Voyage au Yémen - Automne 2004 : Yémen (5 / 6)
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Yémen
 
dimanche 7 novembre (suite)
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Formalités d'entrée au Yémen. Gars beaucoup plus énergiques (en apparence). Deux ou trois heures d'attente. Change. Pas de fouille et pour la première fois on ne paie rien !

Les Yéménites portent une sorte de pagnes autour des hanches qui leur arrive à mi mollet. Et la plupart portent la " Jambiya ", gros poignards recourbés. Retenu par une large ceinture sur le ventre.

On aperçoit deux ou trois femmes toutes en noir. Avec juste une fente pour les yeux. Dès la rupture du jeûne, ils ont tous leur boule de qat dans la bouche. Ça leur fait une grosse chique assez peu décorative...

On fait une trentaine de kilomètres. Bivouac au bord d'une piste de fréquentée. On a beaucoup de visites, pas d'agressivité, mais toutes les voitures qui passent viennent nous voir. Curiosité mais pas trop d'intimité. Un vieux chibani de la ferme voisine nous fait comprendre qu'il va nous garder avec son bâton. Avec un pote à lui, il installe son lit en fer au bord de la piste et dès qu'une voiture passe, il la fait circuler...

On se couche. Pompe à eau qui martèle, concerts d'aboiements de chiens, somnifères et bouchons d'oreilles.

lundi 8 novembre
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Au petit matin on est entouré de policiers en armes qui nous surveillent. Très sympas. J'ouvre les yeux, et à travers la moustiquaire, je vois des mecs assis sur un talus à la hauteur de la tente à deux mètres de moi qui me regardent dormir...

Petit briefing. On va à Sanaa (capitale) faire la feuille de route, se renseigner pour les visas de retour par l'Arabie et éventuellement sur la possibilité d'un retour avion (bateau pour les voitures).

Les policiers nous escortent pour notre sécurité, et passent le relais à d'autres au fur et à mesure des kilomètres et des régions.

On prend une superbe route de montagne. Village de pierre perchés au sommet des montagnes, dans des endroits invraisemblables. Décor minéral. On monte à 2 800 mètres.

Des cultures en terrasses partout avec absolument rien dedans en cette saison. Je crois qu'ils cultivent le millet et le sorgho. Les flics finissent par nous abandonner...
piquenique près d'un village, des gamins viennent nous voir.

Sanaa
 
Arrivée à Sanaa. 2 200 mètres d'altitude. Circulation d'enfer. De nouveau la galère pour se suivre, surtout que les Yéménites ont une notion très approximative du code de la route. En plus ils sont toujours en train de klaxonner, c'est assourdissant et stressant.

On cherche la police touristique. À un arrêt devant un poste de police (pas le bon), Jacques réalise que l'odeur de " friture de poisson " qui nous poursuit depuis plusieurs jours vient de la batterie qui est en train de cramer sous le siège conducteur : panique dans les rues de Sanaa
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Les autres continuent à chercher la police touristique, nous on reste sur place avec Jacques et Françoise. Après discussion, et coup de téléphone (grâce à un passant qui nous propose son portable) un gars sympa de la police touristique vient chercher Jacques. Il l’emmène acheter une batterie.

Je reste à la voiture avec Jacques et Françoise. Ça devient pénible. Beaucoup de gars et de gamins pour nous reluquer. Malgré les coups de badine d'un militaire et l'autorité peu convaincante d'un flic. Nous sommes dans un croisement et toutes les voitures klaxonnent sans arrêt... Dur dur...

Finalement Jacques revient avec le flic Ali, et la batterie. Les autres sont à l'hôtel " Tourist City ", où le gars nous emmène. Il fait nuit...

Mais le hasard (ou Allah ?) fait bien les choses : Ali est de la fameuse police touristique que nous cherchions, et il promet de passer nous voir à l'hôtel ce soir pour parler de circuit touristique et autorisations !

Grand complexe de tour style Yéménite. Appartement pour 50 $ on a 80 m², deux chambres, salle de bains, cuisine, salle à manger, salon... Pascal s'installe avec nous.

Repas improvisé dans le centre sportif du complexe. Au début ils nous avaient installés en terrasse. Il fait un froid de canard et comme tout le monde tousse et mouche, on leur dit que ce n'est pas possible.

Qu'à cela ne tienne, ils nous transportent nos couverts dans la salle de billard baby-foot...
Immense. Soupe très chaude, poulet, frites et riz, très froid...

Ali vient nous rejoindre pour préparer notre circuit et établir la feuille de route. Sauf pour traverser la Ramla du Sabatayn où il nous faut un guide bédouin, pour le reste du Yémen, on peut circuler librement avec la feuille de route. Il est sympa, parle bien anglais et un peu français. Il nous sort un " ben dit donc " bien à propos...

