dimanche 8 octobre
Sortie de douane à
Tunis exceptionnelle, le bateau avait quand même 2h de retard, mais on a fait
à peine 10 mn dans la cale, et 5 mn sur le quai, on aurait dit qu'ils voulaient nous chasser.
75 l de gasoil à
Tunis à 4.15 TUD, soit 30 TUD, compteur à zéro après 454 km, on va rouler par
2, moi je suis avec Christian
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Dejonghe, on se retrouve à la douane en essayant de faire du non-stop, à tout à l'heure. On est partis de la station un peu
avant 17h30.
Il semblerait que les Libyens emmerdent avec les papiers, on s'attend à ce qu'ils exigent une invitation et la présence d'une
agence de tourisme, on va essayer de passer la nuit avec des « papiers Puthod ». Ça s'annonce comme d'hab'.
19h15, je suis au périph' de
Kairouan, ça roule assez bien. Dîner en 30 mn au restau de
l'Escale, super brochette, bien bonne, mais vite fait. On est repartis comme des bêtes.
23h15, on passe à
Médenine
lundi 9 octobre
0h10, on rentre à
Ben Guerdane, 553 km depuis
Tunis. Le change
est à 23, soit 138 DL pour 600 Frf
0h50,
Ras Jedir, 589 km
1h25, Sortie de Tunisie
À la douane Libyenne, on a donné 500 FRF pour les plaques et l'assurance, environ 75 DL au cours officiel, et j'ai payé le
carnet de passage en douane 50 USD. Les formalités sont cool, à peu près comme d'habitude, personne n'a parlé d'agence de
voyage. Un groupe a englué nos 3 collègues d'avant, nous on est passé dans des conditions normales, sauf que le type de la
banque avait très sommeil, et qu'il est allé dormir au milieu du boulot. La banque est maintenant en dehors des garages, en
face, l'assurance a changé d'endroit, mais toujours à 500m plus loin, et le carnet de passage en douane est à côté de
l'assurance, les plaques sont à la place des douaniers. On n'a pas eu de fouille du tout.
2h50, j'attends Christian D. qui a bientôt fini, et on va partir
3h premier barrage de sortie, Passeports. 2ème stop un peu plus loin, registre pour les touristes : ils n'ont pas l'air
méchants.
3h05, ça a vraiment l'air fini cette fois.
Bivouac juste après la douane, sur indications de C. Puthod : pratique mais sans plus
Le matin, départ à 9h20, très très lent, p'tit déj' avec un soleil assez chaud, j'ai été réveillé par la température dans la
tente, le soleil était en plein dessus. On y va tranquille, et faire les courses à
Zouara. Le
bivouac a été vite trouvé, mais il est aussi à vite oublier.
J'ai attendu au moins 2h à
Zouara, parce que Christian D. voulait téléphoner à Yves, C. Puthod
voulait téléphoner à une agence de
Serdelès. Je me suis assis sur le trottoir avec 2 vieux à
l'ombre, un Tunisien est venu discuter, et les autres m'ont offert le thé. Il n'y avait plus une goutte de gasoil à
Zouara.
Il est 12h20 et on vient à peine de faire du gasoil, il n'y a pas d'avance ce matin. Pendant qu'on faisait le plein, Paolo a
arrosé ses bidons et ses sacs de vêtements, et j'ai découvert Lia en train de jurer en italien tout en nettoyant ses sacs,
c'était formidable. Je n'ai pas voulu la clouer net avec le caméscope.
Voilà, ce qui devait arriver est arrivé. On a fini par se paumer, et je me retrouve avec 2 Toys derrière moi, C. Puthod est allé
nous chercher une plage pour le piquenique, Christian D. est derrière avec Vittorio. Fin d'alerte, au piquenique ils nous sont
repassés devant, Ils s'étaient arrêtés juste après la station, ils fricotaient leurs réservoirs et nous ont laissé passer sans
signe.
16h08
Abbuzeyan. Au premier carrefour il y a un petit jeune qui a fait un drôle de truc, il a
ramassé tous les passeports, il est allé voir le chef, et il nous a tout rendu. On est repartis.
Dîner à
Gariyat, rencontre avec des Chamoniards qui font
Katrun Tilemsin en 15 jours
Bivouac à
Ash Shwayriff, après une divagation lamentable au carrefour.
mardi 10 octobre
⏯️
⏯️
Ce matin, lever de soleil à 6h, départ à 8h cool, C. Puthod est parti il y a 1h1/4, on le retrouve à
Sebah, il veut se renseigner sur des billets d'avion, et je ne sais pas quel bordel avec quelle
agence, il n'y a pas moyen de le faire avancer, on a rendez-vous avec lui au sud de
Sebah un peu
avant la patte d'oie de
Traghen, on va voir si on le trouve, ça serait marrant qu'on le
trouve.
Au p'tit déj' j'étais tout seul, j'ai mis les lunettes de soleil, j'ai sorti OziExplorer, je me suis amusé à regarder ma trace
sur le goudron, c'est absolument passionnant, mais enfin ça commence à me gratter, j'aimerai mieux qu'il y ait autre chose à
regarder. Nuit de pleine lune, bien étoilée, belle clarté, presque pas de vent, un petit coup dans la nuit, mais ce matin le sac
était tout mouillé
Ils ont mis un feu rouge à l'entrée de
Sebah, mais c'est encore bien plus dangereux que sans le
feu, personne ne le regarde.
À la sortie, je découvre une gare routière avec de nombreux camions brousse dont un démarre, avec un chargement magnifique. Je
me précipite, la lumière est formidable, je mitraille 12 photos, et je me rends compte que je n'ai pas de pellicule dans
l'appareil.
Encore un rendez-vous foireux, C. Puthod est allé attendre 2h au carrefour de
Traghen, il
prétend nous avoir dit au carrefour alors qu'avant c'était dans les arbres qui précèdent.
Je prends un stoppeur louche, j'achète 2 melons à
Goduah qui sentent drôlement bon, je ne sais
pas ce que ça va donner mais je te raconterai. Je fais les pleins à
Traghen : 223 l en bidons,
29,45 DL
La route de
Katrun était tellement dég' que j'ai fini par dégonfler et sortir dans le sable, je
regarde de loin mes collègues qui se font secouer les tripes sur le goudron.
Bivouac contre les maisons de
Katrun.
Carte IGN 1/1'000'000
Djado
mercredi 11 octobre
Plein à
Katrun, 27l pour 218 km : 12,4 l/100. On se sépare de nouveau, C. Puthod nous donne un
point au large de
Tadjeri, 4 voitures font les formalités de sortie, C. Puthod et Vittorio
s'échappent : 3h30 de formalités.
Un pseudo guide interprète nous a proposé un forfait pour 15 DL/personne, on s'est fait taxer 5 DL/voiture pour frais divers. Il
nous fait visiter le vieux fort, mais dont il ne reste pas grand-chose ...
⏯️
Derniers pleins à
Tadjeri, je remets 7l, mais j'oublie de remettre le compteur à zéro. Un flic
fainéant vient nous demander de passer le voir pour formalités. Après concertations, on se sauve sans lui. Après 10 km sud, on
vire ouest, on se fait une sebkra et un champ de patates de 5 km assez minable d'ailleurs, on s'est faufilé entre 2 dunes pour
passer un léger cordon à l'Ouest des patates. Il semble impressionnant, mais en fait est troué de partout.
On se fait une zone de mous d'au moins 20 km pour rejoindre le point de rencontre, puis 100 km sur un billard impeccable à 90 /
100 km/h sans problème, et on trouve quelques petites touffes rases. Il fait une chaleur à crever, on est passé très rapidement
du Nord où ça caillait encore, on fermait les fenêtres, et là je ne sais plus laquelle ouvrir. J'ai mangé 1/2 melon et il a tenu
toutes ses promesses le bigre. Il m'en reste.
