Maroc :
Haut Atlas -
Anti Atlas -
Plage Blanche -
Tarfaya -
Dakhla
Mauritanie :
Banc d'Arguin -
Amatlich -
Terjit -
Chinguetti -
Oued Khatt -
Matmata -
Passe de Nega
Mali
:
Kayes -
Gouina -
Kita -
Bamako -
Djénné -
Bandiagara -
Douentza -
Tombouctou -
Hombori
Burkina :
Fada-N'Gourma
Togo
dimanche 13 novembre
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Départ de l'
'hôtel TimBuktu où Pascal nous a rejoint. Un peu tristounet notre Pascal d'avoir mis
sa belle à l'avion. En plus il n'a pas dormi à cause de la tonitruante fête de la bière tenue à l'hôtel. (dit-il ...)
Direction
Ségou (la reconnaissance vocale a dit "ses goûts", pas mal non ?). Goudron sur 200 km.
Rien à signaler.
Tentative de visite de
Ségoukoro. (vieux village de Ségou) où l'on s'est fait sauter dessus par
un soi-disant guide. Le piège à touristes. On est allé jusqu'au fleuve et on est reparti en courant. Il voulait qu'on paie le
parking. Grosse désillusion.
Jusque-là, le voyage s'est déroulé dans des parties vierges, et le retour vers les zones d'un tourisme de masse est cruel, et
c'est double dose pour Pascal.
En fait le "Petit Futé" nous avait prévenu : il faut se présenter au chef du village avant de visiter ! (histoire de glaner
quelques CFA de plus !)
Piquenique avant le retour goudron. Arrivée à
Ségou. Jolie ville en banco rouge. Beaucoup de
demeures style colonial. Avec parcs délabrés.
Poteries de
Ségou. Très belles. On achète une assiette faite sur place. Un fou local prend
Pascal en amitié et ne le lâche plus. La transition est de plus en plus dure pour lui. Karine échangée contre un rustre débile :
insupportable !
Encore 200 km environ en direction de
Djénné par le goudron. Bivouac après
San. dans une plaine mi sable, mi poussière dans une zone où de nombreuses charrettes circulent
entre les cultures. Plusieurs visites, plusieurs cadeaux.
lundi 14 novembre
⏯️
Djénné : bac pour traverser le
banni avec le vendeur de
babioles. Gamins et femmes. Beaucoup de bijoux Peuls, dont les célèbres boucles d'oreilles en volutes. J'achète un collier et 2
petites voitures, 2 "paniers musicaux". Et pas mal de touristes pour la première fois.
Pendant la queue pour le bac, comme on n'a plus Puthod sur le dos, on engage un guide pour avoir la paix sur place : Massoud le
magnifique. Pas de problème pour les photos.
Massoud nous aide à nous garer en pleine ville (agréable) et on entame le tour de la cité en bonne et due forme. Commentaire
intéressant sur les maisons en banco, architecture intéressante. Sa présence nous évite le harcèlement.
Visite chez la potière, et évidement il connaît un point de vue splendide sur la ville d'où les photos seront magnifiques, et on
se retrouve (pur hasard, évidement...) à la coopérative des femmes, et évidement (quelle chance on a ...) Martine achète 2
bogolans.
Place de la
mosquée de Djénné, on en fait le tour, et somme pris dans une folle ambiance. Nous
sommes le jour du grand marché et il est très grand, beau, très vivant et très coloré. Grand moment sur ce marché.
On finit au petit marché des femmes, qu'il n'aurait pas fallu manquer. Exténués, on finit en terrasse, avec des boissons
fraîches. La ville est vraiment sale de chez sale. Décharge au bord du fleuve, égout au milieu des ruelles, dur dur.
Retour au bac, Massoud nous harcèle un peu pour la visite de
Mopti demain, il a un pote qui a
une pirogue ... Jacques achète un chapeau Peul, et on reprend le goudron pour
Mopti.
