Voyage à Lomé - Automne 2005 : Burkina et Togo - (5 / 6)
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Burkina      : Fada-N'Gourma
Togo

dimanche 20 novembre
On retrouve la piste, en mauvais état. On passe Diguel. Les villages sont plus nombreux, mais très pauvres. Les greniers sont souvent en plein champ, Ce sont de grandes vasques en végétaux tressés, genre marmite, parfois isolés du sol par des constructions en branches.

On traverse Baraboulé, et on se fait héler par la police qui était cachée dans une case banalisée. On explique qu'on ne pouvait les voir dans le sens où on roule, et tout rentre dans l'ordre.

Pendant les formalités, un type monte sur le socle du mat du drapeau Burkinabé devant la cabane, et sort un téléphone. Pascal, qui tendait son passeport, lâche tout et se précipite. Le flic nous explique qu'ici il y a le réseau un peu un peu, mais qu'il faut monter là car c'est le seul endroit ! Effectivement, ça marche.

On trouve tout de suite une grande et belle piste en latérite, avec des accotements, des ouvrages d'art sur les ruisseaux, du remblais etc. Le pays a l'air très soigné.

Arrivée à Djibo. On visite le marché, assez bien achalandé, l'ambiance est très calme. On commence à parler d'itinéraire.

⏯️
Pour l'instant, tout est maintenu : on part sur Aribinda. La piste s'est élargie, elle est très roulante. On trouve de plus en plus de retenues d'eau pour l'irrigation. Des digues ou barrages de 2 ou 3m de haut suffisent pour former des petits lacs de plusieurs hectares, couverts de nénuphars.

Au piquenique, on reparle d'itinéraire. On est à quelques km de l'embranchement pour la boucle Gorom Markoy qui part légèrement nord.

Pascal n'y a plus le goût. Il préfère aller au Sud. On abandonne.

On vise Dori. La ville est plus grande. On essaye d'acheter des CFA, sans succès.

On demande notre route à un type bizarre. On s'aperçoit qu'il est enchaîné par des fers d'esclave énormes. il est hagard et tient dans la main une grosse couronne dentée, genre moto. Il est tout près de la fenêtre de Martine. Les gens nous font comprendre que c'est un fou dangereux, qui peut tuer...

La discussion sur l'itinéraire reprend. Pascal trouve qu'on devrait gagner du temps, et quand "c'est pas beau", accélérer, comme ça ! on serait plus vite à Lomé. Ok.

On s'explique, et décide d'aller au Sud. Je n'ai pas envie de faire la boucle Ouagadougou-Bobo Dioulasso avec ce croque mort intoxiqué au téléphone qui n'a plus qu'une idée en tête.

Je préfère revenir ici sans lui, et le lui dit. Puisqu'il veut accélérer, je vais le faire, et soigneusement. Je ne ferai plus que du sud, et au goudron.

Une fois ou deux, Pascal indique qu'il reprendrait bien une partie de l'itinéraire prévu, mais c'est mon tour de faire la tête et je lui répète à l'envie qu'il faut "gagner du temps" et faire du sud quand c'est intéressant, et qu'au goudron, il améliore ses chances d'avoir du réseau.

On vise Yalgo. Le bivouac est un peu compliqué à trouver, mais finalement joli et calme.

lundi 21 novembre
On cherche une bifurcation Sud, et on la rate copieusement. Le tracé de cette piste neuve n'est pas celui de l'ancienne, et n'est pas sur les cartes que j'ai. On finit par le découvrir.

On roule séparément, Pascal devant, au galop sans s'arrêter, et nous derrière à palabrer et photographier. Les gens sont très très accueillants.

Je m'arrête avant Dakiri dans un petit hameau dont les greniers sont magnifiques. Toute la famille sort prudemment d'abord, puis en masse ensuite. Photos de famille, cadeaux. Martine donne des vêtements.

La maîtresse de maison courre dans sa case, et revient avec une énorme calebasse d'arachides. On en prend quelques poignées par politesse. Les adieux sont pathétiques.

⏯️
On continue vers Bogandé, où on double 4 mères sur des vélos, avec chacune leur bébé dans le dos. Je me prépare à la photo, mais elles bifurquent. Je courre. Les 2 dernières s'arrêtent, très intriguées. Belle séquence.

Fada-N'Gourma
 
A Fada-N'Gourma, on doit trouver du gasoil. Les pompistes ne prennent pas les Euros. Il est midi, les banques sont fermées. On visite toute la ville pour trouver une agence qui a, parait-il, un distributeur.

On la trouve, mais le DAB n'accepte pas nos cartes ! On repart négocier avec les pompistes. On en trouve un qui accepte un taux raisonnable. On fait l'opération, et Pascal se fait truander de 10€ au profit d'un galapiat qui est passé avec un bidon. Je réclame vigoureusement, et le type finit par avoir un peu honte.

