Maroc :
Haut Atlas -
Anti Atlas -
Plage Blanche -
Tarfaya -
Dakhla
Mauritanie :
Banc d'Arguin -
Amatlich -
Terjit -
Chinguetti -
Oued Khatt -
Matmata -
Passe de Nega
Mali
:
Kayes -
Gouina -
Kita -
Bamako -
Djénné -
Bandiagara -
Douentza -
Tombouctou -
Hombori
Burkina :
Fada-N'Gourma
Togo
dimanche 20 novembre
On retrouve la piste, en mauvais état. On passe
Diguel. Les villages sont plus nombreux, mais
très pauvres. Les greniers sont souvent en plein champ, Ce sont de grandes vasques en végétaux tressés, genre marmite, parfois
isolés du sol par des constructions en branches.
On traverse
Baraboulé, et on se fait héler par la police qui était cachée dans une case
banalisée. On explique qu'on ne pouvait les voir dans le sens où on roule, et tout rentre dans l'ordre.
Pendant les formalités, un type monte sur le socle du mat du drapeau Burkinabé devant la cabane, et sort un téléphone. Pascal,
qui tendait son passeport, lâche tout et se précipite. Le flic nous explique qu'ici il y a le réseau un peu un peu, mais qu'il
faut monter là car c'est le seul endroit ! Effectivement, ça marche.
On trouve tout de suite une grande et belle piste en latérite, avec des accotements, des ouvrages d'art sur les ruisseaux, du
remblais etc. Le pays a l'air très soigné.
Arrivée à
Djibo. On visite le marché, assez bien achalandé, l'ambiance est très calme. On
commence à parler d'itinéraire.
Pour l'instant, tout est maintenu : on part sur
Aribinda. La piste s'est élargie, elle est très
roulante. On trouve de plus en plus de retenues d'eau pour l'irrigation. Des digues ou barrages de 2 ou 3m de haut suffisent
pour former des petits lacs de plusieurs hectares, couverts de nénuphars.
Au piquenique, on reparle d'itinéraire. On est à quelques km de l'embranchement pour la boucle
Gorom Markoy qui part légèrement nord.
Pascal n'y a plus le goût. Il préfère aller au Sud. On abandonne.
On vise
Dori. La ville est plus grande. On essaye d'acheter des CFA, sans succès.
On demande notre route à un type bizarre. On s'aperçoit qu'il est enchaîné par des fers d'esclave énormes. il est hagard et
tient dans la main une grosse couronne dentée, genre moto. Il est tout près de la fenêtre de Martine. Les gens nous font
comprendre que c'est un fou dangereux, qui peut tuer...
La discussion sur l'itinéraire reprend. Pascal trouve qu'on devrait gagner du temps, et quand "c'est pas beau", accélérer, comme
ça ! on serait plus vite à Lomé. Ok.
On s'explique, et décide d'aller au Sud. Je n'ai pas envie de faire la boucle
Ouagadougou-Bobo Dioulasso avec ce croque mort intoxiqué au téléphone qui n'a plus qu'une idée
en tête.
Je préfère revenir ici sans lui, et le lui dit. Puisqu'il veut accélérer, je vais le faire, et soigneusement. Je ne ferai plus
que du sud, et au goudron.
Une fois ou deux, Pascal indique qu'il reprendrait bien une partie de l'itinéraire prévu, mais c'est mon tour de faire la tête
et je lui répète à l'envie qu'il faut "gagner du temps" et faire du sud quand c'est intéressant, et qu'au goudron, il améliore
ses chances d'avoir du réseau.
On vise
Yalgo. Le bivouac est un peu compliqué à trouver, mais finalement joli et calme.
lundi 21 novembre
On cherche une bifurcation Sud, et on la rate copieusement. Le tracé de cette piste neuve n'est pas celui de l'ancienne, et
n'est pas sur les cartes que j'ai. On finit par le découvrir.
On roule séparément, Pascal devant, au galop sans s'arrêter, et nous derrière à palabrer et photographier. Les gens sont très
très accueillants.
Je m'arrête avant
Dakiri dans un petit hameau dont les greniers sont magnifiques. Toute la
famille sort prudemment d'abord, puis en masse ensuite. Photos de famille, cadeaux. Martine donne des vêtements.
La maîtresse de maison courre dans sa case, et revient avec une énorme calebasse d'arachides. On en prend quelques poignées par
politesse. Les adieux sont pathétiques.
On continue vers
Bogandé, où on double 4 mères sur des vélos, avec chacune leur bébé dans le
dos. Je me prépare à la photo, mais elles bifurquent. Je courre. Les 2 dernières s'arrêtent, très intriguées. Belle séquence.
A
Fada-N'Gourma, on doit trouver du gasoil. Les pompistes ne prennent pas les Euros. Il est
midi, les banques sont fermées. On visite toute la ville pour trouver une agence qui a, parait-il, un distributeur.