Bivouac à 10km avant
Sévaré, légèrement abrité de petits arbustes, mais finalement très calme.
mardi 15 novembre
⏯️
Mopti. On se dirige vers le port. Parking dans une cour genre entrepôt où un gars nous dit qu'il
n'y a pas de problème. On est garé à 50m du Port : un monde fou ! Pinasses pour les marchandises, superbes, pirogues pour les
touristes ou les piétons, superbes.
Marché au raz de l'eau. Grouillant de monde et de vie, mais d'une saleté inimaginable ! Les gens sont tous occupés, et ne
s'intéressent pas à nous. L'eau est pleine de détritus de toutes sortes, les gens vivent dedans, font leurs besoins, leur
toilette et leur vaisselle. Incroyable...
On négocie une pirogue pour 3 personnes (20 places !), ce qui nous prend un certain temps, puis on part pour deux heures de
balade. Comme on a un peu trop négocié, on est au ralenti car le gars économise le gasoil !
On rencontre un pêcheur astucieux : il n'a sans doute pas les sous pour une pirogue, et peine à remonter son filet depuis le
bord. Il installe son fils et un vélo à la renverse pour enrouler la corde sur sa roue arrière !
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La vue est magnifique, et on surprend souvent les gens qui vivent au bord du fleuve dans leur vie naturelle. Le piroguier
s'enchorbatte dans un filet, et le pécheur ne manque pas de le féliciter vigoureusement dans sa langue maternelle.
On a supprimé du parcours les inévitables arrêts chez les Touaregs (de Mopti bien sûr), et la visite à terre des monuments, qui
ne sont d'ailleurs que des attrape touristes. Comme le gars perdait sa com sur les articles que nous aurions achetés, il a tenté
d'augmenter les prix !
Confluent du
Niger et du
Banni. On retourne aux voitures. La
nôtre est bloquée par un camion et des peaux de vaches sanguinolentes en train de sécher par terre. C'est l'Afrique.
piquenique à la sortie de
Mopti dans un champ semi cultivé, sous une ombre mesquine.
Village de
Bandiagara. On est assaillis de chasse touristes, tous prêts à nous aider. On tente
de faire du change. L'arnaque est à fleur de peau. Aucun de nos assistants n'a de liquide, on discute le taux du CFA comme des
malades, et finalement tout se passe (et se décide) chez l'épicier. Un peu truand les gars.
On s'engage alors sur la piste de
Bankass, petite, mais très bien entretenue, très agréable, et
sans fréquentation. Au moment de descendre la falaise, un goudron-béton protège toutes les pentes. Beaux lacets, très belle
ambiance.
On arrive au pied à
Kani-Kombolé. Tout le monde veut faire guide, personne ne veut nous
renseigner. Très belle scène sous de grands arbres qui protègent de leurs ombres quelques marchandes colorées. On quitte la
route de
Bankass, et on aborde le sable avec appréhension : dégonflé, sans problèmes.
Le spectacle commence de suite. Nous sommes en lumières de fin d'après-midi, et tout est splendide. Je craignais cette zone
touristique soi-disant saturée, et nous nous trouvons là absolument seuls. La piste n'est qu'une petite trace qu'on peut perdre
facilement, tout est intact, pas de constructions parasites. C'est un enchantement.
Le crépuscule nous surprend à hauteur d'
Inndanou, alors qu'on escalade un promontoire de sable.
On se trouve un bivouac contre la falaise, avec vue imprenable sur la plaine. Splendide, et bien à l'écart.
Nous sommes au bord d'un chemin qui franchit la falaise et assistons à un cortège de femmes qui passent dans la prairie pour
rejoindre leur village d'en haut. Je surveille leur va et viens avec mes super jumelles, pendant que Pascal se retranche dans un
mutisme sombre, car ce bivouac le prive de réseau, et il va devoir passer 12h sans nouvelles de Karine. Insurmontable !
mercredi 16 novembre
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Petit déjeuner royal. La vue est splendide. Départ tranquille.
On folâtre en hors-piste le long de la falaise, dans un sable rouge orange, couvert d'un léger duvet de verdure récente,
profitant du relief qui entoure la descente de
Dourou.
