samedi 24 avril 1993
C'est parti. Il est 9h50, quelles sont vos impressions mademoiselle Manette ?
- Ben ... vous me ramènerez du sable et puis voilà !
On retrouve l'équipe sur le port de Gênes, mais pas de Denis. L'embarquement va se terminer,
et Denis arrive au dernier moment : il souhaitait acheter son GPS moins cher sur le port, mais n'a pas réussi.
dimanche 25 avril
17h40 à Tunis après une super douane en un quart d'heure, on était les premiers, quelles sont
vos impressions madame ?
- C'est bien, ça s'améliore. Tunis, la Goulette 21h50 locale, on vient de manger le chiche kebab à
Bouficha, on a acheté des clémentines, et on repart.
22h50, Kairouan, on tourne sur Gafsa
lundi 26 avril, 1h10 au petit matin, on rentre dans Gafsa,
tout va bien à bord.
2h25, Tozeur
2h45, on vient de passer la douane sous le porche de Nefta
3h55, on vient de passer Hazoua, formalités simplistes mais lentes, (30 minutes) Tunisiennes
comme elle dit la dame.
Et maintenant vive l'Algérie
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6h30, on vient de finir la douane Algérienne, c'est extraordinaire (? ...) mais Kiki et le
Papé restent coincés : plus de cartes touristiques, il faut attendre la relève de 8h.
9h35, nouveau départ après 4h30 d'attente, soit 5h pour les 2 douanes. Taleb Larbi, douane Algérienne, Les douaniers ont obligé Michel à changer de l'argent, et
comme ils n'avaient pas 1000 dinars en caisse, ils l'ont obligé à prendre son assurance, et ils ont refusé de faire le change
pour Dominique qui était avec lui. Et nous on est passé sans assurance ni change.
Hassi Kalifa, 10h50, El Oued, on file sur
Touggourt. On n'a trouvé ni change, ni assurance à El Oued, apparemment il faut aller jusqu'à
Touggourt pour ça.
Depuis ce matin, on évolue dans un fort vent de sable, avec des dunes un peu blanches, moyennes, genre dunes de
Sabria.
À 30 bornes de Touggourt, il y a des palmiers partout partout, assez clairsemés, mélangés à
des dunes blanches, exactement comme à Kebili. Midi, on est à
Touggourt, le GPS a l'air correct.
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Enorme vent de sable, brouillard intense, chaleur épouvantable. Assurance pour 20 jours : environ 230 dinars (Michel a payé
700 dinars à la douane ...)
On mange dans un petit bistrot local, salade, poulet, ragout de mouton ... J'ai eu 1037 dinars pour 250FF, dont 37 dinars de
frais Square Bresson. il est 17h25, à Hassi Messaoud, pompe à
essence.
mardi 27 avril
8h50, on décolle d'Hassi Messaoud assez lentement, le vent de sable nous a fait coucher à
l'Hôtel Pétrolier, fantastique hôtel Algérien comme elle dit la dame, un petit peu de vague à l'âme.
Le taulier a failli nous refuser hier soir, puis s'est ravisé, il a vidé les affaires d'un client parti pour une semaine sur
un forage lointain pour nous loger dans sa piaule ! Horrible, c'est la seule fois de ma vie où j'ai remis mes chaussures
avant de rentrer dans la douche, tellement c'était dégeu ! Ce matin le temps est largement meilleur, encore un peu venté mais
nettement moins chaud.
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Gassi Touil, pompe à essence. le vent de sable se lève lentement, le ciel est plombé, et les
kilomètres ne passent pas très vite
13h55, après un majestueux couscous avec de l'eau glacée, à Hassi bel Gebbour, on repart
maintenant en direction de notre petit erg.
il est 14h55 on passe à Bordj Omar Driss, à la grande antenne.
il est 15h10, on vient de sortir du goudron, après plusieurs discussions, il fait un temps très moyen, on a un peu
d'hésitations avant de partir, on ne sait pas vraiment où on va.
Les 3 voitures et la moto sont devant l'erg, la 1ère dune nous menace de toute sa hauteur, les moteurs sont au ralenti dans
l'attente de l'assaut du chef. Mais Denis, sans GPS, hésite vraiment dans un silence monacal. Après un temps interminable, le
doute commence à s'installer, je me dis que Denis ne va pas y aller, que nous avons fait tous ces km pour finalement
abandonner, et c'est insupportable ...