On se couche dans les lits bien confortables avec de grosses couettes ! on a perdu 20° en une journée.
mardi 9 novembre
Petit déjeuner dans notre appartement. Avec nos produits. Jacques et Puthod partent faire les papiers à la police touristique. Françoise et Jacques l'ancien vont se renseigner à l'ambassade d'Arabie pour les visas. Momo qui souffre énormément de son dos est parti à l'hôpital militaire avec Nicole. Il est couvert de pustule et de plaques genre d'exéma (on apprendra au retour qu'il a attrapé un zona). Jean a failli mourir cette nuit d'insuffisance respiratoire (il n'a qu'un poumon. Il a eu la tuberculose à l'armée en Allemagne). Et il a le rhume et il y a d'altitude.

Il a étouffé pendant deux heures, est devenu tout bleu. Jésia a essayé de faire venir un médecin, sans succès. Finalement une ambulance de l'hôpital militaire est venue après deux heures. Comme il avait retrouvé son souffle il n'a pas voulu partir à l'hôpital. Il avait 40° de fièvre. Il paraît que ça va un peu mieux ce matin. Ils ont passé une sale nuit...

Je profite du temps libre pour mettre de l'ordre dans les caisses, faire la lessive et la vaisselle. Repas dans l'appartement.
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On part visiter la vieille ville de Sanaa. Magnifique architecture, extraordinaire.

Souk grouillant de monde. Hyper bruyant. On rentre par Bab al Yémen, à 17 heures, dans les jours qui précèdent la fin du ramadan. Les gens sont très sympas. Pas de problème pour les photos au contraire.

Jambiyas à profusion, tissus, bonbons, épices et beaucoup beaucoup de raisins secs de plusieurs sortes et couleurs. Ils sont producteurs.
Un chibani s’assomme sur mon caméscope. Pas content. Je m'excuse, lui serre la main : il s’essuie immédiatement la main sur son pagne, dégoûté...d'avoir touché la main d'une femme

La nuit tombe et tout devient calme, ils sont tous partis manger et prier. Plus assez de lumière pour faire du film. Dommage car on circule dans des quartiers superbes. Belles maisons où luisent les " camerillas " : Ouverture en arc de cercle décoré de vitraux. Ruelles propres. Il faudrait revenir et prendre son temps.

À la sortie vers Bab al Yemen, on se fait alpaguer par un vendeur de kebabs. On succombe 2 fois, une première sur la proposition et une deuxième encore pire sur le kébab, LE meilleurs de ma carrière ! le pain a été fait 5 mn. avant qu'on arrive, et l'agneau n'a surement mangé que des fleurs en nous attendant !

On laisse Marylène et Christian qui ont rendez-vous avec un jeune yéménite dont ils ont fait la connaissance et qui parle bien français. On rentre en taxi à l'hôtel. Repas dans l'appartement.

Finalement on a la feuille de route facilement. On a joint par téléphone le guide bédouin qui nous attend demain à Marib (60 km à l'est de Sanaa).

Pour l'Arabie, il faut une lettre de l'ambassade de France où Puthod est allé et a fait chou blanc. Il n'y avait personne. On a le prix des billets d'avion au cas où. Il y a de chauds partisans du retour avion + container, mais un veto (financier) de Nicole et Pascal. Le retour sera terrestre.

Marib
 
mercredi 10 novembre
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Départ 8 h 30. Par une route de montagne plein est. Paysages de pierres arides et volcaniques. Village de pierres. Assez beau. Nombreux contrôles de police, mais avec la feuille de route ça passe assez bien.

Les malades vont mieux. Momo a eu une injection d'anti-inflammatoires et un traitement antibiotique pour les boutons. Jean n’a plus de fièvre et respire normalement.

À Marib, on retrouve les guides bédouins. 350 $ pour le convoi. Deux guides dans un Toyota plateau. Puthod enrage ...

Départ vers 15 heures, en direction de l'erg, très difficile d'après la police touristique. Une soixantaine de kilomètres de goudron et on bifurque vers l'erg juste avant un forage pétrolier. La zone est fliquée car contestée entre l'Arabie et le Yémen. On est sur une multitude de traces qu'on ne quittera pas.

Aucune difficulté. Paysage de dunes chaotiques avec une belle lumière du soir.
Bivouac dans le sable, sympa. Les deux guides ont fait du feu. On finit la soirée avec Jésia comme interprète.