Paysages grandioses, falaise brique. Il y a de nombreux baobabs, dont le tronc est strié par les prélèvements d'écorces pour en
récupérer la fibre.
Sable ocre. Lumière splendide le matin. Gens sympas. Pas de touristes à part deux ou trois marcheurs. Village Dogon : à voir !
Même après les nombreux reportages, c'est beau et étrange. Il y en a plus d'une vingtaine le long de la falaise (120 km).
On choisit au hasard
Tireli pour une visite du village et de sa falaise. On trouve facilement un
guide. On commence par sa case, très petite, qu'il aménage lentement en auberge rustique. Il nous présente sa pile de
cochonneries dont même un brocanteur ne saurait que faire (il y a sans doute eu quelques passages avant nous).
J'ai négocié avec lui une montée jusqu'aux derniers tombeaux au sommet de la falaise, et on grimpe lentement avec les
explications et les interdictions que leur dictent leurs esprits. Un peu étrange.
Le village semble absolument désert, ni touristes, ni habitants. Le sentier devient carrément raide et surtout le soleil tape à
donf ! Plein de photos partout. Martine cale à 20 mètres du haut de la falaise. Limite du malaise à cause de la chaleur. Je
monte aux tombeaux, et Pascal monte sur le plateau.
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On reprend la route toujours aussi intéressante, chaque kilomètre vaut la peine !
piquenique à l'ombre avec une dizaine de gamins assis sagement sur un talus à nous regarder.
À partir de
Banani, la densité des village diminue, et le paysage change. Très beau passages
vers
Bamba et
Koudianga, puis la trace devient plus lisse et
très roulante, la falaise existe toujours mais est moins présente, et on termine par une petite rampe en béton pour franchir le
résidus de falaise à
Orotaka.
La passe est encombrée de charrettes surchargées de bois, tirées par des bœufs bien fatigués. Il faut les aider à franchir les
marches d'escalier.
Sortie à
Douentza. Il se fait tard, je courre pour chercher le bivouac avant la nuit. Pascal est
pendu au téléphone et il traîne. Gasoil. Courses et je fonce dès que j'ai trouvé la piste de Tombouctou.
La VHF grésille et j'entends Pascal demander un "bivouac avec réseau". Je suis déstabilisé, mais j'obtempère. Une tentative à
droite, on tombe dans une cour de ferme, un coup plus franc à gauche, et on atterrit en limite de cultures, à 5, 4 km de
Douentza.
Super bivouac pas très loin de la piste de
Tombouctou devant une super montagnes (trois doigts
de
Dyoundé) beaucoup de moustiques, mais quelle ambiance !
jeudi 17 novembre
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Réveil entouré de bergers et de leurs vaches. Éclairage magnifique que l'on gardera une bonne partie de la matinée. Piste large
et fréquentée mais horrible tôle ondulée.
Notre Land avec ses amortisseurs de vélo supporte très mal... Pas d'autre solution que de ralentir, et je fais tout le parcours
à 30km/h.
Prairie d'herbes jaunes piste rouge, troupeau d'ânes... Les arbustes sont restés au Sud, et une herbe blonde décolorée envahit
l'horizon qui ondule comme s'il avait des souvenirs de dunes.
Une dizaines de 4x4 d'agences nous doublent à fond, et je regrette de n'avoir pas cherché des amortisseurs plus approprié à
Bamako. Mais comment déterminer en magasin que les nouvelles sous-marques seront meilleures que
mes anciennes sous-marques ?
On arrive quand même au bord du Niger, et pendant la séance photo, on se fait griller notre place sur le bac par une voiture
d'infirmiers. Tant pis, on n'est pas aux pièces.
On s'approche du bac, et on voit qu'un énorme bulldozer attend avant nous. Re-zut !
3 filles nous demandent gentiment des cadeaux. L'une d'entre elles est jolie, et arrive à dérider Pascal qui lui offre une
collection de polaires de la station des Houches laissées par Karine.