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N'y tenant plus, je cale ma 2ème courte, fais monter les tours et lâche la bête contre l'Obstacle. Ma préparation m'avait mis
un point GPS au centre de chaque gassi, à moi de trouver le meilleur axe pour franchir. Le Def' escalade la pente, je
surveille à l'oreille le régime moteur pour déceler la 1ère faiblesse de mon Def' ... le sif s'abaisse, puis disparait entre
les roues et je bascule de l'autre côté de cette dune d'à peine 20m qui a cédé sans luter ...
Je fais atterrir le Def' dans le gassi plus loin, je descends et me précipite pour appeler mes potes, mais ils sont tous déjà
là. Pourquoi avons-nous tous été si impressionnés ? Mystère. Pour repartir, j'attendais que Denis passe devant, mais tous les
autres attendaient que je me lance.
On est déjà dans une espèce de plat assez vaste, on continue sur un cap 209, alors qu'on devrait faire 184
mercredi 28 avril
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mâle du genre Cerbalus (famille des Sparassidae)
départ à 8h05, on vient de voir 2 araignées assez magnifiques, on s'avance lentement, le ciel est plombé, pas très beau
À 8h37 on rentre sur un beau gassi, beau passage assez simple, assez proche du cordon de dunes, en le longeant et le laissant
à gauche
On rattrape un grand gassi, très facile et ample. Là il faut changer de bord du gassi, et rester carrément à gauche, à droite
il y a des cailloux super coupants, c'est l'horreur. Rive gauche du gassi. On prend pied sur le grand gassi à 9h29 Grand gassi, On longe le gassi, sur la bordure.
11h34, après un bon petit casse-croûte, on continue à longer le gassi.
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11h 49, on est sur un forage pétrolier, à 2,5 km avant de quitter le gassi pour le sud. Alors le forage je peux dire qu'il
est abandonné, j'ai la permission.
13h07, on trouve de belles traces.
15h46, après un long long piquenique mais bon (sieste etc..)
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L'après-midi s'écoule lentement, la lumière est superbe, on fait les ânes sur un tertre d'argile, on flâne à flanc de coteau,
on se lance des défis dans un nombril, on installe le camp de bonne heure et en terrasse.
jeudi 29 avril
8h24, temps superbe, ambiance fantastique. Jeu de bosses avec la moto, découverte de haches en silex, de plats en pierre
polie
Joli col.
piquenique à l'angle d'un gassi, sous la bâche. J'escalade une dune stratégique, on repart lentement, Jean-Paul nous montre
une belle descente, je m'acharne au fond d'un gassi nombril, on s'alonge sur une terrasse en fin d'après-midi. Je monte voir
le coucher de soleil sur une grande dune. On cherche et on trouve une nouvelle terrasse donnant à l'est pour la lumière du
matin.
vendredi 30 avril
Au pti déj', Denis lance l'idée de s'enhardir un peu. Il a vu sur la carte IGN 200 000ème, une
belle oasis bien verte (c'est un dessin d'artiste, pas une carte !). On se met d'accord, on
va y aller.
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J'ai besoin d'une 1/2h de calculs pour modifier l'itinéraire. Je me suis fait des cartons en triangle, étalonnés par type
d'échelle de carte, pour estimer les coordonnées à partir d'une carte, mais ensuite, je dois rentrer chaque point à la main
dans le GPS. Je n'ai pas encore OziExplorer ni Google Earth à dispo ! Départ à 8h29, on va essayer d'aller voir cette oasis,
on a fait un super bivouac sur une belle terrasse bien exposée, le temps était un petit peu plus brumeux, mais quand même
assez beau, et déjà très chaud. On navigue un peu à l'estime.
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La descente vers l'oasis commence bien, larges gassis, faciles, puis les dunes s'élèvent et se ramollissent au point de nous
faire prendre conscience que le retour serait difficile par ces passages.
Très concentré, j'enchaine les passages en suivant ce GPS compliqué, sans me rendre compte que j'ai semé mes collègues ...
Lorsque je m'arrête : plus personne. Perché sur un sif, je sors les jumelles pour retrouver ma trace et peut-être mes
copains. Toujours personne. La solitude de l'erg me tombe dessus d'un coup sec, et je commence à regretter cette chevauchée
solitaire. Les dunes, que j'ai pourtant franchies facilement, me paraissent terribles, et je découvre la TROUILLE. Plantages
nombreux, Michel casse sa sangle en tirant Denis enfourché sur une crête.
On se rassemble enfin pour découvrir que l'oasis n'est qu'un gassi plutôt petit et très noir, très chaud. Je suis tendu,
inquiet de trouver une sortie. J'ai totalement perdu confiance et n'ai plus qu'une idée en tête : fuir de là et reprendre la
trace initiale.
On repère sur la carte un gassi remontant nord-est. Tout le monde remarque que c'est la première fois qu'il n'y a aucune
trace, ce qui ne détend pas l'atmosphère.