On les regarde mâcher leurs qat. Vraiment, ça leur donne une drôle de tronche cette grosse chique. Ils n'arrêtent pas d'en rajouter, de ruminer, de la déplacer d'une joue à l'autre... Bizarre.
Il paraît que ça donne la force. Je ne sais pas si c'est parce que c'est le ramadan, mais dans l'ensemble je trouve les yéménite plutôt avachis...

jeudi 11 novembre
On continue de traverser l'erg, toujours dans les traces. Quelques franchissements de cordon. On trouve tout un groupe de belges du troisième âge en train de franchir à pied d'un cordon plus haut que les autres.

Leurs guides les ont largués pour alléger les voitures. Ces 30 pauvres touristes ont l'air complètement exténués, éberlués de se trouver là à pied derrière leurs voitures vides.

Très impressionnés par les 4x4 dans le sable. "C'est dangereux, ça penche fort, une fois !". Puthod en profite pour se ridiculiser : son Toy ne tire plus rien, et il plaque 20 fois pour monter sur la bosse, en enfumant tout le monde.

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Les Belges repartent avant nous. On retrouve une de leurs voitures plantée à mort. Les cinq Belges debout dans le sable, en plein soleil (petite tenue de ville), et les trois guides allongés à l'ombre en attendant je ne sais quoi.

On les déplante. Grands jeux de plaques, de pelles, et de cordes. Les trois guides regardent hallucinés ces blancs s'agiter. Au bout d'un moment, ils s'y mettent aussi...

La voiture sort du sable, elle est en deux roues motrices, le blocage de pont ne marche pas. Apparemment il a cassé un demi arbre arrière.

Les touristes sont chargés dans la benne du pick-up qui fait la liaison dans le groupe. Pascal prend une petite (m)amie de 80 berges, on lui demande de rester sage, et tout le monde retrouve le Toy à 20 km. Ils auront des histoires à raconter en rentrant chez eux.

On traverse un grand plateau caillouteux. Villages abandonnés de Shabwa. Ancienne cité très florissante sur la route de l’encens, où on exploitait et vendait du sel aux caravanes.
Il ne reste que quelques murs, mais des fouilles ont été entamées par des archéologues français qui ont fait de belles découvertes. En tous cas, c’est désolé.

On termine par un erg tout plat, et on rejoint le goudron à une cinquantaine de kilomètres de Hawra. En tout, 250 à 300 km de traversée. On quitte nos guides. On devait dormir dans le sable mais Puthod décide de rouler encore, donc on perd le sable.

Il cherche un bivouac, on atterrit dans un terrain militaire - en fait une pampa avec quelques pneus et bidons pour délimiter un terrain d'aviation et une baraque.

Des gens nous arrêtent. Discussion. Ils prennent trois passeports et nous autorisent à nous installer derrière des dunettes et de la végétation.

Très beau coucher de soleil. Belles montagnes. On installe le bivouac. Les militaires viennent nous dire qu'on ne peut pas rester là, au cas où l'avion atterrirait ! Les dernières traces visibles sur la piste ont sans doute plus de 30 ans.

Discussions, palabres, Puthod et Jésia partent à la police avec les militaires. Accueil chaleureux, excuses, on reste où on est, ouf ! On a fait des photos du coucher de soleil, et aussitôt les militaires viennent dire que les photos sont interdites. Les voyages en pays musulman ne sont pas vraiment catholiques.

Wadi Dawan
 
vendredi 12 novembre
Départ au goudron. On passe à Hawra. Direction sud-est. Beaux villages. Oued raviné, en terre ocre, belle falaise, puis grand plateau désolé.
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Jacques a les points GPS du passage de Bernard dans le coin. Le but est de trouver la piste pour aller rejoindre le wadi Dawan.

On pinaille. Le point de départ n'est pas bon. On roule en tête et d'un seul coup Joss pose la voiture, court à la fenêtre du Land et hurle de tout arrêter car on va casser les voitures si on roule dans des cailloux comme ça...

En fait, le guide de Bernard ne connaissait pas non plus le passage et il a pinaillé dans toute la plaine. On finit par trouver la piste, très importante mais caillouteuse. Poussière, tôle ondulée.

Après quelques heures de galère (le paysage n'est pas terrible) on débouche enfin en haut d'une falaise de 200 mètres au moins. Et là, émerveillement : on domine le wadi, les villages sont extraordinaires, bâtis en terre, un étage, avec des terrasses bleues ou vertes. Des palmeraies, des cultures en damier (sèche en cette saison).

Les villages sont collés à la falaise pour laisser la meilleure place à l'oued et aux cultures.

Jacques suggère à Puthod de bivouaquer sur place pour profiter des lumières matinales. La seule réponse qu'il obtient est la fuite de Puthod avec une partie du groupe.

Le fossé qui sépare Jacques de Puthod se creuse encore un peu, mais on s'en fout car on a de moins en moins besoin de ses "sévices". On part sans lui explorer le haut de cette magnifique falaise.