L'ambiance chauffe, et je me demande si Pascal ne va pas nous refaire le coup de
Zoo Baba.
Pendant ce temps-là, 2 voitures d'agence (Explorator) arrivent, et prennent leur place dans la queue.
Les infirmiers sont allés voir sur la digue si le gué est utilisable. Au moment de charger les voitures, le Bulldozer,
s'ébranle. Il va occuper le bac à lui tout seul, et on se prend 2 x 40mn.
La guide Italienne de l'agence ne voit pas les chose comme ça, et propose un petit billet au Bulldozer pour qu'il abandonne son
tour. Le gars est d'accord, mais le capitaine du bac ne l'est pas : il ne touche rien dans cette affaire, et il refuse cet
accord illicite.
Une pièce à la Pagnol s'improvise. Le capitaine, furieux, part à pied sur la digue, son second prend les commandes sans son
accord, les infirmiers reviennent et veulent récupérer leur tour, nous on ne veut pas perdre le nôtre.
Le bac démarre, sans le bulldozer ni les infirmiers, et le second qui n'a pas l'habileté du maître, s'enchorbatte dans la
vase.
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On double le capitaine fâché sur sa digue, il hurle après la terre entière, et fini par dérouter son propre bac pour se faire
embarquer au bout de la digue. Je suis juché sur le toit du Land, et je ne distingue plus si le plaisir qui m'inonde provient
des yeux ou des oreilles ...
Puis le vent du large nous emmène sur l'autre rive, et dans un autre monde. L'arrivée à
Korioumé est absolument splendide : Les lumières de fin d'après-midi sculptent les moindres
détails de la rive, les berges sont inondées par la crue du fleuve, les eucalyptus se baignent les pieds et inondent l'eau (faut
l'faire.) de leur reflets.
Je suis dans un rêve, j'arrive à Tombouctou par la mer ! Des pinasses bariolées sont à quai, des gosses en pirogue usent de tous
les prétextes pour couper la route du bac qui lui ne déviera sous aucun prétexte.
On monte sur la digue d'en face, et le spectacle recommence. Des forêts entières d'eucalyptus ont les pieds dans l'eau, et les
reflets nous embrouillent au point de croire que la tête des arbres est sens dessus dessous. Puis toute végétation disparaît
pour nous laisser entrer dans la capitale des sables :
Tombouctou.
Il est tard, on doit trouver un hôtel, et on se dépêche. Le
Bouctou a l'air bien, mais il est
complet. On négocie 2 places dans le parking de l'annexe, et on dort dans nos tentes. Douche très crade, qui me rappelle celle
d'
Hassi Messaoud, la 1ère fois où j'ai remis mes chaussures avant d'entrer dans la douche !
Repas un peu long, mais agréable à la terrasse de l'hôtel. Nuit moins calme qu'en brousse, mais globalement acceptable.
L'ambiance se dégrade. Pascal souffre de l'absence de réseau, et moi de l'importance que prend le réseau dans ce voyage. Je
commence à percevoir qu'il va falloir aménager l'itinéraire pour ce foutu réseau.
Je ne veux pas échanger mes vacances contre celles d'un dépanneur de France Telecom. Je sors de 5 semaines où j'étais taxi dans
un voyage de noce (un peu moins vite, non pas par ici..., où est le pressing ?), et je ne sais pas encore que la semaine qui
vient, j'accompagnerai un croque-mort dans un enterrement de 1ère classe.
vendredi 18 novembre.
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Petit déj' en terrasse, avec un beau soleil tendre. On découvre une ville active, envahie de touristes. Le patron chasse les
vendeurs de souvenir qui sont comme les mouches.
Personne n'a le cœur de visiter plus sérieusement. Pour ne pas fuir comme des pets, on cherche la maison des artisans. Quelques
babioles. On repart. À la sortie je vois à gauche une piste pour
Bourem. J'hésite entre la rive
Nord ou la rive Sud. Puisque la rive Nord se présente toute seule, j'y vais. Je pense qu'on trouvera un bac d'ici à
Gourma Rharous.