On n'arrête pas de croiser des traces fraîches, j'en ai vu au moins 200, toute clairsemé l'une après l'autre, ça s'étale sur 100
bornes, avec un cap +-200. Super coucher de soleil sur les premières dunes, bivouac peu après dans une jolie niche de dune en
arc, avec quelques caillasses très chocolat sombre
jeudi 12 octobre
Beau plantage de canard, avec 3 fois les plaques : il y avait une belle bosse pour aller voir le paysage, mais très molle. Elle
ne descendait pas. On est encore à 140 km de
Salvador, et on circule dans un système dunaire
ondulant avec quelques flancs mous. Plusieurs plantages. Il faut contourner ce massif un peu Sud, mais les gassis sont chargés
de caillasses pénibles. Pour l'instant on est en limite, on circule en bas des dunes. À 10 km de
Salvador, dernière dune puis immense plateaux de cailloutis à 25 km/h. C'est assez sinueux, il
faut contourner pas mal de cailloux, mais c'est encore sable. 1 km après la dernière dune on retrouve des traces qui viennent du
Nord, zone de mous
Belle trace en descente, jolie passe pas trop compliquée, probablement un peu chiante à remonter. C'est beaucoup plus vaste
qu'
Anaï, la falaise s'effondre d'une manière très molle, lente, il semble y avoir plusieurs
points de passage, celui-là n'a pas l'air mauvais du tout, il y a une base en sable, la pente est relativement douce. On
retrouve une piste bulldozer bien faite, en bon état qui facilite la remontée. On trouve 3 petits arbres qui pourraient bien
cacher un puits. Plusieurs bidons, ça doit être fréquenté, feuillage bien vert. Il y a aussi une piste d'aviation, bien dégagée
au bulldozer, lisse sans un caillou.
La piste devient de plus en plus importante, on récupère beaucoup de traces qui viennent du nord. J'ai derrière moi un très
grand cirque de sablé dans lequel il y a probablement des passes. Je suis à mi-chemin entre le sablé et un cap qui descend plein
Sud. Piste souvent à 4 voies qui roule très bien, souvent en 4ème. Un peu de mou de temps en temps avec un coup de seconde, tout
baigne. Gonflé 1,8 c'est impeccable.
Ça fait un moment que je ne sais plus où loger les cailloux qui dépassent. Je viens de m'arrêter pour voir où mon Land a mis ses
couilles : bonne nouvelle, il les porte à droite, donc je dois mettre les cailloux sous les couilles du chauffeur ... On passe
une putain de descente à fond de seconde et j'ai encore failli rester en bas, une vraie horreur, je te jure que pour monter ça
tu dois être gonflé à 500 gr. On vient de se faire 1h30 d'attente car les 2 Christian étaient enchorbattés dans la descente, le
pauvre Hilux était complètement vautré dans la trace, il ne pouvait plus en sortir, il a dû faire 40 fois les plaques ou un truc
comme ça. Il faut quand même que je te dise que tout à l'heure, pendant qu'on attendait les Dejonghe, il faisait 42 à l'ombre,
et eux ils se sont brûlé les pattes en remuant le sable sous les bagnoles.
On semble sortis d'
Achélouma, on est sur un plateau assez étroit, peut-être 3 kil, et maintenant
je suis de nouveau dans la descente, dans un creux un peu mou, ça me secoue les tripes. Au point 17 on abandonne la trace et on
s'en va au fond vers une dune, je me demande si on n'est pas dans la
vallée des gueltas. On
s'arrête et C. Puthod me demande 1 ou 2 points GPS pour éviter
Zouzoudinga. Je lui en donne 2, 1
pour l'entrée de l'
Enneri Blaka, l'autre sur
Zouzoudinga qu'on
veut éviter. Au point 18 on retrouve une trace, et à mon avis on la prend dans le mauvais sens. Puisque j'étais en voiture
balai, je remonte toute la caravane au galop pour stopper C. Puthod qui fonce droit sur les flics de
Zouzoudinga. Je ne te raconte pas si on était arrivé à
Zouzoudinga ...
Le chef avait pointé l'entrée du
Blaka et le puits de
Zouzou, il
les a appelés (par flemme ...) A1 et A2, puis après il ne s'est plus rappelé, alors il a visé A1, et on a foncé sur
Zouzoudinga, au lieu de rentrer dans le
Blaka, après avoir lâché
2 pistes formidables. On a fait demi-tour et trouvé un bivouac dans un petit croissant de sable, d'où on repartira sur
Blaka, mais il me fait peur ...
vendredi 13 octobre
Au point 19 on reprend la piste au même endroit qu'hier, dans un petit collu de sable très agréable avec des montagnes au fond
de chaque côté ! un joli petit soleil, des belles ombres, les cailloux sont noirs, le sable est brun clair, caramel et chocolat
en fait : fabuleux
Point 20 : on est sur un petit col à 300 m à l'ouest d'un gros bitard, qui fait partie d'une chaîne qui semble être Sud-Est et
on découvre une nouvelle vallée devant nous
Alors le point précédant c'est manifestement l'entrée dans l'
Enneri Blaka, on a dû rater
l'entrée de la
vallée des gueltas de 4 km, l'entrée est planquée, il faut probablement monter,
j'ai vu des cairns, C. Puthod aussi, ça passe peut-être. Je vais aller regarder dans 12 km si on voit la sortie que j'avais
prévu. C'est purement théorique.
Point 21, rencontre avec un chameau en Toy et 3 Toubous qui font dieu sait quoi dont un qui parle pas mal anglais
Point 22, je suis à un carrefour, ça semble être l'enfilade que j'avais choisie, on est au pied d'un gros gros bitard, et on
investigue à la remontée, au Nord.
Point 23, je suis bien à l'extrême Sud-Est de la tache blanche.
À 1 kil' au Sud de la tache blanche, on commence à trouver des arbres, un peu petits et rabougris, mais j'en ai une vingtaine
devant moi, et il y en a également le long de la falaise, un peu plus loin à 2 kil' sur ma gauche. Je ramasse une selle de
chameau. Le bois est buriné de vent et de soleil. Elle est bancale et attendrissante.
Point 24, étroiture où on a pris un piquenique. Christian D. constate que son réservoir d'eau fuit : même panne de l'année que
l'an passé, la réparation n'a pas tenu. En grand émoi, il a transvasé son eau dans 3 bidons percés donnés par Vittorio, Ça a
déconné à mort, on s'est aperçu que Denis était un vrai branque, et même un fléau, il perd tout, il casse tout, il fait
n'importe quoi : une vraie terreur. Je l'ai vu enterrer ses boites, sans les brûler, avec moins de 2 cm de cailloux, c'est resté
tel quel, il s'en fout. La pipette de sortie du réservoir de Christian D. est mal centrée dans le trou de la carrosserie, le
réservoir n'est pas fixé et il arrache sa pipette régulièrement, ça lui est déjà arrivé l'an passé mais il n'a rien changé.
On roule sur une espèce de terrasse en bordure de l'Enneri, le fond de sable est assez largement à ma droite, et probablement la
trace que j'avais dessinée est dedans, mais on n'est pas dans le fond de la vallée.
Il est 2h1/4 et je suis écrasé de chaleur, c'est vraiment un four ce truc, il y a une poussière pire que le brouillard de la
vallée de l'Arve, il n'y a plus rien qui bouge, je suis complètement avachi à mon volant en
train de me faire secouer la cervelle qui est déjà toute liquide, c'est terrible.
À midi, mes tomates étaient un peu secouées, j'ai dû les laisser sur le bord de la route. J'ai eu le tort de les avoir enfermées
dans un plastique, donc elles ont un peu fermenté. J'ai regardé mon 2ème melon, il était un peu secoué aussi, alors je lui ai
fait la peau et je me le suis enfilé entier. Il était vraiment bon, ça c'est sûr, mais quand même ça fait un moment qu'il essaie
de descendre ...
Je suis au point Blaka 14 (
Laodémi), il y avait des campements sous les arbres, ça avait l'air
assez attirant, mais aux jumelles un type cachait une Kalachnikov derrière son dos, alors on dégage.