Piquenique à la sortie de la ville. On trouve une belle ombre dans un terrain fermé par des grillages. Le voisin nous voit et se précipite pour aménager le coin avec sa serpette : on a toutes les peines du monde à le retenir.
On souhaitait, Martine et moi, sauver la visite du parc du Pendjari, mais notre croque mort n'en voit pas l'intérêt.

On vise donc Tindangou, pour bifurquer directement sur le Togo et abandonner le Bénin.

La sortie douane se fait à Tindangou, dans un grand bâtiment clos plein de camions et de marchandises en tas, mais on nous chasse de là, ce n'est pas pour nous.

On bifurque à l'Ouest, et on s'approche de Ponio. Formalités de police en route, le policier n'hésite pas à nous proposer l'achat du Land, pendant la visite du grand chef.

On trouve péniblement un bivouac, mais il est finalement très bien. Juste à côté, 2 gars cultivent et dorment sur une parcelle de céréales. Le contact est prudent de part et d'autre, puis cordial.

Ils partent avec une garde-robe. Pascal a téléphoné au transitaire de Lomé, SDV, pour demander s'il faut faire une mention spéciale lors de l'entrée au Togo, pour faciliter la réexportation : Il faut exiger la fiche jaune de circulation temporaire, indispensable pour la sortie.

Togo
 
mardi 22 novembre
Nous sommes à quelques km de la frontière, la route est encore excellente, puis pour franchir le ruisseau qui fait frontière, il faut descendre à gué, car le pont a explosé. L'entrée au Togo par cette voie n'est sans doute pas subventionnée : la piste est ravagée.

3 services se suivent, et on évite le racket de peu. À la gendarmerie, ils trouvent que si on fait des cadeaux en brousse, on doit en garder pour les gendarmes : il n'y a pas que la brousse qui soit pauvre, les gendarmes le sont aussi !

La police nous parle d'une taxe, mais sans reçu : je leur dis que sans reçu, j'ai peur d'être accusé de corruption et que je ne peux pas... Quant à la douane, ils ont perdu le formulaire de reçu de la taxe, je leur propose de signer le reçu sur la fiche d'importation, et ils le font sans vergogne... Je lâche 5€.

Les 40km jusqu'à Dapaong sont épouvantables, la piste n'est qu'une succession de nid d'éléphants. À l'approche de la ville, un superbe motard sur une superbe moto nous rattrape, et tente de nous verbaliser pour excès de vitesse (dans les nids d'éléphants ?), mais il fléchit rapidement, et la discussion évolue sur la beauté des 4x4 et des motos...

On monte sur le goudron à Dapaong. Lors du piquenique à la sortie de la ville, sous un grand arbre, Pascal commence à solliciter ses contacts pour le changement d'horaire avion, pour ne pas perdre de temps. Horreur, il découvre que l'avion n'est que le samedi et qu'il va perdre 2 ou 3 jours à Lomé...

La descente plein Sud par le goudron n'a aucun intérêt, je ne vais vous raconter ni les nids de poules, ni les Tatas Sombas et autres visites de cascades auxquels nous avons "échappé".

À l'heure du bivouac, nous venons de passer Sotouboua, on s'enfile à gauche au bluff dans une forêt dense, on franchit une montagne, et on trouve un joli coin, un peu humide mais c'est le pays, pas le coin. Tout est calme. La nuit tombe, on se couche normalement.

Vers minuit, gros vacarme : un camion explore tout le coin plein phares avec une armée de gens dans la benne. Ils ne nous trouvent pas, mais partent s'embourber à 100m de nous dans les cultures. La manœuvre leur prend une heure dans un concert de vociférations et de rugissements du moteur. Puis ils se positionnent vers le talus pour charger du bois. La réglementation sur la déforestation se contourne facilement la nuit ! Tout le monde repart, et le calme revient : on peut finir la nuit.

mercredi 23 novembre
Au petit matin, visite d'une femme triste qui ramasse du bois, et repart avec un gros fagot sur la tête et quelques cadeaux. On discute un peu, elle nous montre sa technique, astucieuse, pour porter son fagot : elle le lie sur une planchette qui lui sert de stabilisateur sur la tête. À vide, la planche est dans l'axe de la marche, chargée elle est en travers. Mais elle ne nous dit pas pourquoi ...

On reprend le goudron, et la descente Sud. Les fruits équatoriaux apparaissent, pamplemousses, bananes, avocats, ananas. Vers Atakpamé, on frôle un marché en ville, je m'arrête 200m trop tard : une nuée de marchandes accourent dans une excitation pleine de bonne humeur.

Je leur avoue mon intention d'acheter des ananas : avant d'avoir le temps de refermer le bec, j'ai 15 vendeuses qui me pressent d'acheter leurs ananas. On fait affaire.

