nous propose de garder les voitures, et nous abandonne aux mains des chasse-touriste. On
atterrit rapidement vers le chef du village qu'il faut saluer, et qui seul peut nous autoriser à visiter son village. Christian
et Marylène ont amené cahiers, stylos etc. que le vieux engouffre prestement. Warta nous expliquera plus tard que c'est un vieux
con, imposteur et despote, et qu'on n'aurait pas dû... Pourquoi n'a-t-il dit cela qu'après et non pas avant ? Parce qu'on ne lui
a pas demandé !
Une flopée de jeunes, tous avec la même tenue bleu clair des Touareg, débarquent de plusieurs 4x4. On nous explique qu'ils sont
guides stagiaires dans une école d'Agadez, et destiné à l'accueil des touristes dans les
nombreuses agences.
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Le chef du village nous assigne comme guide celui qui nous a amené à lui (quel bol !) et la visite commence. Évidemment nous
sommes indisciplinés, et le guide a du mal à surveiller son troupeau. Les ruelles sont intimes, les chèvres en ville ont
toujours le même succès, le boucher attire mille mouches pour 1 client.
Une belle qui guignait sans doute à travers sa porte, sort et fait des mines. Elle rouspète par tradition tant qu'il n'y a qu'un
photographe, puis surveille son meilleur profil lorsqu'il y en a plusieurs. Elle est maquillée en orange et bleu marine, avec le
même air que ses con sœurs des magazines féminins d'Europe qui s'aspergent de jus de carotte et se couvrent de rondelles de
concombres, renseignées par une copine qui s'y connaît en recettes de beauté FOR-MI-DABLES!
Notre chasse touriste regroupe son troupeau, et nous offre le thé à son domicile pour que nous découvrions l'art de vivre local.
On tombe en pleine réunion Tupperware avec 15 nanas et autant de nourrissons. Mais la faconde Africaine reprend le dessus, et la
visite est sympa.
En sortant, on tombe sur un nouveau-né caché dans une peau très souple (agneau ?) que la mère porte à l'épaule comme une
européenne le fait pour son sac à main. Les femmes du groupe fondent littéralement devant cette riche idée à mi-chemin entre la
poche kangourou et la femme mondaine.
Au retour, notre chasse-touriste nous emmène dans l'atelier qui lui garantit sa ristourne, et nous découvrons une forge et des
croix d'Agadez par milliers, à tous les stades de fabrication, des gazelles en argent, des fennecs en or (non, en argent, je
déconne...).
Retour aux jardins, où on approfondit la visite. Le jeune en place nous commente son travail, nous parle de son mentor qui lui a
appris l'art de la greffe, ses stages en Algérie. On lui achète des pamplemousses et des oranges, qu'il faut bien marchander un
peu pour la coutume.
Ils gardent au fond d'un enclos, 2 ou 3 gazelles pour je ne sais quelle occasion. En repartant, on visite le centre artisanal,
où plusieurs jeunes fabriquent et vendent sur place quelques objets un peu en dehors du catalogue habituel. Nous choisissons
chacun une tortue en pierre, puis pour que le compte soit bon, une supplémentaire pour 2.
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On quitte la ville par le Nord-Est. On perd rapidement Raymond, qu'on retrouve en ville. Tiens ! le rétro de Christian lui
raconte des histoires... À 25km, on part en hors-piste, pour rejoindre le Bagzane par un chemin
que Warta découvre. Beau décor de montagne dans lequel les vallées s'infiltrent en gardant tout le suspens des passages de l'une
à l'autre. Évidemment, la lumière de 17h nous met terriblement en retard, un puits et son arbre immense à contre-jour nous
happent, et on se retrouve seul dans les gorges d'un oued sauvage.
Quelles émotions ! On rattrape les autres avec peine, et paf ! c'est juste à ce moment-là que surgit une caravane immense. Tout
est à refaire. On photographie toutes les pattes de chaque chameau en marche, et après plusieurs km, c'est la tête de caravane
qui s'arrête pour la nuit. C'en est trop, on ne sait plus où donner de la tête, on va mourir fou ! Les caravaniers se rejoignent
ici pour la traversée du Ténéré, et nous participons à leur joie de se rencontrer. Heureusement
le crépuscule nous délivre, on range les appareils, on détend les zygomatiques, et on rejoint les nôtres pour un bivouac bien
mérité.