On part à 5 (sur 8) voitures pour atteindre un point panoramique de la falaise. Cheminement compliqué, car de nombreuses failles barrent le passage. Mais ça valait le coup, vertigineux et grandiose.
On rejoint les autres en descendant une piste hyper raide pour atteindre le fond du wadi. Bivouac à côté d'un village, dans une palmeraie. C’est vendredi, on est à côté du minaret, donc on bénéficie de deux ou trois heures de prière...

Moustiques mais bonne ambiance. On discute assez tard avec Jacques l'ancien, Françoise, Pascal, Jackie...

samedi 13 novembre
On décide de circuler séparément dans le wadi afin d'être chacun son rythme pour les photos, les visites...

Les trois Lands restent ensemble et remonte le wadi. Les villages sont somptueux, les maisons de terre sont peintes de motifs de couleurs. Certaines ont l'air luxueuses. C'est un enchantement. À part la saleté, les poubelles, les odeurs. Le Yémen est sans doute le pays le plus crad que j'ai traversé à ce jour !
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Les femmes sont toujours voilées en noir avec parfois un bandeau brodé ou un bijou sur le nez pour resserrer la fente du voile. Dans les champs elles sont le chapeau pointu. On dirait des sorcières d’Halloween. Les hommes nous regardent indifférents. Les petits garçons s'approchent et les petites filles sont terrorisées et fuient.

Jacques cherche du miel. Le meilleur du monde d'après le guide. Nombreuses ruches (petites caisses où tonneaux posés sur des pieds, bien rangées, couvertes de bâche). Impossible de trouver du miel. On finit par trouver un commerce qui en vend, mais il n'ouvrira pas avant 16 heures.

Rendez-vous avec les autres à 14 heures à Seef, gros village plus bas. Sans point GPS, les voitures s'éparpillent sur 15 km ! Ça nous laisse le temps de visiter. Direction Shibam dans le wadi Hadramaout où on arrive avec les lumières du soir. Ville incroyable, très ancienne (voir le guide). Maisons et immeubles en terre, nombreux étage, ruelles hyper étroites.

Jacques, qui a vu une photo de Shibam prise par Bernard, part dans la falaise pour retrouver ce point de vue

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Shibam
 
Bivouac un peu plus loin. C'est la fin du ramadan ce soir. Demain fête de l’Aïd sérir. Comme d'hab, on est à proximité des minarets. On gagne donc en prime quelques heures de prière...

Après ça, si on n'a pas la rédemption chez les catholiques, on l'aura certainement chez les musulmans.

dimanche 14 novembre
Les deux Christian et leurs femmes veulent retourner à Shibam. Le reste du groupe part pour Sayoun à environ 20 km où ils doivent nous rejoindre.

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Village sans grand intérêt, on les attend plus de deux heures, sans savoir si on s'est bien compris. La tension monte. Tout le monde me tombe dessus pour savoir ce qu'on fait. Une fois de plus, je me retrouve de facto chargé du groupe pendant que le "prestataire" n'en fait qu'à sa tête.

Comme le voyage est une succession d'attentes, de contretemps et de frustrations pour ce que l'on a raté, c'est une cerise de plus sur ce gâteau déjà bien encombré.

On décide de filer jusqu'à Tarim, le village suivant, au cas où ils ne se seraient pas arrêtés à Sayoun. Personne. Ça gueule fort. Finalement. ils nous rejoignent.

Monstre engueulade à midi à laquelle je ne participe pas, trop énervée. En fait c'était la fête à Shibam et ils se sont bien marrés, donc il n'y avait pas d'autres solutions ...

Tension dans notre voiture, j'ai le moral au raz des chaussettes. Tarim, à part une belle mosquée, rien à signaler.

On prend une piste vers le Sud, on va rejoindre l'océan Indien à environ 300 km. Goudron, puis piste dans un oued. La piste est entièrement pavée de boules de pierres rondes. Il a fallu un boulot d'enfer pour obtenir ça. Mais quand même, pour un pays pétrolier, on voit bien qu'ils n'ont pas inventé le goudron.

Belles couleurs, belles oasis, puis montée sur un plateau caillouteux. Bivouac dans des gros pavés noirs. On entend un moteur style pompe au lointain. On voit des lueurs.

Feu chez Joss. Puthod essaye de rattraper le coup pour ce matin. Langue de bois comme d'hab : promesses de "gars con".

lundi 15 novembre
Puthod, qui au début ne voulait pas voir l'Hadramaout, veut maintenant allez encore plus loin en direction du Rub al Kali.

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Jacques lui fait remarquer qu'on n'a absolument pas le temps. Décidément, les 2 points de vue s'éloignent encore un peu plus ...