Je prononce timidement le mot pamplemousse, 30 autres femmes se précipitent. Je n'ai que le temps de dire ba... avant que 30 autres arrivent avec des bananes. Je continue en faisant très attention au vocabulaire. La séance se termine juste avant l'émeute.

Vers midi, on entre dans Lomé. De grands boulevards au début, un souk formidable à l'approche de la mer. On traverse, on longe la plage qui a des airs de croisette Cannoise, et on atterrit vers le port industriel près duquel on est censé trouver notre transitaire.

Piquenique sur la plage d'à côté, sous bâche entre les 2 Lands. Le soleil tape fort, même avec l'alizé.

On trouve SDV vers 15h. Discussions. Le tarif est exorbitant, Pascal dont la contribution au voyage était l'organisation du retour container n'a pas prévu grand-chose, et le prix de SDV n'a pas été mis par écrit.

400€ par voiture... On n'a pas le choix, on signe. Container prévu vendredi après-midi.

On part à la recherche d'un hôtel. Le premier ne répond pas au téléphone, le 2ème non plus, le 3ème si, et ils ont de la place. C'est 30km à l'Est sur la cote. On arrive de nuit à l'hôtel Safari.

Discussion prudente de part et d'autre. Apéritif de bienvenue, il y a un bon cuisinier, tout a l'air propre. On prend une nuit. Dîner aux chandelles en terrasse. Chambres climatisées.


jeudi 24 novembre
Farniente. L'auberge est excellente et calme. Une Suissesse tient tout ça d'une voix douce, mais d'une main de fer, tout est impeccable.

⏯️
3 piscines se vident les unes dans les autres, sans chimie car tout est vidé chaque soir pour l'arrosage, et renouvelé le matin. Repos complet.

Pascal disparaît complètement, muré dans sa piaule. Il ne mange pas avec nous... il entame les 3 jours les plus sombres de sa carrière, même s'il a tout le réseau voulu

On visite la plage qui est impraticable. En apparence elle est tentante, sable grossier, gros rouleaux, fraîcheur, mais dès la lisière, le sol est fait de gros rochers coupants qui découperaient en rondelles tout orteil ou fesse imprudent dès le premier contact. Il faut regarder sans consommer.

Après-midi en ville, d'abord pour changer le magot du transitaire. Puis on change nos réservations d'avion. Compliqué. Il faudrait payer une taxe, alors que le contraire est indiqué par écrit sur les billets. Ça marche avec un peu d'insistance.

On visite le souk, énorme et bien structuré. La partie touristes est bien rassemblée, et dans cette partie, les sculptures sur bois sont bien rassemblées aussi.

Dans ce pâté, les statuettes de femmes ont leur coin, et là encore, il y a la rue des statuettes de femmes qui portent une cruche sur la tête, une autre pour celles qui pilent du mil etc... Même moi, je suis complètement submergé par ces milliers d'œuvres...

En plus c'est organisé comme le marché d'Atakpamé : tu prononces "pileuse" et 15 types accourent avec chacun 15 statuettes de pileuses dont tu ne peux plus te séparer.

J'ai toutes les peines du monde à sortir de là, très content de n'avoir que 4 statuettes... et encore, j'ai dû payer sa statuette 3€ au dernier type qui m'empêchait de monter dans ma voiture.

Mais tout cela dans une très bonne ambiance. Aucune agressivité. Ces gens, pauvres, ont le cran de plaisanter et de rire avec ces riches qui leur passent sous le nez, chapeau l'Afrique !

vendredi 25 novembre
Mise en container. On arrive chez SDV, les papiers sont prêts, on nous rend des cartes grises toutes gribouillées de tampons.

C'en est trop, je hurle, je veux voir le chef. Il était absent jusque-là, il nous reçoit poliment, je lui demande de rembourser les dégâts. Chaque carte vaut 300€.

Il tente une transaction, c'est bon signe, je refuse. Il déduit 600€ de sa facture, oubliant qu'on peut se faire refaire ces cartes pour 33€ sans repayer la taxe. On s'en tire donc à 71€ de transitaire à Lomé + 33€ de cartes grises en France et par voiture. C'est plus correct.

samedi 26 novembre
Journée d'attente sans voitures. On a un taxi pour ce soir, organisé par notre hôtelière. Au moment du départ, on lui dit qu'on a trop de CFA, car le transitaire était moins cher que prévu. Elle propose de nous les reprendre au cours de sa banque contre des CHF. Le cours de sa banque est tellement dégueulasse, qu'on fait une belle affaire, diminuant encore nos frais de transitaire.

Salle d'attente bondée, 1h de retard au départ, je m'inquiète de la correspondance prévue à Tripoli. Mais non. Un peu d'attente à Tripoli après une nuit quasi blanche.

Arrivée à Genève à l'heure. Laure et Karine nous attendaient.
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