On la trouve, mais le DAB n'accepte pas nos cartes ! On repart négocier avec les pompistes. On en trouve un qui accepte un taux
raisonnable. On fait l'opération, et Pascal se fait truander de 10€ au profit d'un galapiat qui est passé avec un bidon. Je
réclame vigoureusement, et le type finit par avoir un peu honte.
Piquenique à la sortie de la ville. On trouve une belle ombre dans un terrain fermé par des grillages. Le voisin nous voit et se
précipite pour aménager le coin avec sa serpette : on a toutes les peines du monde à le retenir.
On souhaitait, Martine et moi, sauver la visite du
parc du Pendjari, mais notre croque mort n'en
voit pas l'intérêt.
On vise donc
Tindangou, pour bifurquer directement sur le
Togo et abandonner le
Bénin.
La sortie douane se fait à
Tindangou, dans un grand bâtiment clos plein de camions et de
marchandises en tas, mais on nous chasse de là, ce n'est pas pour nous.
On bifurque à l'Ouest, et on s'approche de
Ponio. Formalités de police en route, le policier
n'hésite pas à nous proposer l'achat du Land, pendant la visite du grand chef.
On trouve péniblement un bivouac, mais il est finalement très bien. Juste à côté, 2 gars cultivent et dorment sur une parcelle
de céréales. Le contact est prudent de part et d'autre, puis cordial.
Ils partent avec une garde-robe. Pascal a téléphoné au transitaire de
Lomé, SDV, pour demander
s'il faut faire une mention spéciale lors de l'entrée au
Togo, pour faciliter la réexportation :
Il faut exiger la fiche jaune de circulation temporaire, indispensable pour la sortie.
mardi 22 novembre
Nous sommes à quelques km de la frontière, la route est encore excellente, puis pour franchir le ruisseau qui fait frontière, il
faut descendre à gué, car le pont a explosé. L'entrée au
Togo par cette voie n'est sans doute
pas subventionnée : la piste est ravagée.
3 services se suivent, et on évite le racket de peu. À la gendarmerie, ils trouvent que si on fait des cadeaux en brousse, on
doit en garder pour les gendarmes : il n'y a pas que la brousse qui soit pauvre, les gendarmes le sont aussi !
La police nous parle d'une taxe, mais sans reçu : je leur dis que sans reçu, j'ai peur d'être accusé de corruption et que je ne
peux pas... Quant à la douane, ils ont perdu le formulaire de reçu de la taxe, je leur propose de signer le reçu sur la fiche
d'importation, et ils le font sans vergogne... Je lâche 5€.
Les 40km jusqu'à
Dapaong sont épouvantables, la piste n'est qu'une succession de nid
d'éléphants. À l'approche de la ville, un superbe motard sur une superbe moto nous rattrape, et tente de nous verbaliser pour
excès de vitesse (dans les nids d'éléphants ?), mais il fléchit rapidement, et la discussion évolue sur la beauté des 4x4 et des
motos...
On monte sur le goudron à
Dapaong. Lors du piquenique à la sortie de la ville, sous un grand
arbre, Pascal commence à solliciter ses contacts pour le changement d'horaire avion, pour ne pas perdre de temps. Horreur, il
découvre que l'avion n'est que le samedi et qu'il va perdre 2 ou 3 jours à
Lomé...
La descente plein Sud par le goudron n'a aucun intérêt, je ne vais vous raconter ni les nids de poules, ni les
Tatas Sombas et autres visites de cascades auxquels nous avons "échappé".
À l'heure du bivouac, nous venons de passer
Sotouboua, on s'enfile à gauche au bluff dans une
forêt dense, on franchit une montagne, et on trouve un joli coin, un peu humide mais c'est le pays, pas le coin. Tout est calme.
La nuit tombe, on se couche normalement.
Vers minuit, gros vacarme : un camion explore tout le coin plein phares avec une armée de gens dans la benne. Ils ne nous
trouvent pas, mais partent s'embourber à 100m de nous dans les cultures. La manœuvre leur prend une heure dans un concert de
vociférations et de rugissements du moteur. Puis ils se positionnent vers le talus pour charger du bois. La réglementation sur
la déforestation se contourne facilement la nuit ! Tout le monde repart, et le calme revient : on peut finir la nuit.
mercredi 23 novembre
Au petit matin, visite d'une femme triste qui ramasse du bois, et repart avec un gros fagot sur la tête et quelques cadeaux. On
discute un peu, elle nous montre sa technique, astucieuse, pour porter son fagot : elle le lie sur une planchette qui lui sert
de stabilisateur sur la tête. À vide, la planche est dans l'axe de la marche, chargée elle est en travers. Mais elle ne nous dit
pas pourquoi ...
On reprend le goudron, et la descente Sud. Les fruits équatoriaux apparaissent, pamplemousses, bananes, avocats, ananas. Vers
Atakpamé, on frôle un marché en ville, je m'arrête 200m trop tard : une nuée de marchandes
accourent dans une excitation pleine de bonne humeur.
Je leur avoue mon intention d'acheter des ananas : avant d'avoir le temps de refermer le bec, j'ai 15 vendeuses qui me pressent
d'acheter leurs ananas. On fait affaire.