Pas sûr de cette piste qui part trop à l'est, on retourne au dernier village. Quelques gars nous confirment qu'il faut suivre cette piste. Plus loin, on passe la montagne, et on tombe sur une station pétrolière (celle qu'on entendait cette nuit) la police nous accueille avec le sourire : ils nous ont cherché toute la nuit ! Sympas, ils nous escortent pour nous mettre sur le bon chemin. On arrive sur l'océan Indien à l'est D’Al Mukalla.
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Belle plage, baignade, l'eau est bonne. Vagues, piquenique, farniente, des centaines de crabes blancs, oiseaux style échassiers. Des Yéménites viennent se baigner : les hommes et les garçons en shorts, les petites filles en robes longues et manches longues, et les femmes tout en noir et voilées vont se poser 500 mètres plus loin, assises à l'écart de l'eau.

On roule sur la plage jusqu'au premier gros village, suivi par la police, très sympa. Très belle lumière. Oiseaux. Un monde fou sur la plage du village. (C'est encore la fête de l’Aïd)
Station-service. On se lave aux robinets prévus pour les ablutions avant la prière ! À côté d'un lieu de prière où deux petit garçons prient.
La police nous emmène dans un coin de bivouac. C'est un chantier de construction. la plage est inaccessible, trop mou. On craint la marée le lendemain. On reste sur la piste, sauf Christian et Pascal qui restent en bas, coincés entre la mer et un talus.

Pas un seul habitant ne vient nous voir. Vraiment les Yéménites ne sont pas casses pieds. Parfois curieux, mais discrets et repartent tout de suite. Ils ne demandent jamais rien. Les Yéménites du sud sont moins fermés que ceux du Nord. Sourire, bonjour.

Al Mukalla
 
mardi 16 novembre
Al Mukalla : grosse ville portuaire. Jean veut acheter un pneu. Courses sur une place : bananes, oranges, mandarines, tomates, oignons, melons, pain...
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Les gens sont sympas, discutent. Les fenêtres sont bordées de rideaux blancs brodés.
On attend quand même plusieurs heures le fameux pneu. On se perd en sortant de la ville.
On roule en longeant la côte. Zone rocheuse, jolie plage. À un contrôle, les flics n'ont pas du tout envie de nous laisser continuer seuls... On leur force un peu la main. Le poids de la feuille de route est important.

Piquenique dans les rochers, baignade. Nombreuses traces de tortues sur la plage et quelques carcasses. Christian part chasser et ramène un poisson. Il a vu plein de grosses murènes.

La route traverse un erg qui part de montagnes noires et volcaniques et meurt dans la mer.
Panneaux nombreux indiquant que la zone est minée, séquelles de guerres civiles incessante dans ce pays. On profite de baraques de pécheurs pour rejoindre la plage et on roule.

Superbe. Beaucoup d'oiseaux, des milliers de crabes. Rencontre avec des gars sympa qui nous emmènent voir des murènes.

On quitte la côte pour contourner une montagne. Jacques a repéré sur la photo satellite un volcan avec un lac tout rond. On y va. Beau petit lac avec la mer au fond. (150 mètres de dénivellation). Dommage, il n'y a plus beaucoup de lumière.

Bivouac vers Bir Ali sur la plage au pied d'un gros cap rocheux.

mercredi 17 novembre
je me lève à 5 h 30... Ciel nuageux, rouge, superbe, éphémère.
On a décidé de traîner jusqu'à 9h pour laisser la marée descendre, car on doit encore rouler sur la plage.

Petit déjeuner. Tout le monde dort encore. Calme, baignade, visite d'une petite dame qui veut nous vendre des coquillages, des coraux, des pagnes, très marrante. Je lui achète un pagne (200 rials = un euro).

Des pêcheurs viennent nous voir avec leurs barques. Sympas.
Jacques monte au sommet de la montagne. Un chemin a été taillé dans la falaise. Au sommet, ruines d'un village. Christian est allé chasser et a ramené pas mal de poisson.

Hier soir Puthod nous apprend que l'ambassade de France de Sanaa refuse de nous faire la lettre que réclame l'Arabie Saoudite pour nos visas. Ils veulent qu'on s'adresse au Quai d'Orsay... Ça promet.

On va essayer d'être là samedi après le congé musulman.
On avance, toujours à l'ouest, de 30 km au goudron. On essaye de rejoindre la plage en traversant une zone de dunettes et d'herbe à chameaux. Après avoir dégonflé on y arrive seul avec Pascal. Les autres ont reculé et préfèrent contourner.