Le point 25, c'est 1km après le gros bordel, évidemment avec C. Puthod on est encore tombé dans une gonfle : on a aperçu des
cabanes sous les arbres, on s'est approché gentiment pour dire bonjour, c'était à moins d'un kil' à gauche sous les arbres donc
on s'est engagés. En s'approchant on commence à voir une petite agitation. C. Puthod sort les jumelles et découvre un type qui
planquait une Kalachnikov dans son dos, il nous fait donc signe de se barrer vite fait.
On est allé se planquer dans une petite dépression à 3 kil'. Là ils nous ont rattrapés avec un Toy pourri avec un sigle des
Forces Armées Révolutionnaires du Sahara (FARS) et une mitrailleuse lourde. Ce n'est pas une "fars" du tout !
C'est l'armée Toubou qui vient de pactiser avec l'armée officielle du Niger. Leur arrivée à crée une certaine tension.
J'essaie une conversation aimable sans résultat. Leur Toy avait une roue avant complètement défoncée et ils nous la montraient
avec insistance. Je propose le gonfleur mais ils refusent. Peu de compréhension à cause de la langue. Ils demandent le chef. C.
Puthod se désigne. Ils me ramassent parce que je baragouinais anglais avec l'un d'eux. Un mec armé dans nos 2 voitures et nous
retournons à leur camp pour discuter.
⏯️
Ils stockent C. Puthod devant une case effondrée, lui disent de ne pas bouger, et ils m'emmènent voir leur chef resté à l'écart.
Le type est un peu affable, mais distant. Il demande pourquoi nous nous sommes enfuis. Il m'explique que je dois aller dépanner
son Toy resté avec les 4 autres voitures. Il fait venir C. Puthod vers lui et je repars.
J'arrive en pleine tension. Je ne sais pas si les autres ont essayé de fuir, mais l'ambiance le laisse penser : Ils ont menacé
Michel avec leur arme. Il faut plusieurs tours de table pour que Michel propose sa roue de secours en râlant. Christian D. qui
en a 2 (de roues de secours ...) sort la sienne et l'ambiance se réchauffe.
Au camp, on retrouve
Yousouf, féru de belles lettres, citant Chateaubriand et la discussion s'installe. Pas de
vidéo quand même. Ils nous amènent leur roue crevée. Je sors l'outillage, on s'impressionne réciproquement en démontant le
cerclage, mais la chambre est définitivement morte. Pas de rechange possible car leur jante exige une valve extra longue. Il
faut alors « offrir » la roue de Christian D. après avoir décidé de partager les frais en 6.
Echanges d'adresses, Paolo prend celle de
Youssouf sur un petit calepin ...
Youssouf
passe commande de 2 titres de Chateaubriand, mais nous ne pouvons pas partir. Sans explications. Ils nous disent enfin qu'ils
ont vu un camion arrivant du Sud et qu'ils doivent les prévenir de nos bonnes intentions ... Un Mercedes M32 arrive avec une
trentaine de passagers, candidats pour une entrée « discrète » en Libye. Que se serait-il passé lors d'une rencontre improvisée
?
Départ, enfin. Peu de candidats pour la voiture de queue.
Bon, c'est vendredi 13 : on a eu de la chance ... mais je ne sais pas si je vais revenir.
J'apprends plus tard sur internet que
Youssouf s'appelle
Lougoum! et qu'il est l'adjoint de
Chahai Barkay : Ils vendent du gasoil (775Frf/200l) pour se financer. Si Vittorio l'avait su !
Au point 26, je suis dans un petit étranglement. Je m'étais un peu engagé, maintenant j'ai fait un virage, je dois rouler
presque Sud.
Peu après, on trouve un bel édifice en
kiosque de sous-marin (est-ce celui de
Frison-Roche ?) belle dune, ambiance intime, belles couleurs de soleil couchant.
C. Puthod disparaît sans paroles. On se concerte pour chercher un bivouac, et tous d'accord on démarre sans C. Puthod. On
découvre alors 2 Toy au pied de la falaise, nos sangs se glacent ... Jumelles, feu de bois, troupeau de chèvres, piétons sans
armes, ouf. Mais prudent on passe loin sans dire bonjour.
On va s'encoigner au sommet d'un vallon, en plein cailloux et en pente. C. Puthod arrive et critique l'endroit. Je repars avec
lui, on trouve un fond de dune assez beau, avec un acacia plein de caractère, des coloquintes fraîches. Les autres ne bougent
pas. Je bois mon Sprite au sommet de la dune.
Je remonte au crépuscule voir les autres : ils sont tous installés et font siffler les oreilles de C. Puthod. Je redescends et
trouve Denis en train de ronfler. Je partage mon bœuf aux carottes avec C. Puthod. Nuit en chambres à part.
samedi 14 octobre
Point 27, on laisse un large bras, probablement le bras principal, sur la droite. C'est une erreur qu'il faudra réparer plus
tard.
Tu vois comme il est C. Puthod : hier soir on devait probablement être au
sous-marin, site de
gravures rupestres réputé, que Frison Roche a visité en 1960. Il est parti tout seul sans rien dire pour voir s'il y avait des
gravures, nous sans savoir où on était on l'a attendu un moment puis on est partis au bivouac.
Il n'a rien trouvé et est revenu sans rien dire non plus au cas où on aurait essayé de les trouver nous-même, (comme la grande
arche d'Aloba au Tchad, il y a 2 ans ...) et le soir il m'a dit que peut-être c'était le
sous-marin, mais c'était trop tard.
D'après Frison Roche, les gravures et peintures commencent à 15m. en hauteur, au-dessus de l'abris du versant nord. C. Puthod
n'avait aucune chance de les voir avec son handicap.
On est sorti de l'énneri carrément plein Sud, mais c'est faux, on aurait dû faire une baïonnette qu'on retourne chercher
maintenant.
Au point 28, on retrouve la trace directe
Blaka – Djado, d'ailleurs moi j'ai un point
dessus, c'était propre. Le chef vieillit : en ce moment il cherche un point à 42 km, il déconne complètement, dans un oued comme
ça il faudrait des points à 5 km. Ça le fait chier de les rentrer, son matos est pourri, pour rentrer un point, il doit le faire
4 fois parce qu'il a un faux contact quelque part, c'est n'importe quoi. D'ailleurs le point qu'il vise s'appelle A1 comme dab',
et surtout comme hier quand il a confondu A1 et A2.
Le point Blak22 est juste à 180 m. près. Il est dans une grande plaine avec un socle sable, quelques fois avec des ornières,
c'est probablement argileux, un peu défoncé, on roule entre 20 et 40 km/h.
On sent des petites frictions dans le groupe, personne n'est d'accord pour manger avant ou après
Djado, il y a les Indiens comme les appelle l'autre, Lucia est très très déçue de ne pas voir
les gravures, aïe aïe aïe.
Excellent piquenique à l'ombre juste avant de sortir de la falaise de
Djado, et là, la
discussion commence à devenir plus sérieuse pour un changement d'itinéraire :
Zoo Baba, Dirkou, Bilma, Gadoufaoua, etc. Il faut abandonner la
Tagrerra et un certain nombre de trucs puisqu'on ne peut pas tout faire, mais en fait il n'y a
pas de problème, la
Tagrerra n'est pas si loin que ça, et je peux y retourner, tandis qu'une
fois qu'on est là, descendre plus bas c'est encore mieux. Alors on verra : à tout à l'heure.
Oh là là, on vient de se faire une séquence hyper chaude à
Djado. On est rentré en plein
village, quand on est arrivé au centre on s'est ensablé, et là il y a je ne sais combien de mecs qui nous sont tombé dessus, ils
avaient décidé d'un racket. On s'en est tiré par hasard et seulement quand on a sorti le nom du
commandant Yousouf. Apparemment il est respecté ici, mais ça a été le bordel.
Il y a un excité qui a piqué mes clés, qui a fermé ma bagnole et qui a disparu en disant que j'essayais de m'enfuir, ce qui est
vrai d'ailleurs. Il a fallu attendre un bon quart d'heure avant qu'ils ne soient calmés. C'est son pote qui lui a dit de me
rendre les clés après avoir entendu le nom de
Yousouf.
