samedi 9 novembre
Séparation très émouvante. Ce voyage nous a beaucoup rapproché de Warta, et fait connaitre Araly dont nous souhaitons tous
l'amitié. Ils expriment l'inquiétude de ce retour en solitaire au cours duquel la panne est toujours mortelle : Ils passeront
par la piste de
Fachi pour mettre plus de chance de leur côté.
Ils s'inquiètent aussi pour nous car téléphone satellite et GPS ne protègent pas des bandits. Ils partent les premiers, plein
Sud, et nous peu après, plein Ouest.
Les 30 premiers km sont en caillasses désagréables, et se font au ralenti dans un chemin obligatoire : quel bel endroit pour une
embuscade !
Dès la liberté retrouvée, j'entame un vaste contour Sud. J'ai la piste dans mon GPS et je m'en écarte de 30km pour échapper, je
l'espère, à toute surveillance. La tension est palpable, j'ai demandé à tous de garder le contact, de rouler assez vite et de ne
pas s'arrêter : tout le monde suit à la lettre.
Par chance, le vent de sable s'installe, et rapidement la visibilité descend à moins d'un km : conditions idéales. Tout se passe
bien. La vitesse est bonne et les 600km seront fait dans la journée. On repousse le piquenique jusqu'à l'arrivée en
Algérie, et on se cache encore derrière une gara pour ce temps de repos.
Arrivée à
Djanet en fin d'après-midi, sans histoires. On s'installe à l'
hôtel des zéribas.
Tout
Djanet vibre encore de cette fameuse agression. Les 2 personnes, un homme et une femme sont
encore hospitalisés ici. Les rumeurs les plus folles circulent. 1 véhicule seul piqueniquait sur la piste
Djanet -
Chirfa, à hauteur du
Dissalak.
Les bandits ont débarqué, volé tout le contenu de la voiture, tabassé le gars qui se défendait et violé la fille...
Nous sommes installés à côté d'un couple de Suisses âgés qui voyagent en solitaires. C'est leur 17ème voyage à
Agadez. Nous échangeons nos impressions.
Lorsque nous racontons l'épisode de
Timia, la femme réagit et nous dit qu'elle espère que nous
ne nous sommes pas baignés dans la
guelta de Timia, car elle a fait elle-même des analyses
récentes de cette eau, et qu'elle est contaminée par la bilharziose.
Stupeur dans l'équipe, et aussitôt les premiers malades se déclarent, avant même de connaitre les symptômes.
⏯️
dimanche 10 novembre
Après quelques formalités agréables à
Djanet, on remonte en direction d'
Illizi.
Notre projet prévoyait de "faire des dunes" dans
Issaouane,
Tifernine et/ou
Bourarhet. Yves ne se joignait à nous que pour
ça, et nous avions admis que s'il n'était pas convenable de faire ces dunes avec des voitures en pleine charge à l'aller, nous
les ferions au retour.
Le Land de Christian commence à tousser, et on constate rapidement qu'il y a du sable dans son réservoir principal. C'est le
prix de ses pertes de bouchons successives...
Bivouac juste avant
Illizi. La discussion se tend. Je n'ai pas très envie d'aller mécaniquer
dans un erg, et l'ambiance du groupe n'est globalement plus au top, car même si les 3 Lands sont au nirvana, les Toys sont
nettement moins bien. Michèle est empêtrée dans une dépression, Yves n'a pas apprécié le rythme trop lent et la présence
continue des Touaregs, Raymond suit ce voyage avec l'enthousiasme d'un bagage, et peu de choses ne l'interesse.
Il n'a rien oublié de sa friction avec Marylène. Même le Papé, qui voyage seul, commence à s'ennuyer. Je suggère de réparer le
Land à
Illizi avant tout autre projet.
⏯️
lundi 11 novembre.
On passe la matinée chez un garagiste de fortune. Il démonte tout avec précaution, vidange soigneusement le réservoir, mais la
pompe est atteinte, et il n'a pas de rechange.