À midi, on a mangé sur la plage, la marée était encore haute, les tables étaient au ras des talus de coquillages, les pieds léchés par les vagues. C'est la zone qui sera ravagée 38 jours plus tard par un terrible tsunami ...
Tout le long on rencontre des pêcheurs sympas et souriants.

On roule sur la plage jusqu'au soir à l'exception d'un cap qu'on doit franchir par la piste sableuse. On aide un autochtone qui s’ensable régulièrement (4x4 avec faucon qui l'accompagne, pas de plaques ni de sangle). On le pousse plusieurs fois. Là, ça ne les gêne pas qu'une femme mette la main à la pâte.

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Beaucoup d'oiseaux dont certains restent en flaques sur la mer. Des centaines. On roule jusqu'au coucher du soleil. Tout rond, tout rouge, face à nous. Très beau contre-jour.


Awhar
 
3 cadavres de tortues. Bivouac près du village d’Awhar. Des gars viennent nous voir, sympas, discrets, et nous demandent " français ? Jacques Chirac ! Zinedine Zidane !". Les deux personnalités internationalement connues.

jeudi 18 novembre
J'ai bien dormi cette nuit. Jacques et Pascal se baignent. Des gars passent et veulent nous vendre du poisson (on n'a rien pour le garder) et des coquillages (il y en a plein la plage). Comme ils sont sympas, je leur donne un sac de vêtements que j'avais prévus pour l'Éthiopie. Je ne vais pas rentrer avec.

Passage à Awhar pour le gasoil et le pain. Village incroyablement sale. Beaucoup de mecs. Avec leurs Kalachnikov. Même des gamins de 12 ans sont armés...

Je pars avec Jackie et Malou à la recherche de pain. Les gars, assis sur leur tas d'ordures, nous indiquent gentiment le chemin d'un geste de Kalachnikov...

En fait ils ne nous ont pas compris et nous ont envoyé dans un restau...
Je ne raconte pas : immonde... Le gars fait frire des trucs bizarres et nous propose de nous asseoir au fond (sans doute la salle des VIP). On remercie aimablement. Pendant ce temps une foule compacte s'est agglutinée autour des voitures (que des mecs, comme d'hab).

La police vient nous exfiltrer et nous emmène à l'abri au poste. Très sympa comme toujours, mais pour des raisons de sécurité, ils ne veulent pas qu'on fasse le wadi Awhar, au nord.

Christian toujours reporter dans l'âme, trouve les WC si dégueulasses, qu'il les photographie. Il est surpris par la maréchaussée qui déclenche une monstre histoire pour lui piquer son appareil. Les choses se calment péniblement.

On s'est foutu dans un sacré nid de poux sans s'en rendre compte ! Nous savions par Ali de Sanaa que la zone d'Aden n'était pas fréquentable, mais sans connaitre l'ampleur de cette zone, et nous y avons plongé trop naïvement. Les flics eux sont au courant et inquiets.

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Ils nous escortent avec mitrailleuse lourde et six mecs en armes. On prend donc le goudron plein Ouest direction Shaqrah.

Un véritable convoi présidentiel. Les gars font arrêter les voitures pour nous laisser passer. Ils s'arrêtent, compte les voitures, et nous doublent à fond la caisse. De vrais Rambo. À midi, piquenique sur une plage, (le dernier au bord de l'océan Indien). Avec nos gardes du corps toujours vigilants et sympa. Photos etc....

Ils passent le relais à leurs collègues de Shaqrah. Escorte moins impressionnante mais tout aussi efficace. Ils me surveillent pendant que je vais faire pipi derrière un arbre et on rattrape le convoi toutes sirènes hurlantes.

La discussion avec notre escorte n'a pas été claire et Puthod ne s'aperçoit pas qu'il a le soleil dans le dos et que notre escorte nous ramène dans la l’Hadramaout d’où l’on vient... Jacques doit doubler toute la colonne pour arrêter ce massacre et repartir su Sanaa

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Après une incursion dans un village poubelle pour acheter du pain, on mange vite vite et dodo. L'ambiance se glace elle aussi, tout On attaque une route de montagne hyper raide en lacets (nos flics nous ont abandonné au pied).

On est encore dans la zone pas terrible. On monte à 2 100 mètres pour un bivouac glacial.
le ciel au-dessus de nos têtes s'embrase de centaines de tirs de balles traçantes. On a la sensation d'être entre deux villages qui sont en guerre et se tirent dessus par-dessus nos têtes qu'on aplati le plus possible sur nos oreillers.

Personne n'ose sortir de sa tente. Les gars des villages alentours font joujou avec leurs kalachnikovs. Ça n'arrange pas les affaires de ceux qui claquaient déjà des dents à cause du froid. Contentieux ? Mariage ? ou les 2 ? Fête au village ?

Je dors avec le manteau.