C. Puthod avait flairé le problème avant moi s'était barré et n'est revenu qu'après. On s'est rassemblé en bordure du village,
j'ai filmé en douce le marché aux dattes. La palmeraie est grande et vigoureuse, et très habitée à la saison de la récolte.
C. Puthod a négocié avec le chef du village, j'ai embarqué un gosse comme guide. Nous avons contourné le marais central de
l'oasis pour l'aborder par l'Ouest, dans la partie inhabitée.
Nous sommes partis à pied avec le gosse pour visiter la citadelle par une température démente (47). J'ai pris tout mon attirail
photo vidéo, et les autres m'ont semé en route. J'ai eu toutes les peines du monde à ressortir du labyrinthe. Nous décidons de
passer la nuit à
Orida et d'emmener le gosse comme guide. Nous visitons
Djaba, miniature déserte de
Djado, avant de nous présenter au
poste militaire à 1 km au Nord, au pied d'une belle montagne nommée
Ouarek.
Palabres et navettes. On ne nous laisse pas approcher du camp, mais nous ne devons pas partir avant un accord complet. Nous ne
voulons pas laisser nos passeports (surtout Vittorio). C. Puthod laisse quand même le sien après ½ heure.
Nous repartons enfin, Ouest puis Nord, dans un décor splendide, comparable à l'
Ennedi, dans une
lumière lourde et chaude, chargée de brume, le long de l'effondrement du
plateau du Djado.
Grande plaine de sable blanc, dur et plat, hérissée de pitons de 10 à 200 m organisés en plan successifs soulignés par la
lumière et la brume. Nombreux arbres épars. Juste pour ajouter du vert aux blanc bleu Ocre.
Nous cherchons une petite arche. Le guide se paume, on la dépasse. Paolo a les points d'un notaire lyonnais qui parlent d'une
autre arche, grande et belle, et ajoute de la confusion. Le pèloto crépite, et pour trouver l'arche je menace le gosse d'une
voix grave de
cré-pétard : il s'effondre et me dit qu'il est très malade. Il réclame de l'aspirine. Je lui sors des dattes
de Nefta. Il tombe dedans et guérit dans l'instant. Quand je le freine avant la fin du paquet, il décide de les garder pour les
planter chez lui. Le soir je lui sort des noix de Grenoble fraîche. Même conclusion, il va en planter à
Djado !
Point 30, c'est la
source d'Orida. Formidable. Formidable source, découverte dans une cuvette
entre 2 pitons majestueux dans une lumière de soleil couchant, festonnée de végétation. 2 flaques, une pour le reflet de la
montagne et bordée d'herbe, l'autre plus profonde, avec plus d'eau. La douche aussitôt improvisée est inénarrable. Je me mets
une trentaine de cuvettes sur la tête, incapable de résister au léger frisson qui compense la chaleur torride de cette journée
(47 à Djado). La toilette qui suit est un délice. Tout semble absolument magique. On s'écarte de l'eau dans la crainte des
moustiques, et on trouve un bivouac à 1km entre quelques arbres. C. Puthod arrive en retard et reste égal à lui-même : le
bivouac est mal choisi. Il tente en vain de nous faire déguerpir.
⏯️
Formidable soirée. Enorme apéro pour nous donner le temps de nous raconter notre journée, suivi d'une
fondue savoyarde au Saint-Pourçain. Tout le monde rigole, Denis roule sous la table, ivre d'apéro et de
sommeil. Il s'endort là, au milieu de nos pieds ...
Carte IGN 1/1'000'000
Azaoua
dimanche 15 octobre
P'tit déj' avec notre guide. Début d'un grand débat sur le changement d'itinéraire. La conversation doit se tenir à l'écart du
guide pour ne pas clamer nos intentions dans tout le
Ténéré. Faut-il aller à
Chirfa, Bilma, Dirkou ? Plusieurs arrêt symposiums seront nécessaires pour que Paolo se
détermine. Il est contre. La règle est simple, sans unanimité, pas de changement. Nous reprenons l'itinéraire prévu. Paolo,
plein d'états d'âme veut quitter le groupe pour nous permettre d'aller à
Zoo Baba. Retour sur
Djaba et Djado.
C. Puthod m'envoie devant avec le guide et reprend son jeu favori en partant à droite quand je vais à gauche ... Il n'arrive
plus à monter les passes, donc je suis obligé de les redescendre pour retourner derrière lui. Rencontre avec un piéton armé :
c'est l'enculé qui m'a piqué mes clés hier à
Djado, qui rejoint le poste militaire à pied avec
son fusil. Le temps est en train de virer et prend des allures de vent de sable.
Période de flottement. Tout le monde est déstabilisé. Le groupe erre dans tous les sens, sans accoué. Le chef ne reçoit plus que
2 satellites et ne peut pas se diriger. Il m'envoie devant, moi qui en reçois 12, à la recherche de la piste qui sort de
Chirfa en direction du
Ténéré. On la rejoint au point 32, elle
part droit sur le
col des chandeliers.
Grosse tuile. Ce matin j'ai oublié de fermer mon couvercle et sur une bosse il m'a écrasé ma lampe : je suis dans le noir pour
le reste du voyage.
Point 33,
col des chandeliers, bien nommé car délimité par 2 gros chandeliers de pierre de 30 m
de haut, visibles de 10 bornes. C. Puthod quitte la piste pour se cacher un moment dans les rochers à gauche. On Entre dans le
Ténéré, et 5 bornes après le col, on trouve une épave du Dakar ; un camion allemand complètement
détruit avec des débris étalés partout.
Chaleur éprouvante. Christian D. s'est attaché un torchon de cuisine aux branches de lunettes pour lutter contre la poussière.
Il s'asperge avec son vaporisateur et glousse de respirer de l'air humide. Ça lui donne un look de ribouldingue et il insiste
pour que j'essaie tellement c'est bon.
Point 34, on a l'air d'être sortis des cailloux. Je croise une épave blanche, droite dans le sable, c'est une grosse moto
carénée, désossée, visible de 10 bornes.
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On traverse une zone de fech-fech assez sévère. Heureusement il y a un fort vent latéral, trop chaud d'ailleurs, mais je me suis
fait prendre par les fenêtres arrière ouvertes, c'est du vrai coton.
Point 35,
butte Thierry Sabine : 1 arbre mort, 2 arbres mourant, des cadavres d'oiseaux, et une
pierre gravée vaguement burinée. Mou pour plantage.
Je viens juste de manquer de traverser C. Puthod par les portières ; à 100 km/h il a vu un caillou et il a tourné. Moi
j'arrivais derrière, et on a eu très très chaud.
Point 36, au Nord-Ouest d'une bosse
Point 37, je ramasse un plateau et une meule, le tout en granit gris plutôt grossier (je l'abandonnerai plus tard à
Chiriet avec ma selle de chameau ...)
Point 38, bivouac en plein
Ténéré, après un plantage de C. Puthod
Carte IGN 1/1'000'000 Agadez
lundi 16 octobre
Départ cool. C. Puthod découvre une poterie presque entière. À 37 km du point de mire de l'
Arakao, je roule à 70 km/h et passe à côté d'un truc à plat sur le sable. Demi-tour et je découvre
une Tacouba presque entièrement découverte, à peine oxydée, avec les vestiges en laiton d'un étui. La bague
d'entrée de l'étui est à sa place près de la poignée, la pointe aussi.
C. Puthod qui a conscience que nous avons beaucoup d'avance sur le planning, traîne lamentablement. Nous finissons par le
larguer avec un point grossier vers l'
Arakao. On s'arrête aux premières dunes. Après 1h
d'attente, quelqu'un monte sur un sif et le voit stoppé à 2 kil. On se rejoint et il nous fait le caprice ridicule parce qu'on
l'a obligé à venir nous chercher ...