Au remontage, il inverse les circuits aller et retour, ce qui envoie sans doute une bonne rassade de sable en direction du
moteur. Ça marche moins bien après remontage. Deuxième nettoyage. On obtient un fonctionnement proche de celui d'avant la
"réparation" J'ai compris. Je décide pour moi en tout cas, de rester sur le goudron, et d'accompagner Christian. Les autres
peuvent décider de la suite, mais sans moi.
Nous sommes en plein ramadan, et à l'heure de midi, la réparation est loin d'être finie. Nous demandons au garagiste la
permission de nous installer discrètement alentour pour manger un peu. Aussitôt il accepte et fait intervenir sa femme qui nous
sert une collation en pleine rue, sans y toucher eux-mêmes, montrant bien que tolérance et hospitalité ne sont pas de vains mots
chez les vrais musulmans.
Yves partirait volontiers dans le sable, mais avec Pascal. Pascal ne veut pas lâcher les Lands. Tout se complique. Le soir
arrive, on choisit un bivouac sur le début de la piste de la
Kanfoussa pour discuter. On en
profite pour se perdre un peu, ce qui ne manque pas de détériorer encore un peu l'ambiance. Bivouac triste.
mardi 12 novembre
Dès le matin, je démarre pour
In Aménas. Tout le monde suit, à défaut de mieux. On passe devant
Bourarhet et la discussion reprend entre Pascal et Yves.
Par VHF, on décide de s'arrêter pour discuter, c'est presque l'heure du piquenique. On s'installe dans un cloaque de résidus
pétroliers. Yves convainc Pascal d'aller faire un tour dans
Bourarhet, et au moment de se
séparer, tout le monde repart au Nord. L'ambiance est vraiment pourrie. Les Toys n'arrivent pas à partir seuls.
L'après-midi se passe dans un vent de sable d'enfer, on suffoque dans la voiture, toutes vitres closes. Puis à 100 km d'
Hassi Bel Gebbour, un froid glacial nous tombe dessus.
Vers
Tinfouye, je mets le chauffage dans le Land ! Il fait nuit lorsque je cherche le bivouac
dans les grandes dunes juste au Nord-Ouest d'
Hassi Bel Gebbour : j'ai pourtant le point d'un
bivouac sûr, mais pas le point de départ depuis la route et je me bâche.
Nous voilà coincés par le sable, mais en vue de la route. Je n'ose pas faire déménager tout le monde. On manœuvre tant bien que
mal pour se planquer. Michèle a déjà tout déballé quand je viens lui dire qu'il faut pousser sa voiture qui reste en vue de la
route : je me fais envoyer chier...
Je reformule la même demande à Yves qui en comprend sans doute mieux la raison, et il obtempère. Je sens à ce moment-là que
quelque chose de définitif vient de s'installer entre Michèle et moi. Elle m'en veut d'avoir obtenu d'Yves ce qu'elle vient de
me refuser. ça devient subtil.
Le voyage est vraiment fini : tous ces gens ont besoin de reprendre leur indépendance au plus tôt (et moi le premier, sans
doute) : il faut abréger. Et je l'ai bien compris.
mercredi 13 novembre
Passage à
Hassi Messaoud, On n'est même pas capables de choisir le restau. On bouffe à la
sauvette et on continue. Bivouac à la nuit tombée après
Nefta, au Nord de la route, dans les
barrières anti sable.
jeudi 14 novembre
Tunis, Refus total des Daudin de l'inénarrable
Hôtel Amilcar. On
s'installe à l'
Hôtel de la Jetée, à la
Goulette. Pas de bateau
avant 3 jours. On attend dans une ambiance d'enfer...
dimanche 17 novembre
Pascal voit sa main enfler à vue d'œil. Il a été piqué par une drôle de guêpe et la plaie prend une vilaine tournure. Il en
discute sur le port avec les copains Corses d'Yves.
L'un d'eux est médecin et lui conseille de faire quelque chose rapidement. Martine discute avec des Suisses qui circulent seuls
dans un superbe Defender laqué noir. Embarquement.
lundi 18 novembre.
Arrivée à
Marseille vers 17h. Séparation sans effusion, on rentre dans la nuit à
Villard.
Et je suis bien content de laisser tomber ma veste de gentil organisateur.
Aucune photo prise après celle du
Tassili N-Adjer, quel triste signe pour la fin d'un si beau
voyage.