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Le gassi se remonte finalement bien, on piquenique après s'être assuré de la sortie vers 15h, sous la bâche par fort vent,
tout le monde pendu aux tendeurs. On se détend un peu dans une mare de fech-fech blanc, et on rejoint l'itinéraire vers le
soir au bout d'un gassi interminable et noir.
Bivouac au bout d'un très long gassi, petites dunes, cailloux épars, que Michel compare - à tort - avec une décharge
publique
samedi 1 mai
Bel éclairage, dunes basses mais molles, sable jaune clair, passages qui semblent anodins mais qui ne le sont pas, la
dernière barrière avant la sortie est une belle montée, couronnée par un jeu d'entonnoirs dont certains infranchissables.
Jean-Paul nous trouve une traversée en dévers, Michel improvise et se retrouve dans un entonnoir dont personne ne le voyait
sortir. Le sable dur lui permet de prendre un tour d'élan comme au manège, et de sortir à la première tentative.
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La piste marquée sur la carte est bien au rendez-vous, nous longeons plutôt le bord pour rester à 50 km/h sur le sable, mais
après 30 km et trop peu de points GPS nous entrons trop au sud dans une galère de cailloux, puis de sables franchement mous,
errant d'une mauvaise trace à l'autre, pour aboutir sur l'ancienne piste In Aménas-Illizy et
rejoindre le goudron nettement au sud de Tin Marzoukine.
piquenique à l'ombre d'un acacia, large sieste, descente sur Ilizy par une lumière fabuleuse, alors que les arbres défient
les dunes dans un concours de beauté. Arrivée à Ilizy au soleil couchant. Gasoil facile,
shampooing au robinet du pompiste, Denis change 100 FF pour 900 dinars.
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On découvre 2 allemands en train de négocier un dépannage. L'un d'eux, après avoir traversé
Isaouane d'In Aménas vers
Hassi Tabelbalet, a planté son Mercedes 300G sur une petite dune (décollage vitesse) : pont
avant affaissé, traverse du châssis soutenant le moteur tordue. La voiture est immobilisée à 160 km au nord-ouest, à 3 km de
Tabelbalet en rentrant dans l'erg.
Denis et Muriel remuent toute la poussière des rues d'Ilizy pour trouver du pain, pendant que
Michel et Kiki la remue pour des cigarettes. On repart à la nuit tombée, cherchant la piste à tâtons, pour s'égarer à 14 km
du départ dans un cratère de lune. Bivouac, pastis, bourbon.
dimanche 2 mai
Beau temps. Le GPS nous donne 4 km trop au sud de la piste. Un optimisme béat nous fait croire qu'en quelques minutes de
hors-piste nous allons nous retrouver. Dès la première crête nous prenons conscience qu'hors des traces, il n'y a pas de
salut. Les traces nous emmènent de plus en plus au sud.
Nous décidons de retourner sur Ilizy. Jean-Paul nous trouve une trace qui passe au nord et le
GPS nous confirme la piste. Beauté immédiate dès l'oued Adjanadjane, alternance d'oueds
sablonneux et de montagnes rocailleuses, belle végétation. Beau plantage châssis du Defender pour aller filmer de beaux
arbres (4 plaques + cric'air + pelle à neige...). Quelques chameaux isolés à l'ombre d'acacias.
piquenique chaleureux sous un bel acacias, traque d'un moula-moula (porte-bonheur), sieste. Dès la reprise une gazelle
démarre à droite, traverse devant le Defender qui se dit qu'il peut suivre une gazelle. Hélas, Martine ne filme que ses pieds
ou le plafond, et ne parvient à se stabiliser sur le pare-brise qu'au moment où le Defender battu laisse filer la bestiole
sur la crête à l'horizon. Martine trouve que mon style de conduite n'est pas toujours compatible avec le style qu'elle
voudrait donner au film.
Reprise plus calme de la piste qui s'étire le long de l'erg. Grand chott d'argile craquelé, végétation variée (Calotropis ?).
Rencontre de Touaregs dont le camion est en panne depuis une semaine, boite à vitesse
cassée. Ils ont été chercher un ensemble boite embrayage identique (c'est à dire même état ...) et tentent l'échange
standard. La pièce est trop grosse pour glisser sous le châssis, et sans possibilité de soulever le camion, il ne reste que
la solution de creuser une fosse dessous ! Nous les aidons à la tirer le morceau à la corde en creusant le sable avec les
mains.
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Plus loin, nous retrouvons nos 2 allemands qui errent dans leur Toyota camionnette PZJ 45 à la recherche d'un camion bleu.