Point 39, piquenique dans l'
Arakao. On est tous éparpillés, chacun sous son acacia. Le mien est
complètement agréable, avec un petit air, pas vraiment frais mais petit air quand même, de l'ombre, de la bonne ombre. Je me
fais une sieste d'enfer. Dommage car je loupe un couple de Toubous avec leur bébé qui ont fait du commerce avec les autres. Ils
ont quelques chèvres et un point d'eau, mais quelle solitude. En sortant, on a rencontré plusieurs panneaux qui disent « réserve
intégrale, défense d'entrer », en français seulement. Je pense qu'il s'agit du sanctuaire d'addax.
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On remonte au Nord. Les abords de l'
Aïr sont encombrés de dunes. On s'en écarte de plusieurs km
à l'Est. Il ne reste que des dos arrondis qui passent bien. Puis le terrain s'anime et fini par se compliquer. Nous sommes
prisonniers de couloirs Est-Ouest.
Sur un sif, je plonge un peu sur mes gardes. Ça passe bien et je fais le canard en sortant du trou par le côté. Vittorio essaie
ma trace mais sans succès. Puis C. Puthod plonge et ne ressort pas. Michel suit et s'enterre. L'entonnoir n'est pas assez grand
pour tout le monde et la situation devient critique. Je me sauve avant de me faire lyncher. Point 40, bivouac.
mardi 17 octobre
Point 41, gassi avec 2 fois 2 petits bitards à l'Est
À 10h, grand spectacle. C. Puthod saute au fond d'un horrible entonnoir. Sortie en chemin de plaques en duo avec Denis, et
finissions à l'Unimog. Remarquable. Plus tard changement de clown. Sur un sif, C. Puthod décide de reculer, moi pas mais je le
paie cher : 3 fois les plaques.
Point 42, je suis au Nord d'un petit bitard. On merdoie dans un dédale infernal, C. Puthod se fait un immense entonnoir et
maintenant il est un peu fâché contre les dunes et on cherche à passer à l'Ouest de
Chiriet.
Derrière une petite dune, C. Puthod plante son pare choc dans un replis. Pelle et Unimog. Les mous deviennent pénibles. Moi j'ai
dégonflé à 1,2, ce qui me fera 0.9 ce soir. Le Land fait une trace à l'arraché jusqu'au gassi de bordure, et je gagne une heure
de repos.
Quand tout le monde est arrivé, on hésite à passer à la
source de Faris, mais le courage manque,
elle reste à 7 kil' dans la montagne. C. Puthod découvre dans ses cartons une superbe carte au 200'000, avec un itinéraire qui
date de 20 ans ... Le couloir qu'on prend est parfait et nous permet de rejoindre
Chiriet sans
problème. La lumière est bien belle.
Point 43, j'arrive sur le gassi de l'
Adrar Chiriet. On traverse sans histoire, assez pressés
comme d'hab'. L'ambiance est belle, les arbres omniprésents forment de longs chapelets tentants. Des milliers de traces de
chèvres, gazelles et chameaux traversent de la montagne au puits à gauche. Au Nord-Est de
Chiriet, on tombe sur 2 voitures. C. Puthod devient nerveux, il fait mine de ne pas les voir et
s'évade plein Ouest, à travers une vraie forêt d'acacias pour se laisser encercler par des dunettes.
Point 44, Bivouac pourâve au Nord de
Chiriet. Poussière et épines.
mercredi 18 octobre
Ce matin, gros caprice de Vittorio qui manque de gasoil et d'eau – tout ce qui ne lui manque pas c'est l'air et les habits
– Il veut descendre à
Arlit, Agadez ou Ifferouane, mais surtout pas continuer comme prévu.
La situation se tend lentement mais sûrement. C. Puthod se défend, mais envisage de sauter
Temet, ou de faire 2 groupes. Grosse pression pour savoir si je tiens toujours à
Temet, mais je résiste. (Heureusement !)
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Point 45, on est sur une piste qui semble-t-il mène à
Temet, elle est lisse comme la main. Elle
est dans une grande plaine qui occupe tout le Nord du massif de
Chiriet. Il doit se passer
quelque chose dans la gorge qui part en biais SW, mais nous ne nous en approchons pas.
On joue aux indiens. On a vu 2 voitures qui sont parties quand on s'est approché. Ce ne sont pas les mêmes qu'hier soir. C.
Puthod défend la thèse du bandit caché dans les dunes, donc il se sacrifie en passant devant, mais s'il klaxonne il faut se
sauver. Dès la fin de la grande plaine Nord, de petits cordons nous encerclent, mais la piste reste bien marquée dans un
corridor en zigzag.
Point 46, c'est un petit verrou très sympathique avec des rochers au milieu, c'est probablement le début d'un oued assez marqué,
creusé en gorge. Au-delà, il reste quelques obstacles, mais sans difficultés, puis tout se calme et devient lisse, quelque fois
mou. Nous roulons pleins pots. Le NautHilux ne peut pas suivre et se plante avec Michel. On les perd de vue, personne n'attend.
30 bornes plus loin, on passe sous le nez de 2 voitures garées sur une dune. C. Puthod s'arrête un peu plus loin. On attend nos
collègues 1h. Les autochtones nous repassent.
On arrive au bord d'un vaste effondrement dans lequel on plonge sans état d'âme. Le début est bon mais lentement il se
transforme en piège. Tout le fond est horriblement mou, il faut tirer sur les tripes du Land. Les traces sont inutilisables, C.
Puthod se plante et on se retrouve tous un peu essoufflés sur le bord Sud légèrement dur.
Un Erg se forme lentement, et nous restons dans un corridor très mou. Une sebkra pleine d'arbres nous offre un peu d'ombre. Je
suis sûr d'être dans un cul de sac, très fâché de ne pas voir
Temet.
Je n'ai obtenu que de vagues indications sur la localisation de ce coin, et j'ai l'impression que C. Puthod ne sait plus où
c'est. Les traces continuent, et nous aussi. Je ne peux pas croire que nous pourrons avancer plus de 300m dans ce décor
complètement fermé.
Les bord du corridor montent de plus en plus haut. On aborde une chicane dans un fond d'oued raviné. Les arbres s'installent,
l'oued serpente joliment d'un bord à l'autre et la vallée devient absolument splendide. Le soleil joue à cache-cache pour
augmenter le contraste quand il se montre.
Nous trouvons 1 vieux Range et un Hj60 sous un arbre : Un guide d'Agadez (
Abal voyages, Warta Almoustapha tél.
227 44 02 91, BP 75
Agadez Niger, dit être le neveu de Mano Dayak) + chauffeur et cuisinier
accompagnent 2 couples, 1 Belge en fin de contrat, et 1 VSN.
Il est 15h, la lumière devient irrésistible, j'attaque la dune Nord en plein cagna. Je monte 300m en ¾ h, mais quel
décor. La dune sud-est éclairée de profil et l'ombre souligne tous ses festons. Je découvre la vallée qui longe le
Mont Gréboun, elle est très belle et attirante, je surplombe tout l'erg et sa lumière dorée me
rend fou. Photo magnifique de la
passe de Temet, avec le VSN en profil sur le sif en contrebas :
grand grand souvenir !
Le Belge me rejoint lentement, puis Vittorio et Lucia, puis le VSN. Le soleil tombe et il faut descendre. En bas, la sympathie
s'installe, Paolo et Vittorio achètent du gasoil (20l à Paolo et 50l à Vittorio !!!), le guide explique les formalités, la
feuille de route est indispensable et sans elle l'armée régulière ramène tout le monde à
Agadez pour 1 semaine de tôle avant éjection.
Au sommet de la dune, j'ai proposé au VSN de venir recharger sa batterie de caméscope vers le Land, ils viennent à l'apéro et
sont sciés par le matos. Ils parlent de la misère de
Niamey. C. Puthod fait l'article auprès du
guide et me demande une démo. Je promène
Warta dans OziExplorer, le moving map et le track log, mais il en est
triste car il pense que le métier de guide fout le camp.