Rock palace
 
vendredi 19 on novembre
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Premier contrôle, on récupère une escorte toujours sympa et vigilante. On remonte assez rapidement sur Sanaa. Rien à signaler. Région de cultures assez pauvres en cette saison sèche.

Avant d'aller à l'hôtel, on va wadi Darh, au nord de Sanaa.
Rock palace. Palais en architecture yéménite construit sur un gros rocher. Hôtel " Tourist City ". Même appartement (numéro 12) avec Pascal. Bonne douche. On en avait besoin. On était encore plein de sel de l'océan.

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On part en ville en taxi tous les trois. Les Dejonghe retrouvent leurs copain yéménite dans les affres du mariage : il est sur le point de déclarer sa flamme aux parents de sa dulcinée, mais la rencontre va avorter. Évidemment, Christian se passionne pour ce cas exceptionnel et multiplie les conseils et stratagèmes

J'ai repéré un restau sur le " petit futé ". Le gars du taxi cherche. On tourne en ville pendant une demi-heure. On trouve enfin, mais l'hôtel restaurant en question est fermé et à la place il y a la police touristique ou Jacques et Puthod avaient fait faire la feuille de route. Pas si futé que ça ?

Il nous emmène dans un autre restau sympa et propre, service et bouffe corrects, terrasse, jet d'eau, un peu frais. Téléphone à Laure pour son anniversaire. On laisse un message. il n’y a personne.

samedi 20 novembre
Réveil à 4 h 30 pour moi (grrr...). Lessive. J’étends tout sur le balcon.
Départ en force pour l'ambassade de France afin de forcer la main au mec qui nous refuse le courrier pour l'Arabie. Au début accueil froid. Il est vrai que Puthod les avait menacés d’un " sitting ". On nous laisse sur le trottoir... "Bon" accueil de Français par des Français...

Finalement ça s'arrange et il nous laisse entrer. Le gars est un type imbu de sa personne " moi je, moi je " Finalement une partie de la troupe dégage. Le vantard nous fait visiter son 4x4. On le couvre de compliments : avec ça, il peut monter sur n'importe quel trottoir de sa capitale ! (enfin, quand il y en a ...) et en rentrant chez lui, il peut la faire rutiler par ses larbins !

Il nous fait notre papier. On fonce à la banque payer les 50 rials par tête qu'il faut pour le visa.

Retour à l'hôtel. On mange notre bouffe dans nos caisses. On repart dans la vieille ville vers 16 heures. Très belle lumière, bonne ambiance. On bouffe des kebabs succulents sur le trottoir. Téléphone à Laure. Tout va bien là-haut.

dimanche 21 novembre
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On quitte et paye nos chambres. On doit être à 11 heures à l'ambassade d'Arabie Saoudite pour nos visas (l’heure indiquée lors de notre dernier passage). On arrive reçu comme des chiens. L'ambassade est fermée à 11 heures... L'horaire qu'on avait était celui du ramadan.

Puthod est chez Toyota pour sa voiture qui merdouille. On appelle le garage. Il n'y est plus. On l'attend. Pense qu'il vient vers nous rejoindre.

Au bout d'une heure on rappelle Toyota : il n'y est pas, ni dedans, ni dehors... On continue à l'attendre, en tout quatre heures sur le trottoir en face de l'ambassade.

Christian nous fait encore des siennes. Devant l'ambassade d'Arabie un gars habillé à l'américaine fait la queue pour rentrer : il le photographie, se fait repérer par un gosse qui va le dénoncer au planton de l'ambassade qui appelle les militaires.

Ils arrivent. Discussion. Il crie que ce n’est pas vrai, fait intervenir Jésia et fini par leur donner un film vierge. Mais ils ont quand même relevé tous les numéros d'immatriculation. C'est la troisième fois depuis le début du voyage. Il est incroyable ! Dans ces pays il ne faut jamais photographier le bâtiment officiel. Ils ont l’espionite aiguë.

Ce n’est plus tenable, on décide de retourner à l'hôtel. Puthod nous rejoint la gueule enfarinée et prétend nous avoir attendus chez Toyota. Il nous prend pour des imbéciles comme d'hab. Personne ne croira qu'il soit capable d'attente quatre heures... Pas de coups de fil avant 15 h 30... Alors qu'il avait prévu une boucle dans la montagne à l'ouest de Sanaa. Il l'a probablement faite sans nous.

Tout le monde est à cran, sauf Marylène et Christian toujours joviaux dans leur bulle, tout est beau et tout le monde est gentil...

On reste dans notre appart avec Pascal. Désabusés. D'un commun accord tout le groupe décide d'envoyer Puthod au charbon demain. Il s'occupera des visas...

lundi 22 novembre
Matinée à attendre le coup de fil de Puthod. Finalement on le rejoint à l'ambassade d'Arabie. Il est allé faire le visa de Jésia pour l'Égypte.