Nous leur indiquons qu'un camion bleu s'occupe déjà de Touaregs dans un camion blanc un peu
plus loin.
Photos de dunes et d'acacias. Michel et kiki nous doublent sans nous voir. Jean-Paul les rattrape juste à temps pour prendre
le raccourci de l'oued Samene. La lumière et les plantages furent grandioses. Après avoir
extirpé le Hilux avec 2 cordes sur le Patrol et le Defender, grand jeu de plaques autour du Papé envanellé sur une étagère et
Denis enchorbatté dans un petit creux.
Les allemands qui suivent un camion bleu à 1 m passent dans le soleil couchant en ignorant notre raccourcis. Bivouac, pastis,
bourbon ...
Variante de l'oued Samene.
Bivouac du dimanche 2, soir, au milieu des dunes après un plantage monstrueux, tout près de l'oued Samene
lundi 3 mai
Départ 8h07.
9h49, Hassi el Adjadj. Les Allemands nous rattrapent au puits. Hassi Tabelbalet, Tempête de sable, les Allemands nous rattrapent au puits, toujours le nez
dans la poussière du camion bleu
Montée empierrée sur la dune.
12h56, entrée du sable pour la Gara Kanfoussa.
piquenique. Relief facile mais sable mou. Les moteurs tirent. Plantages, plaques, l'itinéraire GPS zigzague inutilement. Une
conférence avant la dune finale nous fait changer d'itinéraire pour rester le plus possible dans l'erg (déjà la nostalgie ?).
30 km de saute-mouton. Le Defender éjecte un lot de gobelets par la fenêtre latérale lors d'une figure sur une crête oblique.
Atterrissage en travers très impressionnant pour les spectateurs et la passagère. Un peu plus loin, belle trace
d'atterrissage en pointillé alterné au dos d'une dune. Le ton monte dans l'habitacle.
Bivouac lundi 3, soir. Beau nombril rose sur un flanc de dune, à la belle étoile.
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mardi 4 mai
La première dune est en fait une barkane molle infranchissable. Nouvelle modification d'itinéraire par l'ouest, plantage en
triplette, 3 voitures sur la même dune, 3 coups du même cric'air. Reprise d'une piste sans contrôle. Champ de cailloux.
Erreur.
13h25, on arrive au goudron :
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Les 4 chemins. On est tout étonné d'être là, on ne sait pas où on est, on se croyait plus
près de Bordj Omar Driss. Honte du GPS et de son manipulateur !
le 4 mai à 17h16, Source d'eau chaude d'Hassi bel Gebbour. Assez agréable, juste à
température d'un bain chaud
arrêt 19h30, on rejoint les dunes une dernière fois, pour un dernier nombril rose savamment choisi par Jean-Paul. Le vent de
sable se lève dès que l'on se couche (belle étoile). Bivouac mardi 4, soir, grand erg oriental
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mercredi 5 mai
Beau plantage pour s'extirper du nombril sans dégonfler. Frayeur à Hassi Messaoud où 3
camionneurs me harcèlent après m'avoir vu filmer une torchère : espionnage, interdiction de filmer les secrets industriels du
pays ...
Déjeuner au restau de la gare routière, patron Kabyle sympa. On trouve les roses des sables belles à la sortie d'Hassi Messaoud, même Martine veut en acheter ! le vendeur ne veut rien marchander, 100 dinars pour 3 roses (25 FF). Denis se prend une
pierre sur le montant du pare-brise à la sortie de Touggourt.
20h35 arrivée à la douane, sortie à 23h20 pas très glorieux, le type voulait me piquer ma carte Michelin, et en plus il
voulait qu'on embarque un touriste. Discussion pathétique avec un Algérien travaillant à Lille, et choqué des changements
qu'il a vu dans son pays.
sortie de la douane Tunisienne à 0h55, vachement sommeil, on va coucher dans la palmeraie
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jeudi 6 mai,
visites nombreuses dès 6h du matin, on filme la fécondation des dattiers, kiki troc une rose des sables contre un paquet de
cigarettes et une paire de chaussettes (propres ?), retour sur Hammamet, beau au départ de la
palmeraie, pluie ensuite et grosses inondations entre Gafsa et Kairouan (oueds en crues)
vendredi 7 mai
embarquement sur le Bihar, beau bateau, beau temps, belle plage arrière, bel anniversaire le soir, avec gâteau et champagne,
merci les copains.
samedi 8 mai
belle matinée chaude et ensoleillée sur la plage arrière du bateau. Arrivée à Gênes à 13h30
locale, sortie facile, sandwich au bar du port, adieux à 16h30
Une équipe est née, et les dieux lui donneront un bel avenir !