Point 47, bivouac de
Temet
Carte IGN 1/1'000'000
Azaoua
jeudi 19 octobre
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Au petit matin, à la fraiche, je monte la dune Sud, 350m en 40mn. La lumière est laiteuse, ça n'a plus la même allure. Je
savoure une des 3 oranges embarquées pour ce voyage.
Après moult palabres, nous partons par le corridor entre la falaise et l'erg, plein Nord. C. Puthod craignait un passage
d'enfer, mais il n'en est rien. Au contraire, c'est une vallée splendide. Le vent se lève un peu.
Point 48, on sort du corridor et on débarque dans une grande plaine avec des blocs de granit gigantesques et bien ronds dans un
décor de vent de sable, ça va barder.
À fond dans le
Ténéré, tous les repères ont disparu, C. Puthod est en zigzag continue, le vent
forcit, le NautHilux essoufflé disparaît par l'arrière, ambiance dantesque
Point 29, c'est la
balise 18 de la pointe Berliet. Tous les cailloux alentour sont en jaspe vert
de gris.
Le point 50 ressemble tout à fait à une balise. À 350 km de la frontière, Christian D. pleure car il ne lui reste plus que 15l,
il attend qu'on lui en passe. Je lui passe 35l un peu plus loin, et 25l le lendemain. Nous sommes dans des conditions idéales
pour C. Puthod, je ne vois même plus la voiture de tête, elle doit être à peine à 500m.
Point 51, bivouac en
Algérie.
vendredi 20 octobre
Point 52, quelques dunes, ça fait 3 moutonnements. Il y a déjà eu un peu de pluie cette nuit, mais là j'ai quelques gouttes sur
le pare-brise, j'attends avant de mettre les essuie-glace, mais ça va peut-être se faire.
Point 53, goudron à
Djanet, sur la route de l'aéroport, qui est probablement 5 kil avant.
Nous débarquons vers 10h du mat. On se jette sur l'épicerie, j'y trouve du raisin, des citrons des tomates. Tout est calme. Un
peu de difficulté pour avoir les tampons police. Il faut revenir plusieurs fois. La douane est formidable. Je téléphone avec
difficultés, puis je me fais un restau très sympa avec Christian D. (en face des taxiphones). Cet indien, pour éviter de
décharger sa voiture, me fait transporter du gasoil et inonde mes coffres avec.
Très bon accueil à
Djanet, comme l'an passé. Les formalités jour de la prière, pendant la prière
du vendredi, la douane est revenue pour nous, la police est retournée chercher le gars du tampon. Ils ont vraiment envie que
nous soyons contents, et nous le sommes. On donne
Illizi comme itinéraire, croyant simplifier le
débat. Pas de chance. Un déluge s'est abattu sur le
Fadnoun, la route toute neuve est partie,
séduite par l'oued en crue. Nous ne pouvons pas quitter la ville avant plusieurs jours. On leur explique que nos bagnoles sont
braves, qu'on sera patient, qu'il faut voir ... Ça se tasse, mais on ne peut même pas faire confiance au désert, le voilà en
crue !
À
Djanet, mon compteur est à 2 258 pour 330l de gasoil (14,6 l/100) j'ai payé 4'000 dinars.
J'avais changé 500 balles pour environ 5'500, mais il me manque 1'000 DA, je ne sais pas où ils sont passés. Le gasoil est à
11,75 Dinard, le Dinard est à 9 centimes, donc le gasoil est à 1.05 Frf/l.
Je m'offre une douche à 100 dinars (9 Frf). C. Puthod traîne en ville, il n'est pas pressé de partir, il traîne à la terrasse du
bistrot, et se réveille lorsque je lui dis que la nuit tombe dans ½ heure. On tente de sortir, mais une tornade de vent et pluie
nous en dissuade vite. Il faut dormir en ville. C. Puthod propose le camping extérieur, Vittorio et les autres, celui qui est en
ville. Séparation.
Le proprio débarque avec son profil d'affairiste, et nous laisse la nuit gratos, C. Puthod est aux anges. Christian D. revient
car le camping du centre ne lui plait plus. Le camp est désaffecté et sale. Je monte la tente dans une cabane façon
Ihérir pour ne pas prendre la poussière et les bestioles qui tombent de la paillote, j'ai crevé
de chaud et bouffé de la poussière toute la nuit. C'est quand même quelque chose les voyages Puthod.
Point 54, bivouac au
camping de Djanet
samedi 21 octobre
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Avant de quitter la zone, on essaie de trouver
la vache qui pleure, mais sans succès. C'est nous
qui pleurons.
Point 55, on lâche le goudron. On a eu la pluie avant
Djanet, puis à
Djanet avec éclairs, tonnerres pendant la nuit, et maintenant en sortant il pleut encore.
Point 56, sur une dorsale des
Monts Gautier. On fait les canards, on se marre bien. J'explore 2
passes limites pour les Toys, on recule, on se plante, et je trouve un joli escalier en dévers, réservé à ceux qui ont leur 2ème
étoile. On trouve en face un joli bivouac intime et vaste, hérissé de chandelles, avec des gravures assez rustiques.
Point 57, bivouac de l'hirondelle.
dimanche 22 octobre
Une hirondelle tourne éperdument autour de nous et fini par se poser sur le plateau du Def' Elle n'a plus peur de rien. Je
m'approche lentement et lui tend quelques gouttes d'eau dans le bouchon d'une bouteille. C'est bien ce qu'elle attendait ! Elle
était quasi morte de soif. Quelques instants d'extase ...
On s'en va vers le
Kilian par de grandes plaines avec des cailloux raz, quelques passages un peu
encombrés. Puis nous trouvons de grandes plaines en sable dur, sans difficultés, mais aussi sans intérêt.
Il y a maintenant une putain d'ambiance, j'ai mis la musique, mais le
Kilian est encore un peu
loin, encore que je voie des dunes qui s'approchent.
On finit par trouver des dunes, courtes et molles. Peu de paysage. À midi, on piquenique sur une bosse, on voit manifestement
une belle piste qui passe à 200m au Nord, mais C. Puthod fait semblant de ne pas la voir, et on contourne tout le paquet par le
Sud.
Point 58, je rentre dans l'
erg Kilian. Mille excuses Antonio, il y avait des dunes et j'ai dû
écouter le turbo, mais vas-y maintenant, c'est à toi.
En fin d'après-midi, on se fait coincer entre l'erg et une dorsale rocheuse. Tout est mou. C. Puthod se jette dans l'erg avec
courage, mais à la sortie le NautHilux est absent. Je me dévoue après ¾h d'attente, et retrouve mon collègue dans une
galère d'anthologie. Malgré moi, mes conseils sortent avec la voix du commandement, et sont destinés à transmettre un peu de
vigueur à ce véhicule pitoyable.
Point 59, bivouac au bout du
Kilian. Coin superbe, le Sprite est pris sur le dernier dôme plein
Ouest, grosse lunettes, fauteuil, walkman avec Antonio. Vittorio part en jogging, et se métamorphose en puceron insignifiant
dans le décor.
lundi 23 octobre
Point 60, au Nord d'un beau bitard avec du sable. On commence à s'immiscer dans un massif, avec des montagnes un peu partout.
Juste après le point 60, C. Puthod s'immobilise et sort les jumelles. 2 Toys nous foncent dessus et nous encerclent à fond la
caisse. Mitrailleuses braquées, 6 hommes par voiture, c'est l'armée qui veille. Ils ne cherchent pas le contact, et on est
obligés de leur courir après pour leur dire bonjour. On continue. Ils sont logés en 2 voitures pour 20 bonhommes, très légers et
très mobiles, ils sont sans doute de temps en temps ici et ailleurs, n'importe où
Point 61,
Monts du Métal par le travers.
Beaucoup de longueurs interminables, on accroche un oued assez roulant. Je commence à entendre ronronner mon train arrière. En
arrivant sur le plateau qui borde le
Tin Tarabine, j'emmène C. Puthod pour lui faire entendre ce
bruit. Rien.
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Point 62,
arche au bord du Tin Tarabine, belle dans sa solitude.