Je prononce timidement le mot pamplemousse, 30 autres femmes se précipitent. Je n'ai que le temps de dire ba... avant que 30
autres arrivent avec des bananes. Je continue en faisant très attention au vocabulaire. La séance se termine juste avant
l'émeute.
Vers midi, on entre dans
Lomé. De grands boulevards au début, un souk formidable à l'approche de
la mer. On traverse, on longe la plage qui a des airs de croisette Cannoise, et on atterrit vers le port industriel près duquel
on est censé trouver notre transitaire.
Piquenique sur la plage d'à côté, sous bâche entre les 2 Lands. Le soleil tape fort, même avec l'alizé.
On trouve
SDV vers 15h. Discussions. Le tarif est exorbitant, Pascal dont la contribution au
voyage était l'organisation du retour container n'a pas prévu grand-chose, et le prix de
SDV n'a
pas été mis par écrit.
400€ par voiture... On n'a pas le choix, on signe. Container prévu vendredi après-midi.
On part à la recherche d'un hôtel. Le premier ne répond pas au téléphone, le 2ème non plus, le 3ème si, et ils ont de la place.
C'est 30km à l'Est sur la cote. On arrive de nuit à l'
hôtel Safari.
Discussion prudente de part et d'autre. Apéritif de bienvenue, il y a un bon cuisinier, tout a l'air propre. On prend une nuit.
Dîner aux chandelles en terrasse. Chambres climatisées.
jeudi 24 novembre
Farniente. L'auberge est excellente et calme. Une Suissesse tient tout ça d'une voix douce, mais d'une main de fer, tout est
impeccable.
3 piscines se vident les unes dans les autres, sans chimie car tout est vidé chaque soir pour l'arrosage, et renouvelé le matin.
Repos complet.
Pascal disparaît complètement, muré dans sa piaule. Il ne mange pas avec nous... il entame les 3 jours les plus sombres de sa
carrière, même s'il a tout le réseau voulu
On visite la plage qui est impraticable. En apparence elle est tentante, sable grossier, gros rouleaux, fraîcheur, mais dès la
lisière, le sol est fait de gros rochers coupants qui découperaient en rondelles tout orteil ou fesse imprudent dès le premier
contact. Il faut regarder sans consommer.
Après-midi en ville, d'abord pour changer le magot du transitaire. Puis on change nos réservations d'avion. Compliqué. Il
faudrait payer une taxe, alors que le contraire est indiqué par écrit sur les billets. Ça marche avec un peu d'insistance.
On visite le souk, énorme et bien structuré. La partie touristes est bien rassemblée, et dans cette partie, les sculptures sur
bois sont bien rassemblées aussi.
Dans ce pâté, les statuettes de femmes ont leur coin, et là encore, il y a la rue des statuettes de femmes qui portent une
cruche sur la tête, une autre pour celles qui pilent du mil etc... Même moi, je suis complètement submergé par ces milliers
d'œuvres...
En plus c'est organisé comme le marché d'
Atakpamé : tu prononces "pileuse" et 15 types accourent
avec chacun 15 statuettes de pileuses dont tu ne peux plus te séparer.
J'ai toutes les peines du monde à sortir de là, très content de n'avoir que 4 statuettes... et encore, j'ai dû payer sa
statuette 3€ au dernier type qui m'empêchait de monter dans ma voiture.
Mais tout cela dans une très bonne ambiance. Aucune agressivité. Ces gens, pauvres, ont le cran de plaisanter et de rire avec
ces riches qui leur passent sous le nez, chapeau l'Afrique !
vendredi 25 novembre
Mise en container. On arrive chez SDV, les papiers sont prêts, on nous rend des cartes grises toutes gribouillées de tampons.
C'en est trop, je hurle, je veux voir le chef. Il était absent jusque-là, il nous reçoit poliment, je lui demande de rembourser
les dégâts. Chaque carte vaut 300€.
Il tente une transaction, c'est bon signe, je refuse. Il déduit 600€ de sa facture, oubliant qu'on peut se faire refaire ces
cartes pour 33€ sans repayer la taxe. On s'en tire donc à 71€ de transitaire à
Lomé + 33€ de
cartes grises en France et par voiture. C'est plus correct.
samedi 26 novembre
Journée d'attente sans voitures. On a un taxi pour ce soir, organisé par notre hôtelière. Au moment du départ, on lui dit qu'on
a trop de CFA, car le transitaire était moins cher que prévu. Elle propose de nous les reprendre au cours de sa banque contre
des CHF. Le cours de sa banque est tellement dégueulasse, qu'on fait une belle affaire, diminuant encore nos frais de
transitaire.
Salle d'attente bondée, 1h de retard au départ, je m'inquiète de la correspondance prévue à
Tripoli. Mais non. Un peu d'attente à
Tripoli après une nuit
quasi blanche.
Arrivée à
Genève à l'heure. Laure et Karine nous attendaient.