On se trouve rapidement dans des dunettes simples et agréables. On touche le fleuve de temps en temps. On demande notre piste à
un local. Il nous parle d'un bac à 20km, mais les indications sont confuses.
Une camionnette qui passe propose de nous emmener. Ils vont trop vite pour nous (photos) et on décroche. On atterrit à
Ber, en pleine visite du ministre.
Panique dans la sécurité, on scrute nos passeport, et on nous éjecte du coin. Les gamins, surexcités, commencent à devenir
pénibles, ils s'accrochent aux voitures, on fuit à toute allure.
Le bac n'est pas loin, mais on passe 1h à le chercher. Après une analyse minutieuse, on finit par le trouver.
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Dili (je crois...). Simple bac 2 voitures, avec un petit moteur hors-bord. Tout marche mais il
faut payer 14'000 CFA. On discute. C'est le prix pour le bac, 1 voiture 14'000 2 voitures 14'000.
Si tu veux moins cher, tu prends le parcours saison sèche, en ce moment le bac te pose au plus près et tu as de l'eau aux
moyeux, et tu finis la traversée à chercher le dur dans le fleuve... Mais c'est moins cher ! On prend le parcours complet, pour
40mn.
Très belle ambiance, les 2 Lands sont sur une coquille de noix. On traverse assez vite, puis on longe la rive Sud un bon moment,
rasant les dunettes blanches qui tombent dans l'eau.
On se casse une petite croûte en mer, et on atterrit à
Minkini, énorme projet agricole pour la
culture du riz. Au sol, on cherche la piste, qui se résume à 2 traces de pneus de temps en temps.
La crue du fleuve inonde une surface énorme, et la trace contourne fidèlement chaque méandre l'économie : on a souvent le 2
roues gauches dans l'eau. C'est féerique et sauvage, le temps est splendide, la température agréable, les couleurs ont le chaud
de l'après-midi.
On trouve de tout petits hameaux, dont on se méfie au début, à cause des gosses de ce matin, puis on s'approche et on découvre
des gens très accueillants. Belles séquences. Pascal reste muré dans son Land, sans réseau.
On repart ainsi jusqu'à
Gourma Rharous qu'on atteint au paroxysme de la lumière : tout est
magnifique, sauf le réseau... On repart pour écourter ce supplice.
On découvre un système de dunes mortes d'un sable orange foncé, couvertes d'herbe couleur paille, le soleil est 3/4 avant et on
en a plein la tronche. Ce saute-mouton de 50km nous amène au bivouac, facile à trouver dans ce relief protecteur.
La solitude s'installe car notre pote est en apnée de réseau, et il n'a visiblement aucun entraînement pour cela.
Muet de chez muet. Il fait une gueule de derrière les fagots, et sur un groupe de 3 personnes, ça pèse !
On entend, sans les voir, des bergers qui nomadisent dans le coin.
Très beau départ de l'astre, dans des herbes sèches qui grandissent. On est installé dans une flaque de terre/sable sans
végétation bien agréable.
samedi 19 novembre
On remonte sur la piste, qui devient plus banale, mais bien roulante. La poussière nous attrape. La végétation change, On est
dans un Sahel encore bien sablonneux, les arbustes commencent à manger l'horizon. Les troupeaux grossissent, les termitières
s'installent.
On est coursé par plusieurs chiens genre sloughi (sauvages ?) d'une folle agressivité : ils suivent sur 5km en pleine poussière
à 60kmh en tentant de mordre les pneus. Peu avant le goudron, on trouve plusieurs mares gigantesques qui drainent pas mal
d'élevage. On monte sur le goudron un peu à l'Est de
Gossi.
Je décris à Pascal la suite du programme, et puisqu'on arrive au
Hombori, j'exprime le vœux de
choisir la meilleure heure pour les photos. Refus scandalisé.
Actuellement il n'y a pas de réseau, il n'y en a pas eu depuis Tombouctou,
on doit avancer jusqu'au RÉSEAU... La tension monte. On avance ... mais vers quoi ?