Beaucoup d'angoisse, j'ai un affreux bruit dans le pont arrière, je me demande ce que c'est, peut-être un roulement, ou la
pignonnerie. C'est venu lentement, puis tout d'un coup j'ai entendu le pont arrière croquer quelque chose – bruit très
désagréable. Je me suis mis à 20 km/h. J'ai mis 2 fois le cric pour écouter. La deuxième fois le bruit de casse a disparu, et
j'ai pu rejoindre le bivouac à 60 km/h, mais j'attends l'explosion à chaque instant.
Point 63, bivouac. Forte discussion. Il y a des partisans d'ouvrir. Et moi je ne veux pas. Il me semble que la rémission est
possible, et démonter juste pour voir ne me plait pas. Je tiens tête à tout le monde, et je fini par expliquer à Vittorio que
j'ai compris ce qu'il voulait, mais qu'il lui reste à comprendre ce que moi je veux. La discussion s'arrête là. Je sais qu'en
cas de casse je peux désaccoupler le pont arrière, mais que je ne ferai plus rien en sable. C. Puthod est incapable de me
décrire la suite, Il lui semble qu'il y a du sable dans le
Tadant mais ...
Ma décision est prise : rejoindre le goudron au plus près ! C. Puthod ne m'est d'aucun soutient, il attend calmement que je me
tire ... Je n'ai rapidement aucun espoir qu'il m'escorte jusqu'au goudron. C'est sa façon "d'assister" ses clients : chacun sa
merde. J'ai du mal, mais je prends la décision d'y aller seul.
mardi 24 octobre
Lever maussade. J'allume OziExplorer de bonne heure et je calcule les distances de sortie. 150km jusqu'à la
piste Tamanrasset - Ingezzam, 220km pour
Tamanrasset, 1'800
jusqu'à la
frontière Tunisienne ... Je roule à l'économie. Je me gare dès qu'il y a du sable et
j'attends que mes collègues reviennent de leur visite de la Tagrera que je n'ai pas osé faire.
Lentement l'évidence émerge : le Land n'est pas mort, mais je ne peux lui demander de faire le
Tadant, le
Serkout, et d'aller hors-piste à
Bel Gebbour. Je dois rentrer par
Tamanrasset... Il me reste à
obtenir des infos de C. Puthod pour rejoindre
Tam.
Je fini par être précis. La piste dont il me parle n'est pas dans mes documents, celle dont je lui parle contourne
Tin Tezedjnet par le sud et qui est dans la Michelin, n'existe pas selon lui, donc je veux qu'il
me dépose sur une piste claire. Il m'accompagnera jusqu'à trouver une piste.
Christian D. propose de m'accompagner. Partagé entre lui flinguer le reste de son voyage et le soutient qu'il me propose,
j'accepte volontiers sa proposition.
Nous sommes alors dans la
Tagrerra, probablement dans sa partie la plus somptueuse au Sud
d'
El Ghesour, la lumière est splendide, quel dommage ... point 65, aiguilles magnifiques, il se
décide enfin, je quitte le groupe. je bâcle les adieux, et 30 mn plus tard, on trouve la piste par
In Abegui. Elle est balisée par des fûts de 200l, mais les traces ont plusieurs dizaines
d'années.
Point 64, point sur piste fixé avec OziExplorer contre l'avis de C. Puthod.
Au moment de me lâcher, C. Puthod me suggère de bivouaquer dans les aiguilles qu'il a vues le matin, et qui nous tendent les
bras. Je suis trop tendu pour l'envisager, c'est dommage. J'ai besoin d'éprouver ma nouvelle solitude, de bouffer du km, de me
rassurer sur l'état du Land, de me rapprocher d'une trace de vie.
Je fonce à 80 km/h dans l'oued
Tagrerra sans rien voir. Au bout d'un moment je fais une petite
concession, un détour de 100m vers une arche trop petite. Je me force à la photographier, mais le cœur n'y est décidément plus.
En fait, je rentre. La piste est vraiment très facile, elle fait un large détour SW pour éviter une zone de sable et d'aiguilles
de 25 km, puis elle saute un petit col mou et le décor devient plus sévère. Plus de sable, mais des cailloux, plus d'aiguilles
mais des bosses et des ornières.
Je me rassure sur mon Land, je l'éprouve, je me dis qu'il va rentrer. Christian D. suit de loin. Au moment du bivouac, il
suggère une montagne à l'horizon. Elle me paraît inaccessible, à 15 km. Je fais l'effort. Caillasse, fond d'oued, hors-piste
sévère que je vis comme une épreuve. On aboutit à un sablé convexe qui nous dissimule, à condition de rester dans la pente.
Christian D. y tient, je m'installe. Je pars chercher deux gros blocs à mettre sous mes roues pour dormir horizontal.
J'en empoigne un et je découvre alors une hache polie dans une pierre locale, gris sombre avec des reflets verts, voir bleu. Je
repose mon bloc et ramasse la hache.
Je félicite le Djoudjou pour l'accueil, et à 10 cm de la première je trouve une 2ème hache polie plus petite, même forme, même
pierre, mêmes félicitations. Je remue tout le pierrier alentours, Christian D. aussi, mais en vain.
Point 66, bivouac en remontant sur
Tam.
Carte IGN 1/1'000'000 Tamanrasset
mercredi 25 octobre
On rejoint la piste facilement en 3,5 km par un petit oued dégagé, je me libère de quelques fantasmes. La piste, toujours aussi
peu fréquentée nous propose quelques épaves de 30 à 50 ans. Elle devient floue, les fûts se dispersent, j'ai besoin de beaucoup
d'attention pour ne pas la perdre. Puis elle se borde de cailloux des 2 côté s, tirés au cordeau, ça sent le travail du
colonisateur.
Point 67, jonction avec la
piste d'In Guezam, sans cérémonie, juste une ruine minable en plots
de 4 m2. La piste se déroule dans un oued boisé très agréable. C. Puthod m'a raconté de telles horreurs, que je suis inquiet de
rencontrer quelqu'un. Ça se produit quand même, je serre les fesses, je surveille le rétro ... mais tout est OK
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Point 68, goudron, à 53 km GPS de
Tam. Le goudron est une délivrance, mais courte. Il est
tellement dégradé qu'il faut circuler dans le sable à côté. À l'entrée de
Tam, Christian D.
trainasse. J'ai bien compris qu'il fera tout pour acheter des œufs à
Tam. Je lui dis que je suis
d'accord et qu'il est libre, mais que je ne l'attendrai pas et qu'il peut toujours me rattraper sur la route Nord.
Je traverse Tamanrasset à 15 km/h. Tout est calme et propre. Des flics en grand uniforme bleu et blanc font la circulation. Je
pers Christian D ! je sors et prend le Nord calmement. Au moment du piquenique, je retrouve Christian D. dans le rétro : il n'a
acheté que du pain et a filé aussitôt. Je suis encore sous le coup des mauvais présages de C. Puthod qui voit des bandits dans
chaque être humain. J'ai fui Tam bêtement. J'aurais dû m'arrêter dans un bistrot vu à l'angle d'une rue, j'aurais dû prendre
l'Assekrem, j'aurai dû croire à mon Land ...
On se fait virer sèchement du piquenique par 2 militaires en armes venus nous dire en rigolant que le commandant ne rigolait
pas. On décroche pour se cacher plus loin dans un oued. Route sans histoire, goudron propre dans cette zone, police à
In Amguel. On bivouac dans un joli oued herbu à 120 km d'
In Ecker
(centre colonial Français des expériences nucléaires, hyper pollué ...) et 80 km d'
Arak
Point 69, bivouac des gazelles.
jeudi 26 octobre
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Gorges d'Arak à la lumière du matin. Splendide. Je n'ai même pas le reflex photo. Les pluies
récentes ont tout défoncé. En bas je remarque une grosse bête, lourde qui cavale à 45° de la route pour passer devant moi. C'est
un
mouflon avec une barbiche qui traîne par terre. Il courre assez lentement, les 2 pattes avant plutôt raides,
ce qui l'oblige à secouer fortement la tête, c'est très typique.