À midi on se retrouve et on part à l'Ouest direction Manakah. C’est un parcours de Jacques, donc on est devant. Route de montagne, beaux paysages, temps un peu couvert, cultures en terrasses incroyables. Beaux villages au loin mais ceux qu'on traverse restent toujours aussi sales.

Jumat Sari
 
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Piquenique à 2 800 mètres, qu’on a eu du mal à trouver dans des cultures en terrasse. Ça caille... On prend un oued direction nord pour rejoindre la route de Shibam du Nord. Déjà en descendant la route, la végétation a changé. Température plus chaude bananeraies, figuiers de barbarie.

Les gens sont plus noirs de peau. Vêtements colorés pour les femmes mais impression de pauvreté. À l'entrée du wadi on se regroupe. Des gamins viennent nous voir. Ils se baignaient en contrebas.
" Jumat Sari ", beaucoup de cultures, petits villages de pierre assez pauvres mais jolis. Gorge étroite, piste fréquentée par les locaux. Elle doit être impraticable à la saison des pluies.

Ils sont en train d'en construire une autre au-dessus du fond du wadi. Quelques photos, mais les femmes et les petites filles sont sauvages. Bivouac dans un village dans un champ de terre ondulée. On demande l’autorisation à des gars très sympa : pas de problème.

Comme c'est un parcours de Jacques, c'est lui qui trace, et comme d'hab', le bivouac ne plait pas à Puthod. Il part en chercher un autre ... puis revient sans rien dire.

Des gamins viennent nous voir, curieux. Après la distribution de bonbons, ils se tiennent à l'écart, et nous observent. Le cirque est au village ! Les deux jeunes restent à discuter avec nous. Jésia sert d'interprète. Ils sont gentils et intelligents, et la discussion est très intéressante. Elle dure d’ailleurs une grande partie de la soirée. Le ciel est couvert est noir. Des éclairs, mais après quelques gouttes de pluie, tout rentre dans l'ordre. Il fait chaud et lourd.

mardi 23 novembre
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Ciel couvert. Dommage pour les photos, car la fin du wadi est très belle. On retrouve le goudron. Route de montagne très belle, bien entretenue, toute neuve.

On roule au-dessus de 2 000 mètres. Malheureusement, des zones de brouillard nous gâchent un peu la vue.

Cette région est superbe. Village en pierres majestueux, cultures en terrasses, murs de pierre très bien fait. On se sépare, Puthod fait l’aller-retour à Sanaa pendant qu'on piquenique.

Kawkaban
 
On monte au village de Kawkaban à 3’000 mètres, construit au bord de la falaise.

Puis on visite le village de Shibam du Nord. Maisons contre la falaise, habitations troglodytes mais sale, très salle... On retrouve Puthod qu'on a envoyé à Sanaa chercher les passeports avec les visas.

On passe ensuite au village de Tilla. Superbe, assez touristique. Petit chasses-touristes sympas, notre guide est une fille : Fatima. 14 ans, tout en noir mais sans voile devant le visage. Mignonne, souriante. Parlant très bien le français. Elle parle 7 langues apprises avec les touristes. J'achète un panier à une gamine.

Bivouac de nuit à 2 850 mètres (altitude de l'aiguille de l'M à Cham), sur une aire de battage, propre et de basalte dure. Jean ne peut pas rester à cause de l'altitude. Il part avec Jésia. Au moment de se coucher, Marylène est oppressée : ils descendent avec Puthod et Jackie en pleine nuit bivouaquer plus bas. Il fait frais frais frais. Des camions passent, on est sur la piste qui mène à une carrière !

mercredi 24 novembre
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Ce matin la lumière est très belle sur les montagnes et les villages. L'air est limpide. Il fait beau au lever du soleil. Une femme et sa fille viennent ramasser les quelques graines qui restent dans notre aire de battage bivouac.

Elles n'ont qu'un petit ballet et un petit seau. Immense impression de pauvreté. Je leur donne un sac de vêtements d'enfant chauds plus stylos et savons. Elle m'embrasse la main.

On retrouve les essoufflés plus bas vers 2 500. On reprend la belle route de montagne et jusqu'à celle qu'on avait pris à notre arrivée pour rejoindre Sanaa.
Paysage toujours aussi majestueux : villages perchés. Quelques bancs de brouillard éclatent au soleil pendant la descente. On passe la frontière en fin de journée.

Yémen assez rapide malgré les fonctionnaires mâchant leur qat assis par terre ou allongés et la chique énorme. Vraiment, je ne m'y ferai pas !

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