On repart. Piquenique à la hâte.
Le réseau apparaît vers
Hombori Tondo, le sourire aussi, mais il ne nous est pas encore destiné.
Les montagnes sont splendides. Gros champignons de grès (?) avec des faces lisses et verticales, rehaussés par des pierriers
d'éboulement souvent symétriques.
On se dit que ça doit être mieux à l'intérieur du massif, et après un léger recul, on abandonne le goudron. On trouve rapidement
de belles traces et un terrain quasi plat.
La vision de l'Est est la meilleure, les faces sont plus lisses. Légère brume. On croirait circuler dans une mâchoire géante à
hauteur des gencives.
Le point de vue sur la
Main de Fatima est aussi racoleur que celui du
Cervin depuis la
cabane Flue.
Tout chamboulé par ma comparaison, j'essaye la discussion avec Pascal, qui me répond qu'il n'aime pas la montagne, qu'il n'a
jamais aimé la montagne, qu'il fait ce qu'il veut, et qu'on n'a pas à comparer le temps qu'il passe à prendre des photos avec
celui qu'il passe au téléphone.
Bon, je me fais foutre mes émerveillements au cul ! Je ne parle plus de mes photos, ni de la lumière que je leur souhaitais. On
cherche la bifurcation de
Boni, et la crainte de la perte du réseau réapparaît.
J'essaie de faire les formalités de sortie du
Mali correctement. On fouille le village à la
recherche d'autorités. On trouve un gentil officier, qui a pris son poste il y a 15 jours, et qui ne sais absolument quoi
faire.
Comme on souhaite un tampon de sortie, il s'exécute très gentiment. Au moment fatidique du geste, il demande si on passe par
Mondoro ou
Douna. Je trouve la question indiscrète, car je ne
sais pas où est
Douna, et pour moi, il n'y avait qu'un passage.
Je réponds par le célèbre
oui africain quand on propose un choix : évidement, je passe par
Mondoro mais peut-être par
Douna si c'est mieux - un peu. Le
tampon tombe quand même.
La piste annonce la couleur dès la sortie de
Boni : elle disparaît.
Le choix
Mondoro Douna ressemble tout de suite à celui du sexe des anges... Le décor est
magnifique, les champignons ont envahi toute la plaine et il y en a de toutes les formes.
J'avance lentement avec délice. Il y a quelques traces de temps en temps. Puis les montagnes disparaissent, et la savane la
remplace. Le sol est sablonneux, souvent mou, un peu piègeux, les graminées dépassent le capot et les grains viennent exploser
devant le pare-brise.
Le soleil est par le travers, la lumière est toute belle, ce hors-piste a quelque chose de sauvage qui fait oublier les
injecteurs pompe du TD5 et nous ramène à l'époque des chariots du far west. Mais je m'égare, et pas seulement dans mon récit.
Il y a du relief, je ne peux pas aller où je veux, et c'est inquiétant. La frontière approche, et la nuit aussi, et ces deux-là
ne font pas bon ménage.
Tout d'un coup,
Mondoro surgit dans le GPS. Je regarde par les fenêtres : rien, mais c'est ça la
vraie force de cet instrument, je suis maintenant convaincu d'être à
Mondoro, et j'en suis tout
content pour mon officier de police de tout à l'heure : dommage que je ne voie pas la poste, même dans le GPS, je lui aurais
envoyé une carte postale.
La frontière se passe comme
Mondoro : un trait traverse l'écran du GPS, rien sur la terre
ferme.
On est maintenant dans une végétation dense, voire très dense. On utilise les chemins d'âne, faits seulement pour les 2 roues
gauches. On a un peu de mal à trouver un espace dégagé. La nuit nous a rattrapés, on se pose, et lorsque le silence s'établit,
on situe des moteurs et des phares à 1km à l'Est.
- On en déduit 2 choses :
- 1 - on est bien sur terre puisqu'il y a encore des terriens.
- 2 - la piste est sans doute là-bas.
- On ira voir demain.