Contrôle de l'armée à
Ara. Discussion sympa avec le préposé. Ils ont capturé une petite gazelle
la veille. Elle est derrière le grillage, elle a à peine quelques semaines.
Le goudron se dégrade sérieusement. La chaleur monte. À midi on de promets de piqueniquer sous le prochain arbre que l'on trouve
120 km plus loin. À 500m du goudron c'est immonde. On se barre pour rêver d'un restau à
In Salah qu'on atteint vers 15h. On remue le bled qui est sale, sans succès. Même Christian D.
renonce. On se tire, on mange sur le pouce dans une culture face à l'aéroport. Et on continue.
Pas longtemps. Le barrage nous stoppe. Il faut attendre le convoi demain matin.
Nous sommes à la fin de la guerre civile avec le Front Islamique : la police ne prend plus aucun risque, surtout pas avec les
étrangers ! Rien à faire. On retourne en ville, on s'inscrit, on essaie d'amadouer l'inspecteur. C'est foutu. On va se perdre
dans l'oasis. On visite le souk, très animé, surtout des légumes. On s'installe au bistrot, et en faisant du change, on fait
connaissance avec le patron, un ancien fonctionnaire qui a fait de la tôle pour corruption – mais injuste –
Baratineur intarissable, il finit par nous inviter à son fast food, à côté de sa salle de jeux ...
On fait connaissance avec le préfet qui achète des gâteaux pour sa fille, tout baigne. Il nous conseille d'aller dormir vers le
barrage pour être sur place le lendemain. Ce que l'on fait.
vendredi 27 octobre
Lever à 6h30 pour ne pas rater le départ. À 7h personne. À 8h non plus. Vers 9h le planton nous conseille d'aller en ville. On
trouve l'inspecteur qui nous conseille de remonter par la route de Regane (détours de 450 km). Christian D. développe son
argumentaire "plus d'insuline pour Marylène", et Marylène rouspète chaque fois qu'il lui dit d'exhiber sa pompe à insuline pour
faire fléchir l'adversaire.
On cherche le préfet qui se cache et nous envoie chez les militaires. On fait le siège devant la case du colonel qui se pointe
au bout d'une heure. Il a l'air fâché d'apprendre qu'on existe. Il dit que c'est le préfet qui doit trancher. Il se décide enfin
à aller le voir. On arrive juste au moment où le préfet se tire ... En ½ seconde ils nous ont dit de nous barrer sans convoi.
C'est vraiment des pourris de merde. C'est vraiment une soupe de merde avec des papiers de trou du cul.
On est monté sur le
Tademaït, formidable plateau défendu par une falaise immense, et maintenant
je circule dans les flaques d'eau ce qui est un peu hallucinant. Il a dû faire un bel orage cette nuit. J'ai l'explication des
éclairs que je voyais hier soir depuis le barrage. Je me fais les flaques comme un gosse, juste pour les éclaboussures. La route
est bonne. La liberté retrouvée est savoureuse. Beau panorama en arrivant à
El Goléa, très belle
oasis vue de dessus.
Barrage. Il faut s'inscrire à la police en ville. Il faut rouler en convoi. On se précipite. Gasoil sans problème. Police sans
problème, c'est l'armée qui organise les convois, juste en face. Impossible de rentrer à l'armée. On discute avec l'adjudant.
Impossible. Christian D. sort le grand jeu de l'insuline, Marylène va mourir, on va téléphoner à l'ambassade ...
Il nous envoie à la gendarmerie. Défense d'entrer. Peu de palabres. Impossible. On retourne chez les militaires et on commence à
faire du bruit. Le ton monte de part et d'autre. Le capitaine, sans nous parler ordonne à la gendarmerie de nous convoyer sans
délais. Retour chez les gendarmes qui se préparent sans mot dire. Casse-croûte sur le pouce, un gendarme nous donne du pain
frais, un autre une boîte de conserve de fromage en pâte. En jouant avec mon téléphone, j'atteins
Villard, et la situation est cocasse car je décris la manœuvre en temps réel. Je raccroche pour
sauter dans la voiture.
Les gendarmes ont sans doute été un peu énervés car on se retrouve à 120 km/h, 1 HDJ devant et 3 derrières, 5 hommes en armes
dont l'un saute avant chaque arrêt pour couvrir le convoi. Le barrage est franchi à fond au gyrophare bleu, ce qui ravit
Christian D. : c'est son plus beau souvenir de vacances. Ils nous jettent au poste suivant d'
Hassi Fahix, fin de leur zone.
Il est passé minuit. Branle-bas de combat dans le petit poste, discussions fébriles, croyant au prochain convoi on répète que
Marylène va mourir, on réveille tout le monde au téléphone, et ... on est libres.
Pour ne fâcher personne on fait mine de continuer. Et 10 km après le poste on se planque dans la végétation. Nuit froide et
humide, j'ai monté la tente. La route est bruyante. Point 70, bivouac
samedi 28 octobre
Levé de bonne heure on reprend la route. Barrage. On nous envoie au poste. Je les trouve bizarres. Questions sur notre bivouac.
Ils ont été prévenus au téléphone cette nuit et ne nous voyant pas arriver, ils ont réveillé le commandant qui se ronge les
sangs depuis car c'est une sale histoire : 3 touristes disparus dans sa zone, quelle malchance. On se barre de cette ville de
fous.
La circulation devient plus dense, et à 50 km au Sud de
Ghardaïa je croise un chasse neige. Un
bel Unimog avec une lame en travers, qui ne va peut-être pas si mal pour le sable sur la route. Ça fait un choc.
Point 71, carrefour
Ghardaïa Ouargla
Arrivé à
Ouargla semblable à celle d'
El Goléa, vue splendide sur
la palmeraie avant la rupture du plateau. Poulet frite à
Ouargla dans une ville besogneuse, très
occidentale. Très beau décor vers la sortie, grandes dunes, lac bleu profond dans un écrin de palmiers, flamants roses ...
J'abandonne Christian D. À
Touggourt, impossible de l'empêcher de monter sur
Alger. Je le retrouve à
El Oued. La zone est calme, mais il y a
un barrage à chaque brin d'herbe.
Je prends 3 stations-services entre la douane et El Oued au cas où
Point 72, station-service de
Débila
Point 73, station-service de
Hassi Khalifat
Point 74, station-service de
Taleb Larbi, juste 100m après la douane
Formalités cool à
Taleb Larbi. Christian D. À perdu sa déclaration de valeur. Il signe une
déclaration sur l'honneur ...
Idem à
in Azaoua
Hôtel à
Nefta. Christian D. enferme ses clés sur son siège. Séance de pêche à la ligne avec un
matos d'enfer. La douche est Tunisienne, c'est à dire déglinguée. Je noue la pomme d'arrosage avec mon slip ...
dimanche 29 octobre
⏯️
Réveil en douceur. P'tit déj. Cool. Je parle bateau, horaires. Je ramasse un No de téléphone sur le billet des Christian D. A
8h20, j'apprends qu'il y a un bateau cet après-midi 15h, et plus rien jusqu'à mercredi. Je bise Marylène et saute dans ma
voiture. Départ 8h30. Après ses bruits du
Tin Tarabine, mon Land se transforme en voiture de
course. 5h pour 520 km ... J'ai 1h d'avance.
lundi 30 octobre
Marseille, son port en travaux, sa douane inefficace, son autoroute déviée, quelle joie de
retrouver son pays. C'est quand même plus moral de râler contre l'organisation de son propre pays plutôt que celui des
autres.
À droite, c'est la vidéo de ce que j'ai manqué filmée par les copains.
Une fois à Villard, je prends contact avec le garage Ducros qui ausculte mon beau Def' : Il le monte sur le pont et trempe le
doigt dans l'huile de pont arrière et le ressort tout brillant de paillettes métalliques magnifiques ... les jours, sinon les
minutes du pont arrière étaient comptées ... Merci à toi Oh Grand Djoudjou, car sans toi rien n'est possible ! tu me l'as montré
de nombreuses fois dans ce voyage.